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18-10-2024

07:54

Les syndicats de l’enseignement privé écrivent à Son Excellence le Président de la République

Objet : Plainte

Monsieur le Président de la République,

Avec tout le respect dû à votre haute fonction, nous, les syndicats de l’enseignement privé, après avoir emprunté de nombreux chemins et frappé à plusieurs portes, nous nous adressons aujourd’hui à vous pour vous soumettre cette plainte.

Monsieur le Président, comme le dit un ancien proverbe : "Tout ce que l'on souhaite n'est pas forcément à portée de main, et parfois même l'eau étouffe celui qui la boit."

Les Mauritaniens ont longtemps rêvé d'une école qui porte leur culture, unit leurs différences de couleur et de langue, et les façonne en une seule nation mauritanienne, égale dans les chances et prête à assumer ses devoirs. Vous leur aviez promis la mise en œuvre du projet de l'École républicaine, un projet ancien et difficile à réaliser en raison de son ampleur.

L'une des mesures prévues était de retirer le premier cycle de l'enseignement privé pour le confiner à l'enseignement public, une mesure qui aurait des effets positifs sur la vie des Mauritaniens, à condition que les conditions suivantes soient réunies :

1. La création d'un environnement éducatif garantissant que l'enfant mauritanien puisse bénéficier d'une éducation de qualité.

2. La disponibilité d'une infrastructure publique suffisamment capacitaire, qui permettrait de se passer de la participation du secteur privé.

3. L'existence d'un personnel qualifié, tant en termes de formation que de nombre, pour couvrir de manière qualitative les besoins des établissements publics afin d'atteindre l’objectif d’une éducation bénéfique.

Cependant, malgré la noblesse de l’objectif de l’École républicaine et les nombreuses difficultés qu’elle a rencontrées, et en l’absence des conditions susmentionnées, le projet a finalement déraillé. Au lieu de servir le citoyen mauritanien, il l'a desservi, ce qui s'est manifesté par les points suivants :

1. L'absence de transparence et de franchise dans la planification rationnelle des ressources humaines et matérielles, se limitant à une cérémonie d'ouverture de l'année scolaire qui proclame la préparation du secteur à assumer un rôle immense, alors qu'il reste accablé par des défis colossaux.

2. Le citoyen mauritanien se retrouve lésé, son enfant confronté à l’ignorance et à la surpopulation des écoles publiques, débordées sous la pression des inscriptions massives, en l'absence d'une alternative dans l'enseignement privé.

3. Une partie importante de la population mauritanienne cherche à échapper à la loi d’orientation, soit en émigrant pour étudier à l’étranger, soit en essayant de s’en exempter sous de faux prétextes.

4. L’intervention de certains individus influents qui exhibent leur pouvoir, au détriment du citoyen mauritanien faible, en montrant leur capacité à défier l’État et à manipuler ses lois pour bénéficier des privilèges essentiels.

5. Les Mauritaniens ont exprimé leur mécontentement face à la loi d’orientation.

6. La publication de décisions dépourvues de toute base légale, sapant la loi d’orientation, allant à l’encontre des objectifs de l’École républicaine, et suscitant controverse et suspicion (décision n° 24/701 du 08/10/2024).

7. L'augmentation des charges pour les parents qui, autrefois, payaient de modestes sommes pour envoyer leurs enfants dans des écoles privées proches de leur domicile, offrant un bon enseignement. Aujourd’hui, ils doivent transporter leurs enfants dans des écoles publiques éloignées, passant des mois à se battre pour les inscrire sous la pression de la surpopulation. Ensuite commence le calvaire du transport, de l’accompagnement et des dépenses, alors que l'élève passe sa journée dans une classe surpeuplée de près de cent élèves, pour rentrer à la maison sans avoir réellement bénéficié de l’enseignement.

8. La surpopulation dans les écoles publiques, à laquelle les citoyens ne peuvent échapper.

Monsieur le Président, à la lumière de ce qui précède, nous, les syndicats de l’enseignement privé, lançons un appel national pressant en vous demandant d’intervenir pour :

1. Protéger la loi.

2. Annuler la décision injuste n° 701/24 du 08/10/2024.

3. Garantir que tous les citoyens soient traités équitablement par rapport à la loi d’orientation : soit elle s’applique à tous les Mauritaniens, soit elle est annulée ou modifiée dans l’intérêt de tous.

4. Ordonner la mise en œuvre de la loi pour unifier le système éducatif mauritanien, déjà unifié légalement.

Monsieur le Président, ceci est un résumé des principales lacunes qui affectent le secteur de l'éducation et la réforme du système éducatif, et des principaux dysfonctionnements qui dégradent la qualité des services éducatifs. Nous vous avons exposé nos doléances dans l’espoir que des solutions soient trouvées, mettant l’intérêt de la nation au premier plan, ce que nous attendons de vous, Monsieur le Président.

Les syndicats :

Syndicat National des Promoteurs de l'Enseignement Privé

Syndicat Général de l'Enseignement Privé

Syndicat Mauritanien des Investisseurs dans l'Enseignement Privé

Syndicat Privé des Promoteurs de l'Enseignement Privé

UGEPM





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