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Editorial de La Nouvelle Expression/Hommage à MFO : Oumère, « siraxé ndaga Sali wuno teyi »
La Nouvelle Expression - « Le la », « Mon Mercredi », « Mauritanides »… 2HM comme Hindou Mint Ainina, Habib Mahfoudh, et Mohamed Fall Oumère, trois rubriques, trois noms et trois journalistes…
Ils étaient de l’équipe de journalistes qui ont contribué à l’avènement de la liberté d’expression, précurseurs de la presse indépendante mauritanienne – des journalistes militants. Les deux (Habib et MFO) ne sont plus de ce monde.
Si Habib nous a quittés en 2000, 24 ans après, son frère MFO l’a rejoint. Leur vie était un combat pour la justice. MFO, c’était un visage rayonnant, un homme jovial quelles que soient les situations. La troisième belle et historique plume, c’est Hindou (qu’ALLAH la protège et la garde longtemps pour cette Mauritanie qu’elle aime tant).
MFO n’est plus. Il était un engagement pour l’expression de la justice et l’équité en Mauritanie.
Engagement pour la construction d’une Mauritanie juste et prospère.
Engagement par sa plume pour déconstruire les turpitudes de cette coterie d’élites qui pillent et triturent la Mauritanie.
Engagement pour la manifestation de la justice pour tous.
Engagement pour la dignité et l’honneur pour tous les citoyens.
Engagement pour une prospérité partagée dans une Mauritanie développée.
Jaloux pour le développement de son pays, la Mauritanie.
MFO était surtout une source d’inspiration, de courage et de détermination pour une Mauritanie juste et égalitaire. Un rassembleur. Chez MFO, chaque matin, le journal « La Tribune » était le lieu de rencontre, d’échanges entre des journalistes, politiques, élites et autres citoyens sur la marche du pays et du monde, d’une manière générale.
Je suis personnellement accueilli par MFO à chaque rencontre au journal La Tribune ou en ville par une phrase « Siraxé ndaga Sali wuno tayi » qui veut dire approximativement « Le maure est parti prier en se débarrassant de son pantalon ». Et cela, toujours en riant pour installer une atmosphère de convivialité empreinte d’une invite au débat du jour. MFO, le professeur, a découvert ou connu cette phrase en milieu soninké. Le journaliste connaissait bien nos communautés et la plupart de leurs us et coutumes. Des amis, il en avait partout dans toutes nos communautés.
Il a fait rêver et fait aimer à beaucoup la plume, l’écriture, la belle écriture mais aussi poussé les uns et les autres au courage d’écrire la vérité sans offenser. « Une vérité dite avec insolence ressemble à un mensonge », c’était sa philosophie et celle de son journal, La Tribune.
MFO, mon ami, mon maitre et inspirateur est parti. Tu es parti mais l’histoire retiendra positivement et cela d’une manière indélébile ton passage sur ce bas-monde. Toi que j’ai rejoint dès la création de La Tribune en 1996 où tu dirigeais une belle équipe (Oumar Moctar, Amar Fall paix à son âme, Sarr Lampsar…) ; j’y ai créé la rubrique juridico-judiciaire « Erga Omnes » (« A l’ égard de tous ») que j’animais.
Tu es parti, maitre, mais grâce à toi et par toi beaucoup vont continuer à écrire pour faire rêver et/ou instruire et contribuer à la construction d’une Mauritanie qui n’a rien à envier à ses voisins. Cette Mauritanie où comme tu le voulais, la vérité sera dite. Elle soignera ses citoyens et elle les fera manger en Mauritanie et par des Mauritaniens.
La vérité sera dite sur les errements et tâtonnement que tu as tant combattus mais aussi sur la bestialité de l’autre époque qui continue à plomber notre vivre ensemble. On se rappelle encore de la fosse commune de Sorimalé (l’écrit de ton ami Habib avait comme titre : « La terre accuse »), découverte par tes amis et toi, ainsi que tant d’autres atrocités, sans oublier d’autres actes d’indignations et comportements sangsues ou parasites de notre économie nationale qui ont mis à terre la Mauritanie, ce pays à l’abandon.
Ce journaliste dont tu incarnais toute la grandeur, était fondamentalement humain, toujours souriant, toujours accueillant. Tu avais une belle écriture pour la vérité et l’honnêteté de servir l’intérêt du public et non la curiosité du public. Tu étais un professionnel. Un homme agréable qui ne faisait et ne pouvait faire mal à personne.
Le papa de Toshi était un père de famille exemplaire ; la famille de la presse continuera à le pleurer longtemps.
A Leila, notre épouse, M’Bouss l’homme à tout faire de la famille éplorée, Hassan, …
Kissima, Mariya, Yedaly, Oumar, Djigo, Aboubacrine, Rachid Ly, Mohamed Ammi et à toute la presse mauritanienne, j’adresse mes sincères condoléances.
La perte de cet être cher, MFO, est incommensurable ; tout comme est immense cette disparition de notre ami, l’une des icônes de la presse indépendante mauritanienne.
MFO qui, comme feu Habib Mahfoudh, aimait répéter, à chaque fois que la mort, ce chemin inévitable frappait, « Les meilleurs partent toujours les premiers », est, lui aussi, parti.
Qu’ALLAH (SWT) l’accueille, lui et tous nos morts, dans son vaste paradis.
Innaa lillaahi wa innaa ileyhi raaji’oune.
Camara Seydi Moussa