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Bureau du député Biram Ould DahAbeid : Déclaration
Le Calame - Un communiqué de l’Agence mauritanienne d’information (Ami), rapporte, le 19 février 2025, l’échange d’allocution entre le Premier ministre et l’Ambassadeur de l’Union européenne, au titre du dialogue politique, qu’implique l’Accord d’association Acp-Ue.
Le volet de la concertation stratégique couvre des domaines complémentaires qui vont de l’économie, au développement, en passant par la sécurité, la migration et la protection des droits humains. Chacun des deux orateurs a relevé le niveau très élevé de la coopération, non sans souligner que la Mauritanie en bénéficie désormais davantage que tout autre pays d’Afrique.
La partie mauritanienne a exprimé le besoin de « mobiliser les fonds et les ressources nécessaires » en vue de consolider sa stabilité, dans un environnement certes en proie à une multiplication des crises multidimensionnelles.
Compte tenu de l’importance de l’évènement et de ses retombées sur le front intérieur, il convient de formuler, ici, quelques observations, à l’endroit de l’Ue, notre partenaire de toujours, dont nous apprécions la résolution, déjà ancienne, à propager les valeurs de l’universalisme et de la non-violence :
1. Aujourd’hui, la gouvernance de la Mauritanie n’offre les garanties minimales de transparence et de gestion vertueuse. Les niveaux vertigineux de corruption et d’impunité,que tolère le pouvoir du moment, jettent un discrédit empirique, sur ses intentions et son discours. Tout, là, n’est qu’affichage, manipulation et petites ruses de cleptomanie, comme le rappelle le gâchis du Port de Ndiago, parmi d’autres fiascos du genre. Les dernières révélations au sujet du détournement d’un concours financier de l’Agence française de développement (Afd), témoignent de l’acuité du trompe-l’œil, de la façade à l’arrière-cour :
https://www.off-investigation.fr/aide-francaise-au-developpement-22-millions-euros-dilapides-en-mauritanie/
2.Le soutien de l’Ue, tant qu’il s’exerce sans une conditionnalité assumée en public, selon des mécanismes de suivi et de reddition des comptes, équivaut, de facto, à une complicité avec les affameurs de la population. D’une telle imprudence résulterait, par réaction de dépit, l’essor de la démagogie, du populisme insurrectionnel et de la désinformation, au profit de puissances et de fauteurs de guerre nullement intéressées à promouvoir la démocratie et la centralité de l’individu.
3.Le seul dialogue susceptible de porter la semence de l’équité et de la paix est, d’abord, domestique. Quand les Mauritaniens auront discuté de l’avenir commun et décidé, ensemble, la reconnaissance des partis et des associations encore maintenus en deçà de la légalité, alors, oui, l’Ue pourra se prévaloir de parler à un peuple uni, dans la diversité de ses composantes.
Au lieu de continuer à soutenir le conglomérat des factions tribales et d’encourager son appétence à la prédation, les partenaires multilatéraux du pays seraient bien inspirés de comprendre combien l’invasion migratoire du sud au nord découle, en premier, de l’échec des élites du Continent. Peu importent les millions d’euros dépensés, les programmes d’endiguement aux frontières ne sauraient mettre un terme au sauve-qui-peut généralisé.
Le problème s’avère d’une gravité et d’un potentiel de désordre insoupçonnés. Peut-être le temps est-il venu, pour l’Europe et le Monde libre, de se livrer à l’autocritique salutaire, sous peine de poursuivre leur déclin, au bénéfice de la tyrannie.
Dakar, le 21 février 2025