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05-02-2025

22:49

Trump reçoit Netanyahou et affirme que les États-Unis vont «prendre le contrôle de la bande de Gaza»

LE FIGARO - Donald Trump a annoncé mardi 4 février que les États-Unis allaient «prendre le contrôle de la bande de Gaza» lors d’une conférence de presse au côté du premier ministre israélien Benyamin Netanyahou.

«Les États-Unis vont prendre le contrôle de la bande de Gaza et nous allons faire du bon boulot avec. Nous la posséderons et serons responsables du démantèlement de toutes les bombes dangereuses qui n’ont pas explosé et de toutes les armes», a déclaré le président américain, ajoutant que les États-Unis allaient «aplanir la zone et se débarrasser des bâtiments détruits», afin de développer économiquement le territoire.

Le plan de Donald Trump pour la bande de Gaza est une idée qui «pourrait changer l’Histoire», a réagi le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. «Nous en parlons, il l’étudie avec ses collaborateurs, son équipe», a-t-il expliqué.

«Je vois une prise de contrôle à long terme» de la bande de Gaza et «je vois ça apporter une grande stabilité à cette partie du Moyen-Orient, et peut-être à tout le Moyen-Orient. Tout le monde à qui j’ai parlé aime l’idée que les Etats-Unis prennent le contrôle de ce territoire», a affirmé le président américain. «Ce n’est pas une décision prise à la légère», a-t-il insisté.

«Je pense que c’est quelque chose qui pourrait changer l’Histoire. Et cela vaut la peine de poursuivre dans cette voie.» Netanyahou est le premier dirigeant étranger invité à la Maison-Blanche depuis le retour au pouvoir de Donald Trump le 20 janvier, symbole de l’alliance indéfectible entre Israël et les États-Unis. Le premier ministre israélien avait déjà salué plus tôt le soutien indéfectible de Donald Trump à Israël.

«Je l’ai déjà dit, je le répète: vous êtes le meilleur ami qu’Israël ait jamais eu à la Maison-Blanche», a-t-il affirmé, en saluant la capacité du milliardaire républicain à «penser de manière différente».

Une «recette pour créer le chaos» au Proche-Orient

Le président américain avait affirmé plus tôt que les Palestiniens «adoreraient quitter» la bande de Gaza dévastée, au moment où reprennent de délicates négociations sur la poursuite du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. Donald Trump, qui a parlé de faire «le ménage» dans le territoire palestinien ravagé par quinze mois de guerre, a assuré que les Palestiniens seraient «ravis» de vivre ailleurs s'ils en avaient la possibilité, évoquant un «chantier de démolition».

«On peut pas y vivre», a-t-il lancé depuis le Bureau ovale aux côtés de Benyamin Netanyahou. «J’espère que nous pourrons faire quelque chose de vraiment bien, de vraiment bon, où ils ne voudront pas revenir», a encore déclaré Trump. «Pourquoi voudraient-ils revenir? Cet endroit a été un véritable enfer.»

Son émissaire pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a lui jugé que le territoire palestinien serait inhabitable pendant des années, semblant mettre en doute la faisabilité de la troisième phase de l'accord de trêve, celle de la reconstruction de Gaza en cinq ans.

Donald Trump a suscité récemment une vague d'indignation internationale en proposant de faire «tout simplement le ménage» dans la bande de Gaza et de transférer ses habitants dans des lieux «plus sûrs» comme l'Égypte ou la Jordanie. Ces deux pays se sont opposés à ce plan. «Lorsque le président parle de “faire le ménage”, il parle de rendre (Gaza) habitable», a déclaré mardi Steve Witkoff, ajoutant qu'il «est injuste d'avoir expliqué aux Palestiniens qu'ils pourraient revenir dans cinq ans. C'est tout simplement grotesque». La «phase trois, la reconstruction, ne pourra pas se dérouler comme le prévoit l'accord, c'est-à-dire un programme de cinq ans. C'est physiquement impossible», a-t-il dit.

Un dirigeant du Hamas, Sami Abu Zuhri, a fustigé mardi les déclarations de Donald Trump sur Gaza, estimant qu’elles étaient une «recette pour créer le chaos» au Proche-Orient. «Notre peuple dans la bande de Gaza ne permettra pas que ces plans passent. Ce qui est nécessaire, c’est la fin de l’occupation et de l’agression contre notre peuple, et non leur expulsion de leur terre», a-t-il déclaré dans un communiqué.

Les dirigeants du monde devraient «respecter les souhaits» des Palestiniens qui «adorent» vivre à Gaza, a réagi mardi l’ambassadeur palestinien à l’ONU. Les Palestiniens «veulent reconstruire Gaza, reconstruire les écoles, les hôpitaux, les routes, les infrastructures, les bâtiments et les maisons parce que c’est leur place, et ils adorent vivre là. Je pense que les dirigeants et les peuples devraient respecter les souhaits du peuple palestinien», a insisté Riyad Mansour devant la presse.

Dans la bande de Gaza, de nombreux Palestiniens déplacés par la guerre ont profité de la trêve pour retrouver leur terre, déterminés à reconstruire. Plus d'un demi-million d'entre eux ont déjà regagné le nord du territoire, particulièrement détruit par les combats. «Trump et Netanyahou doivent comprendre la réalité du peuple palestinien. C'est un peuple profondément enraciné dans sa terre, nous ne la quitterons pas», a affirmé Hatem Azzam, un habitant de Rafah, dans le sud de Gaza.

«Pression maximale» sur l’Iran

Après avoir vanté son rôle dans l’accord, Donald Trump doit presser son allié de respecter le cessez-le-feu en vigueur depuis le 19 janvier pour une première phase de six semaines, mais dont les prochaines étapes restent incertaines.

Le Hamas a annoncé mardi que «les contacts et négociations pour la deuxième phase» du cessez-le-feu avaient «commencé». Israël avait annoncé plus tôt qu’il enverrait «en fin de semaine» une délégation au Qatar, l’un des trois pays médiateurs avec les États-Unis et l’Égypte, pour discuter de la poursuite de la trêve. Le président américain a cependant déclaré lundi n’avoir «aucune garantie» que le cessez-le-feu se prolonge.

Outre Gaza, le président américain devrait aussi aborder avec son invité la question d'une normalisation des relations entre Israël et l'Arabie saoudite, à laquelle il avait déjà œuvré pendant son premier mandat, ainsi que la menace iranienne. Donald Trump a d'ailleurs promis mardi d'exercer une «pression maximale» sur l'Iran, visant notamment son programme nucléaire.

La première phase de la trêve entre Israël et le Hamas a permis jusqu'à présent la libération de 18 otages retenus à Gaza et d'environ 600 Palestiniens détenus par l’État hébreu, ainsi qu'un afflux de l'aide humanitaire dans le territoire assiégé. La deuxième phase doit permettre la libération des derniers otages et la fin définitive de la guerre, déclenchée par l'attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023. Une fois libérés les otages durant la première phase, le mouvement islamiste palestinien détiendra encore une cinquantaine d'otages, morts ou vivants.

Au total, 251 personnes avaient été enlevées lors de l'attaque du Hamas, qui a entraîné la mort de 1.210 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles israéliennes. L'offensive israélienne menée en représailles dans la bande de Gaza a fait au moins 47.487 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

LE FIGARO AVEC AFP





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