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Quand le patronat s’écarte de ses priorités et surtout de son rôle ça donne la Charte Familiale de l’UNPM
Le Quotidien de Nouakchott -
La récente initiative de l’Union Nationale du Patronat Mauritanien (UNPM) visant à promouvoir une « charte de la rationalisation des cérémonies de mariage » soulève de nombreuses questions, tant sur son contenu que sur sa légitimité.
Cette démarche semble en effet s’éloigner des missions fondamentales de cette organisation, qui devrait plutôt se concentrer sur des enjeux économiques et de gouvernance liés à l’entreprise et au développement du secteur privé.
Un dévoiement des prérogatives du patronat
L’UNPM, en tant qu’organisation représentant les intérêts des entreprises et des employeurs, n’a pas pour vocation de s’immiscer dans les aspects culturels ou religieux de la société, tels que les cérémonies de mariage.
Ce type d’initiative relève davantage des prérogatives des organisations religieuses ou culturelles, voire des autorités publiques chargées de la régulation sociale. En s’engageant dans ce domaine, l’UNPM dévie de son rôle principal, qui est de défendre les intérêts économiques de ses membres, de promouvoir un climat d’affaires sain, et de contribuer à la croissance économique du pays.
Un texte mal rédigé et imprécis
Le texte de cette charte est non seulement mal écrit, mais aussi trop vague pour avoir une quelconque valeur contraignante. Les références religieuses, bien que pertinentes dans un certain contexte, sont ici utilisées de manière maladroite, sans qu’il y ait de lien clair avec les objectifs économiques ou sociaux que l’UNPM est censée poursuivre.
De plus, les termes employés manquent de précision et ne fournissent aucune orientation claire sur la mise en œuvre pratique de ces recommandations, ce qui réduit l’impact potentiel de cette initiative à presque rien.
Des attentes détournées
Ce que l’on attend du patronat, c’est un engagement clair et concret dans des domaines tels que la lutte contre la corruption, la promotion de la transparence, le respect des règles de libre concurrence, la maîtrise des prix, et le refus des pratiques spéculatives.
Ce sont là des enjeux cruciaux pour le développement économique du pays et pour l’amélioration du climat des affaires. En choisissant de se concentrer sur des aspects périphériques et en dehors de son champ d’action, l’UNPM donne l’impression d’esquiver ses responsabilités réelles et de se détourner des questions urgentes qui affectent directement les entreprises et l’économie nationale.
Une initiative déconnectée des réalités économiques
La promotion de pratiques culturelles ou religieuses, bien qu’importante, ne devrait pas éclipser les défis économiques majeurs que traverse la Mauritanie. Le patronat devrait plutôt mobiliser ses ressources pour lutter contre les dérives qui minent l’économie, telles que la corruption endémique ou l’absence de compétitivité. Ces problématiques ont un impact direct sur la stabilité économique et sur la capacité du pays à attirer des investissements étrangers, à créer des emplois, et à assurer un développement durable.
Un manque de contribution concrète
Au lieu de se lancer dans des initiatives symboliques sans réelle portée, on pourrait attendre du patronat qu’il mette en place des actions concrètes pour soutenir les jeunes mariés, qui constituent une partie vulnérable de la société.
Par exemple, la création d’un fonds pour aider à la prise en charge des nouveaux mariés, leur fournir un logement, ou leur octroyer des équipements de première nécessité, serait une démarche beaucoup plus en phase avec les responsabilités économiques et sociales du patronat. Ces actions auraient un impact direct et tangible sur la vie des jeunes couples, et contribueraient réellement au bien-être social tout en renforçant la cohésion nationale.
En somme, cette initiative de l’UNPM, bien qu’animée de bonnes intentions, s’éloigne des attentes légitimes vis-à-vis d’une organisation patronale. Elle détourne l’attention des véritables enjeux économiques et sociaux qui nécessitent une action urgente et coordonnée de la part des acteurs économiques.
Le patronat serait mieux avisé de recentrer ses efforts sur ses missions premières : défendre un cadre économique juste et transparent, promouvoir la compétitivité, et s’engager activement contre la corruption et les pratiques commerciales déloyales, tout en apportant un soutien tangible aux jeunes générations qui en ont réellement besoin.