Cridem

Lancer l'impression
11-04-2025

06:29

Guerre en Ukraine : des Bangladais partis en Russie pour un emploi disent avoir été enrôlés dans l'armée

Le Figaro - Attirés en Russie par la perspective d'un emploi, ces jeunes Bangladais affirment avoir été enrôlés pour combattre en Ukraine. La mort récente de l'un d'eux sur le front a suscité une vive inquiétude dans leurs familles, qui ont appelé le gouvernement à l'aide.

«Nous ne savions pas que nous finirions sur le champ de bataille...», se désole Mohammad Akram Hossain. Comme son beau-frère, il a cédé aux sirènes d'une agence de recrutement, qui lui a offert un travail à Chypre, puis en Russie.

«L'agence nous a dit que seuls des visas de travail pour la Russie étaient possibles. Alors nous avons accepté d'y partir», explique à l'AFP cet homme de 26 ans, aujourd'hui rentré au pays.

«Nous n'avons jamais imaginé être abandonnés comme ça», poursuit-il. Le taux de chômage est élevé au Bangladesh, dont l'économie a été sévèrement impactée par les manifestations de l'été dernier qui ont précipité la chute du gouvernement.

C'est en apprenant la mort sur le front ukrainien d'un autre jeune Bangladais parti travailler en Russie qu'une dizaine de familles ont pris contact avec leur ambassade à Moscou. Selon ses proches, Mohammed Yasin Sheikh, 22 ans, est mort le 27 mars alors qu'il combattait en Ukraine sous l'uniforme de l'armée russe. Son oncle, Abul Hashem, raconte à l'AFP avoir reçu l'appel d'un ami de son neveu, «un Bangladais qui combat côté russe, pour nous dire qu'il avait été tué». «Ensuite, nous avons été appelés par un commandant russe», ajoute-t-il.

«Dernier adieu»

La famille de Mohammed Yasin Sheikh l'avait aidé financièrement à quitter le Bangladesh en septembre 2024 pour un emploi d'électricien dans une entreprise chinoise en Russie. Mais il s'est retrouvé enrôlé dans l'armée russe en décembre, affirme-t-elle. «Nous avons dépensé beaucoup d'argent pour qu'il parte et maintenant nous attendons son corps», se désole Abul Hashem. «Nous avons demandé au gouvernement de faire en sorte que sa mère puisse lui faire un dernier adieu». L'AFP n'a pas pu vérifier les déclarations de cette famille de manière indépendante.

Mais Farhad Hossain, chargé d'affaires à l'ambassade du Bangladesh en Russie, affirme avoir été informé de son cas. «Nous avons appris (son) existence il y a quelques jours et avons engagé des discussions avec nos homologues russes à son sujet», précise-t-il, ajoutant ne pas être pour l'heure en mesure de confirmer la mort du jeune homme. Le diplomate dit ne pas avoir eu connaissance d'autres victimes bangladaises mais confirme que l'ambassade a été contactée par d'autres familles en quête d'information sur un proche.

«Jusqu'à présent, nous avons répondu à une dizaine de demandes», détaille-t-il. La guerre en Ukraine a fait de nombreuses victimes au sein de l'armée russe, qui recrute désormais des combattants au-delà de ses frontières.

Ni Moscou ni Kiev n'ont révélé le nombre d'étrangers qui servent dans leur armée, ni celui de ceux détenus comme prisonniers de guerre. Des nombreux témoignages ont rapporté que des ressortissants d'autres pays d'Asie du Sud, dont l'Inde, le Sri Lanka ou le Népal, ont combattu pour la Russie en Ukraine, attirés eux aussi par des promesses d'emploi.

Le Figaro avec AFP





Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


 


Toute reprise d'article ou extrait d'article devra inclure une référence www.cridem.org