Cridem

Lancer l'impression
26-11-2024

17:17

Grève des enseignants en Mauritanie : entre chiffres du ministère et revendications syndicales

Le Quotidien de Nouakchott - Le secteur éducatif mauritanien est une nouvelle fois au cœur des tensions, avec une grève générale des enseignants qui a débuté lundi et qui devrait se poursuivre pendant trois jours.

Cette mobilisation, menée par 44 syndicats d’enseignants, met en lumière un désaccord profond entre le ministère de l’Éducation nationale et les syndicats sur la situation du système éducatif et les conditions des enseignants.

Des chiffres divergents sur le taux de participation

Le ministère de l’Éducation a publié des chiffres indiquant un taux de présence des enseignants de 64 % dans les écoles publiques à travers le pays, malgré l’appel à la grève. Les taux de présence auraient atteint 92 % dans des régions comme le Hodh Ech Chargui et le Guidimakha, tandis que des zones comme Nouadhibou et les wilayas de Nouakchott enregistreraient des taux beaucoup plus bas, oscillant entre 24 % et 60 %.

En revanche, les syndicats d’enseignants contestent ces données, affirmant que le taux de participation à la grève approche les 100 % dans de nombreuses écoles primaires et secondaires. Selon eux, la mobilisation a été largement suivie, avec des manifestations simultanées organisées à Nouakchott et dans les régions intérieures pour dénoncer les conditions de travail des enseignants.

Des revendications claires et pressantes

Dans un communiqué commun, les syndicats ont souligné que les enseignants, à travers leurs rassemblements, ont exprimé un profond mécontentement face à la dégradation de leurs conditions de vie et au manque d’avancées concrètes dans la réforme du système éducatif. Les revendications principales portent sur :

La revalorisation des salaires et des primes : un point crucial pour les syndicats, qui exigent une révision des rémunérations à la hauteur des efforts fournis.

La résolution de la crise du logement : un problème récurrent auquel sont confrontés de nombreux enseignants.

La fin des mesures qualifiées de « coercitives » : telles que les mutations arbitraires, les licenciements forcés et la mise en œuvre du controversé programme « 2+5 », jugé inadapté par les syndicats.

Les syndicats ont également appelé à la signature immédiate du protocole d’accord final issu des négociations précédentes avec le ministère, resté selon eux en suspens malgré des promesses de mise en œuvre.

La réponse du ministère

Le ministère, pour sa part, semble minimiser l’impact de la grève. Il affirme que les chiffres de présence démontrent une adhésion limitée au mouvement et met en avant ses efforts de réforme en cours pour moderniser le système éducatif. Cependant, aucune annonce spécifique n’a été faite en réponse aux revendications des syndicats.

Une crise qui reflète un malaise plus large


Cette grève met en lumière une crise plus large du secteur éducatif en Mauritanie. Depuis des années, enseignants et experts dénoncent un système éducatif en déclin, marqué par un sous-investissement chronique, des infrastructures inadéquates et des conditions de travail précaires. La tension actuelle souligne également un problème de dialogue social entre les autorités et les syndicats, aggravant le sentiment de frustration parmi les enseignants.

La grève en cours révèle une fracture entre les discours officiels et la réalité vécue par les enseignants sur le terrain. Si le ministère souhaite apaiser les tensions, il devra répondre de manière concrète et rapide aux revendications des enseignants, qui représentent un pilier essentiel pour toute réforme ambitieuse du système éducatif mauritanien. Sans cela, le risque d’une paralysie prolongée du secteur éducatif reste élevé, au détriment des élèves et de l’avenir du pays.



Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


 


Toute reprise d'article ou extrait d'article devra inclure une référence www.cridem.org