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Guerre en RD Congo : Londres "suspend" la majorité de ses aides financières au Rwanda
France24 - Londres hausse le ton face à Kigali, accusé d’attiser la guerre qui ravage l’est de la République démocratique du Congo.
Le ministère britannique des Affaires étrangères a annoncé, mardi 25 septembre, la suspension de la majorité de ses aides financières au Rwanda, dont les troupes participent à l'avancée du mouvement M23 dans l'est de la République démocratique du Congo.
"Les hostilités doivent cesser immédiatement. Les récentes offensives du M23 et des forces de défense rwandaises, et notamment la prise de Goma et de Bukavu, constituent une violation inacceptable de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la République démocratique du Congo", a une nouvelle fois martelé le Foreign Office dans son communiqué.
Ces fonds seront suspendus "en l'absence de progrès significatifs", à l'exception des programmes britanniques destinés aux personnes "les plus pauvres et les plus vulnérables" au Rwanda. Cette suspension intervient alors que le Premier ministre britannique Keir Starmer compte augmenter le budget de la défense à 2,5 % du PIB en 2027, contre 2,3 % actuellement. Une hausse qui se fera au détriment du budget dédié à l'aide internationale au développement, qui passera de 0,5 % à 0,3 % du PIB sur la période.
De "potentielles nouvelles sanctions" en vue
Le Royaume-Uni a également déclaré qu'il prévoyait de "se coordonner avec ses partenaires sur de potentielles nouvelles sanctions".
Selon le Foreign Office, le chef de la diplomatie britannique David Lammy a rencontré le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, à Kinshasa et le président rwandais, Paul Kagame, à Kigali, les 21 et 22 février.
Il les a exhortés à s'engager de "bonne foi dans les processus de paix" menés sous l'égide d'anciens dirigeants africains, et a réclamé le retrait des forces rwandaises du territoire de la République démocratique du Congo, son ministère affirmant qu'il n'existe qu'une "solution politique" à ce conflit.
Lors d'une offensive éclair ces dernières semaines, le groupe armé M23 et ses alliés rwandais ont pris le contrôle de Goma et Bukavu, les chefs-lieux des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Les combats ont fait des milliers de morts selon l'ONU, qui craint un embrasement dans cette région en proie aux conflits depuis plus de 30 ans.
Arrivée du procureur de la CPI
La suspension de la majorité des aides britanniques au Rwanda intervient alors que le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, est arrivé dans la nuit de lundi à mardi à Kinshasa.
Le bureau du procureur de la CPI a ouvert en 2023 une nouvelle enquête sur des allégations de crimes commis depuis janvier 2022 dans la province du Nord-Kivu. Les services de Karim Khan, lequel s'était déjà rendu dans le pays en mai 2023, ont indiqué début février que la situation actuelle dans l'est de la République démocratique du Congo "entre dans le cadre de l'enquête en cours".
"Un message très clair doit être passé : aucun groupe armé, aucune force armée, aucun allié d'un groupe armé ou d'une force armée n'a de chèque en blanc. Ils doivent respecter le droit international humanitaire", a lancé Karim Khan.
Et "je suis très clair dès maintenant : on doit percevoir que le droit est appliqué", a poursuivi Karim Khan, et "nous allons voir si le droit international pénal peut supporter les exigences des populations de République démocratique du Congo, à savoir l'application uniforme de la loi".
Les populations de République démocratique du Congo sont "aussi précieuses que celles d'Ukraine, d'Israël ou de Palestine, que les filles et femmes d'Afghanistan", a martelé le procureur.
Durant sa visite, Karim Khan doit rencontrer le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, des ministres, la représentante du secrétaire général de l'ONU dans le pays, Bintou Keita, ainsi que des victimes et des membres de la société civile.
Avec AFP