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21-11-2024

15:36

Modernisation de la ville de Nouakchott : le délai de 16 mois peut-il être respecté?

La rigidité de nos procédures de passation des marchés publics et de celles de nos procédures de paiements des dépenses pourrait constituer des obstacles majeurs à une utilisation optimale, en 16 mois, des 50 milliards MRO dégagés sur instruction de son excellence le Président Gazwani par l'Etat pour la modernisation de la ville de Nouakchott.

Mais avant d'aborder les raisons de cette remarque qui n'a pas, sans doute, échappé à l'attention du Premier Ministre qui est un excellent financier et a ses ministres sectoriels compétents chargés de l'exécution des tranches de ce méga programme, je tiens à féliciter chaleureusement notre Président de la République pour cette belle initiative car de mémoire des nouachottois aucun projet de ce genre n'a jamais été mis en place depuis l'indépendance à ce jour dans notre capitale.

Pour revenir maintenant sur les aléas qui risquent, selon moi, de retarder l'exécution de cet ambitieux programme, j'évoquerai deux grands écueils qui risqueront de perturber épisodiquement l'exécution, en 16 mois, de ce grand projet qui rentre dans le cadre de l'une des promesses phare de son excellence Mr le Président de la république :

Le premier écueil pour la mise en exécution de ce vaste programme dans les délais fixes initialement, se situe d'abord au niveau de nos procédures de conclusion des marchés publics.

Dans la règlementation actuelle des marchés qui est toujours la même, les règles observées obligatoirement pour le lancement des appels d'offres, pour le dépouillement des offres des soumissionnaires et pour l'adjudication des marchés pourraient souvent dépasser 16 mois).

La deuxième observation se situe au niveau de nos procédures de paiements des dépenses liées à l'exécution des tranches de travaux de ce vaste programme. A moins qu'il y ait un changement dont je n'ai pas encore connaissance, celles ci sont toujours fixées par les règles de la comptabilité publique qui prévoient un long circuit qui passe par les les phases d'engagement des dépenses, de Liquidation, d'Ordonnancement et de Paiement.

Même si la déconcertation budgétaire actuelle peut atténuer certaines lenteurs, ce circuit est obligatoire pour toutes les dépenses publiques et pourrait entraîner un débordement sur le délai de 16 mois prévus pour la réception des différents volets de ce programme.

En tant qu'ancien fonctionnaire ayant déjà exercé les fonctions de secrétaire général du Ministère de l'Equipement et des Transports, Ancien conseiller du PM chargé du Contrôle Financier central et ancien banquier, j'attire l'attention, si ce n'est pas encore pris en compte, sur l'opportunité d'adopter les mesures dérogatoires ci après : -adaptation du code des marchés publics à la nécessité d'une conclusion accélérée des marchés liés au programme de modernisation en vue de respecter les délais prévus et adaptation des procédures de paiements des fonds liées à l'exécution des différents volets du programme.

Ces mesures ne doivent pas cependant encourager les pratiques de fraudes et de corruption dont est souvent habitué en pareille occasion.

Il est donc fort à craindre que si ses mesures ne sont pas envisagées que ce vaste programme risque de subir dans sa réalisation le même sort que les chantiers précédents que notre Président avait vigoureusement et à juste raison, dénoncé pour les retards d'achèvement subis par certains grands projets.

Hamedine Kane
Ancien fonctionnaire





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