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L'Algérie envoie une délégation militaire en Mauritanie en pleine crise
HESPRESS - Voyant le désengagement de la Mauritanie vis à vis du polisario, l’Algérie cherche à poser ses pions pour garder la main sur Nouakchott. Le régime algérien a ainsi envoyé une délégation militaire dans le pays voisin pour tenter de garder de bonnes relations avec cet Etat central dans la question du Sahara.
Plus la Mauritanie affirme sa politique étrangère et prend ses distances des diktats de l’Algérie sur la question de la gestion du dossier du Sahara, plus le régime d’Alger tente de renforcer ses liens avec Nouakchott afin de ne pas perdre ses cartes.
La Mauritanie, pays limitrophe entre le Maroc et l’Algérie, est au cœur de la question du Sahara, en étant l’une des quatre parties au conflit.
Bien que le pays adopte une position de neutralité positive dans ce contexte à cause d’une volonté de garder un équilibre entre le Maroc et l’Algérie, ces derniers mois, Nouakchott a montré des signes forts indiquant son désengagement de la cause défendue par Alger et les séparatistes du polisario.
Plusieurs événements ont signalé une prise de distance de la Mauritanie vis à vis de la milice soutenue par l’Algérie. Cette distance s’est conjuguée avec un rapprochement avec le Maroc, ce qui n’a pas été du goût des généraux algériens qui commencent à multiplier les initiatives bilatérales.
La presse mauritanienne soutient qu’il existe même un « contexte de tensions et de refroidissement politique entre les deux voisins maghrébins » en faisant référence à la Mauritanie et l’Algérie, comme l’indique le site Anbaa.
C’est dans ce contexte, et celui des menaces de guerre de certains dirigeants au sein de la milice du polisario contre la Mauritanie, que l’Algérie a envoyé une délégation militaire pour une visite de deux jours à Nouakchott.
Ainsi, des responsables des états-majors des armées mauritaniennes ont accueilli le général Kribi Mahrez, directeur central de la sécurité de l’armée populaire algérienne (ANP). Cette visite intervient alors que la Mauritanie a vécu la semaine passée une incursion de militaires algériens, venus menacer des orpailleurs mauritaniens sur le sol mauritanien.
Officiellement la diplomatie mauritanienne n’a pas commenté les faits, mais cet incident grave a pour ainsi dire jeté un pavé dans la mare, alors même que les relations avec l’Algérie étaient tendues depuis le rapprochement avec le Maroc. L’entrée d’éléments de l’armée d’un Etat dans la zone de souveraineté d’un autre Etat est un acte de défiance très lourd.
Si certains observateurs qualifient cette visite de « routinière », d’autres y voient peut-être l’occasion d’éclaircir les choses entre les deux pays. Mais officiellement, il s’agirait de la mise en application d’un mémorandum d’entente signé l’année dernière entre le chef d’état-major de l’armée mauritanienne et son homologue, le général Chengriha. Selon un communiqué de l’armée mauritanienne les discussions ont tourné essentiellement sur le domaine de la coopération bilatérale.
Pour rappel, les relations entre la Mauritanie et l’Algérie se sont progressivement tendues ces dernières années, particulièrement depuis que Nouakchott a pris ses distances du polisario et a commencé à renforcer ses liens avec le Maroc.
L’Algérie n’accepte pas cette nouvelle donne, surtout que la Mauritanie a rejoint l’initiative royale Atlantique (un projet qui va permettre désenclaver les pays du Sahel en passant par les ports marocains du sud, ndlr) et le projet de Gazoduc Maroc-Nigéria qui doit passer par plus d’une dizaine de pays d’Afrique de l’Ouest.
Cette évolution diplomatique a engendré une certaine méfiance entre la Mauritanie et l’Algérie, notamment sur le plan militaire et stratégique, surtout depuis que la Mauritanie a cherché à affirmer son indépendance en matière de politique étrangère, évitant de se laisser entraîner dans des conflits régionaux tout en cherchant à diversifier ses alliances.