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Israël bloque l'aide à Gaza après le désaccord sur la trêve, le Hamas dénonce un "crime de guerre"
FRANCE24 -- Le Hamas a qualifié dimanche de "crime de guerre" et de "violation de l'accord" de trêve la décision israélienne d'empêcher l'entrée de toute marchandise ou approvisionnement dans la bande de Gaza, tandis que quatre Gazaouis étaient tués par des tirs israéliens. Cette flambée de violence intervient sur fond de désaccord entre les belligérants sur la suite à donner à la trêve.
La tension monte à nouveau entre Israël et le Hamas. Au moins quatre personnes ont été tuées dans la bande de Gaza dans des attaques de l'armée israélienne dans la matinée du dimanche 2 mars, peu après l'annonce de la décision israélienne de suspendre l'entrée de l'aide humanitaire dans la petite enclave palestinienne.
"Depuis ce matin, quatre morts et six blessés" ont été transportés "dans des hôpitaux de la bande de Gaza à la suite d'attaques israéliennes en divers endroits du territoire", a précisé le ministère gazaoui de la Santé dans un communiqué.
Cette flambée de violence intervient sur fond de désaccord entre les belligérants sur la suite à donner à la trêve : Israël veut prolonger la première phase du cessez-le-feu tandis que le Hamas veut passer à la deuxième phase, comme cela était initialement prévu par l’accord signé en janvier.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a décidé, dimanche, de suspendre l'entrée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza après la fin de non-recevoir du mouvement palestinien de prolonger la première phase.
"Le Premier ministre (Benjamin) Netanyahu a décidé que, dès ce matin, toute entrée de marchandises et d'approvisionnements dans la bande de Gaza serait suspendue", indique un communiqué de son bureau. "Israël n'acceptera pas de cessez-le-feu sans libération de nos otages", ajoute le texte. "Si le Hamas persiste dans son refus, il y aura d'autres conséquences."
"Aucun camion n'est entré à Gaza ce matin et aucun n'entrera" jusqu'à nouvel ordre, a écrit sur X Omer Dostri, porte-parole de Benjamin Netanyahu. "Les colonnes de camions de marchandises actuellement en route vers Gaza arrivent au point de passage uniquement pour découvrir qu'il est fermé et que l'entrée est interdite."
"Un chantage mesquin, un crime de guerre"
Le Hamas n'a pas tardé à réagir. "La décision (du Premier ministre israélien Benjamin) Netanyahu de suspendre l'aide humanitaire est un chantage mesquin, un crime de guerre et une violation flagrante de l'accord" de trêve, a écrit le mouvement islamiste palestinien, appelant "les médiateurs et la communauté internationale (à) faire pression" sur Israël pour qu'il fasse machine arrière.
"L'occupation (Israël, NDLR) porte la responsabilité des conséquences de sa décision sur la population de la bande (de Gaza) et sur le sort de ses prisonniers" aux mains du Hamas ou d'autres groupes armés, a par ailleurs déclaré Hazem Qassem, porte-parole du Hamas, dans un communiqué. Khamis al-Haytham, haut responsable du bureau politique du Jihad islamique pour la bande de Gaza, a de son côté affirmé qu'Israël "porte la responsabilité des conséquences du sabotage" de la trêve dans l'enclave palestinienne.
Les deux parties divergent sur la suite à donner après la fin, samedi, de la première phase de l’accord de cessez-le-feu.
La première phase prévoyait la remise de 33 otages israéliens en échange de quelque 2 000 détenus palestiniens incarcérés dans les prisons israéliennes. Les combats ont été interrompus et les troupes israéliennes se sont retirées de certaines positions à Gaza.
Le bureau de Benjamin Netanyahu a fait savoir plus tôt qu’Israël allait adopter la proposition de dernière minute soumise par l’émissaire du président américain Donald Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, visant à instaurer un cessez-le-feu temporaire dans la bande de Gaza pour les périodes du ramadan et de la Pâque juive.
La proposition présentée par Steve Witkoff prévoit que la moitié des otages détenus à Gaza, vivants et morts, soient libérés le premier jour du cessez-le-feu, a indiqué le cabinet de Benjamin Netanyahu. Les otages restants seront libérés lorsqu’un accord de cessez-le-feu permanent sera trouvé.
L’Égypte réclame une "mise en œuvre intégrale" de l’accord de trêve
Une proposition rejetée par le Hamas, qui craint que cette nouvelle formulation permette à Israël de se soustraire à ses engagements précédents.
L’Égypte a apporté son soutien au mouvement palestinien en demandant dimanche une "mise en œuvre fidèle et intégrale" de l’accord signé en janvier.
Selon l’accord, la deuxième phase doit encadrer les négociations sur la libération des 59 otages restant, le retrait total de l’armée israélienne de l’enclave palestinienne et une fin totale de la guerre.
Cependant, les négociations n’ont jamais réellement débuté et Israël a conditionné l'arrêt des combats au retour de tous les otages.
Avec AFP et Reuters