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La Mauritanie n’accorde plus de bourses à l’étranger aux nouveaux bacheliers: les griefs des étudiants
Le360 Afrique - L’insuffisance des infrastructures universitaires et l’absence de filières notamment celles liées au pétrole et au gaz, sont les principaux griefs contre la suppression des bourses aux nouveaux bacheliers.
Ces reproches ne seraient pas exacts selon le ministère de l’Enseignement supérieur qui soutient que désormais la Mauritanie est en mesure d’assurer un enseignement de haut niveau à ses étudiants.
Les nouveaux bacheliers mauritaniens n’ont plus droit à une bourse pour aller étudier à l’étranger. Ce privilège est désormais réservé aux étudiants du troisième cycle.
Un conseiller du ministre de l’Enseignement supérieur, Mohamed Dahmed, a beau préciser que seuls 1% des bacheliers sont concernés, car seuls les majors des promotions avaient droit à une bourse d’études en dehors du pays, cette décision du gouvernement est fortement contestée par les étudiants et leurs parents.
Se conformant aux orientations gouvernementales, Mohamed Dahmed justifie une mesure qui répond à une évolution du contexte de l’enseignement supérieur en Mauritanie, marqué par de nombreux progrès depuis les années 2010. Cet officiel estime que «suite à la création de plusieurs nouvelles infrastructures universitaires, la Mauritanie est capable de former tous ses étudiants nouvellement bacheliers au pays.»
En revanche, Fatou Soumaré, étudiante, désapprouve totalement le gouvernement, «la décision est profondément injuste, privant les bacheliers candidats à une bourse hors du pays, de soutien. C’est triste de leur refuser la chance de pouvoir choisir certaines filières, après tant d’efforts fournis, alors que les autorités sont censées encourager l’excellence».
L’étudiante dit comprendre le souci de l’Etat de doter le pays d’universités et d’écoles de haut niveau, mais cette option ne peut en aucun cas justifier, selon elle, la suppression des bourses à l’étranger, du fait de l’absence sur la carte universitaire et des instituts nationaux de plusieurs filières.
Elle invite le gouvernement à revoir sa copie et redonner aux jeunes l’espoir de vivre leur passion dans la filière de leur choix, synonyme d’une meilleure contribution au développement du pays.
Amadou Sarr, professionnel de l’enseignement et parent d’élève, note des progrès sur la carte universitaire nationale marquée par la création de plusieurs instituts et écoles de l’enseignement supérieur ces dernières années.
Cependant, il juge inopportune la mesure gouvernementale, privant les nouveaux bacheliers de bourses étrangères, estimant que plusieurs filières de formation sont encore absentes du pays, aussi bien dans les écoles et que dans les instituts de Mauritanie. C’est le cas notamment des nouveaux métiers liés au pétrole et au gaz, dans un contexte d’exploitation de ces nouvelles ressources.
Aminata Soumaré, étudiante, exprime «son incompréhension» parce que le pays accuse un important déficit en infrastructures universitaires et en ressources humaines. Elle invite à la mobilisation de tous les acteurs de la filière, pour amener le gouvernement à revoir sa copie.
Lors de la session 2024, sur les 230.000 candidats inscrits, 27,23% ont décroché le BAC, un taux légèrement supérieur à celui de 2023 qui était de 25,73%. Selon l’annuaire statistique de l’Enseignement supérieur, ils étaient 1. 432 étudiants à avoir bénéficié d’une bourse à l’étranger en 2022-2023 contre 1.065 étudiants en 2020-2021. La Tunisie, le Maroc et le Sénégal sont les trois premières destination des étudiants boursiers de l’État mauritanien.
Par Amadou Seck (Nouakchott, correspondance)