Cridem

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25-10-2024

09:18

L’eau, une source de vie et vitale, devenue cauchemardesque au niveau de la vallée

L’ouverture des vannes du barrage de Manantali au Mali est source d’espoir pour les populations de la vallée du fleuve Sénégal.

Ces ouvertures avec des lâchées permettent d’exercer les activités agricoles notamment avec l’irrigation.Cependant, les ouvertures brusque de cette année en plein hivernage ont apportée autre que bonheur pour les populations riveraines.

À l'origine, la construction du barrage de Manantali (1982-1988) poursuivait un triple objectif : développer une agriculture irriguée au Sénégal, en Mauritanie et au Mali (tous membres de l'OMVS) ; fournir à ces pays l'électricité dont ils ont besoin ; rendre le fleuve Sénégal navigable.

Avec les dernières précipitations, le barrage a atteint un niveau record de remplissage depuis sa réalisation en 1988 au sud-est de Bafoulabé, dans la région de Kayes au Mali devenant ainsi le cauchemar des agriculteurs, des éleveurs et toutes les populations des localités sur le fleuve Sénégal en détruisant les habitations, les cultures, emportant le bétail et d’autres biens.

Le monde entier a vu passer des images de désolation des communautés des localités comme Diaguily, Tékane, Diogountouro, Gouraye, Khabou, Sollou, Wompou en Mauritanie et Bakel, Koungueni, Aroundou, Ballou au Sénégal pour ne citer que celles-ci.

Sachez que toute la population mauritanienne, sénégalaise et malienne est de tout cœur avec vous dans ces moments difficiles. Pendant ces heures graves et tragiques qu'imposent la nature, courage à toutes et à tous.

Il a été constaté avec véhémence par tous que des terres agricoles ainsi que des infrastructures indispensables à l'économie locale ont été détruites par cette crue des eaux du fleuve.

En plus des enjeux sociaux, économiques et politiques, ces zones inondées sont déjà confrontées aux enjeux environnementaux liés aux changements climatiques et à la dégradation des écosystèmes. Il est évident que l'inquiétude persiste au sein de ces communautés, qui ne méritent absolument pas une telle situation et n'étaient guère préparées à gérer ce type d'événements malheureux.

Certaines localités n’avaient jamais connu d’événements d’une telle ampleur. Les images diffusées sur les réseaux sociaux sont spectaculaires et montrent déjà des familles qui ont presque tout perdu. Nous sommes de tout cœur avec vous.

Quand les eaux se seront retirées, cela sera le début de la constatation des dégâts, beaucoup d’entre vous mettront des années à s’en remettre. Espérons que les autorités et les bonnes volontés se manifesteront pour vous aider à être résilient. Cette période sera également l’occasion de remettre en cause nos habitudes (construction surtout) et modes de vie. Beaucoup de nos localités nécessiteraient un plan d’aménagement pour éviter des situations pareilles dans le futur.

C’est pourquoi, il est primordial de prendre avec sérieux les enjeux du changement climatique, de comprendre pour de bon que nous ne vivons plus dans la même époque ni dans le même environnement que nos ancêtres qui ont fondé la plupart de ces localités. Il est temps que nos autorités sortent de leurs conforts pour se mettre au travail. Avoir un système d’alerte précoce (SAP) performant qui diffuse des messages à temps, des plans de contingences à jour gérés par les personnes qu’il faut, sensibiliser ces populations rurales que nous vivons dans une nouvelle ère.

Les catastrophes naturelles sont dévastatrices parce qu'elles se produisent de façon imprévisible et que leurs conséquences sont, elles aussi, imprévisibles. Néanmoins, certains événements naturels peuvent être reconnus plus tôt que d'autres et une fois que nous avons l’information nous pouvons prendre des mesures pour atténuer l’impact.

C’est ce qui n’a pas été fait, d’autres diront que l’information n’a pas été prise au sérieux. En effet, les catastrophes risquent d’être plus fréquentes de nos jours, car le changement climatique renforce l’intensité des événements météorologiques et tend à en augmenter le nombre.

S’il faut rappeler la définition d’une catastrophe, il n’y a pas plus simple que ce que nous avons vu. Choc brusque et inattendu, les dégâts (peuvent être matériels et humains) sont inestimables et les personnes touchées mettront des années à s’en remettre. Certes, il y a d’autres définitions mais pas plus courte que celle-ci.

Il est important de rappeler qu’investir dans des mesures de réduction des risques de catastrophe avant qu’elles ne surviennent est beaucoup plus rentable que de financer des interventions en contexte de catastrophe ou après catastrophe en tout cas pour ceux qui ont compris.

Comme le dit l’adage, il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veux pas voir et plus sourd que celui qui ne veux pas entendre, mais nous disons que vous avez besoin d’une assistance en urgence ! Tant que des actions concrètes ne sont pas prises, nous serons là encore très prochainement à regarder ce même film.

Auteur : Thierno Simbara Camara





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