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Espagne : le frère du Premier ministre Pedro Sánchez jugé pour trafic d’influence
LE SOIR -
Le frère du Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a été renvoyé en procès jeudi dans une affaire de trafic d’influence liée à son recrutement comme responsable culturel d’une province dirigée par la gauche, selon un document judiciaire consulté par l’AFP.
David Sánchez, qui s’occupe du spectacle vivant dans la province de Badajoz (sud-ouest) et qui est le frère cadet du chef du gouvernement, sera jugé au côté de dix autres personnes, dont le responsable du Parti socialiste (PSOE) dans l’Extrémadure, la région où se trouve Badajoz, peut-on lire dans cette ordonnance de renvoi.
Il devra répondre, comme les coaccusés, des délits de « trafic d’influence » et de « prévarication administrative », c’est-à-dire un manquement grave, de la part d’un fonctionnaire, aux obligations liées à sa charge, explique ce document, qui ne précise pas la date du procès.
La juge à l’origine de ce renvoi, Beatriz Biedma, a ainsi rejeté l’appel du parquet, qui avait réclamé voilà une semaine le classement sans suite de l’enquête, mettant en cause – selon des médias espagnols – le « caractère irrationnel » de son raisonnement juridique.
Dans une ordonnance rendue fin avril, à laquelle l’AFP a eu accès, cette magistrate avait fait état d’« indices » suffisants pour penser que David Sánchez « aurait utilisé son influence » au sein du parlement provincial de Badajoz afin d’« en retirer un bénéfice personnel ».
« Dégradation institutionnelle »
David Sánchez avait été mis en examen en novembre 2024 après une plainte de « Manos Limpias » (« Mains propres »), une association considérée comme proche de l’extrême droite, également à l’origine d’une procédure judiciaire ouverte contre l’épouse de Pedro Sánchez, Begoña Gomez.
Cette association accusait le frère du Premier ministre de recevoir un salaire du secteur public sans se rendre sur son lieu de travail. Elle dénonçait par ailleurs les conditions dans lesquelles il s’est fait embaucher par l’administration de cette province dirigée par les socialistes en juin 2017.
Lorsque la plainte de Manos Limpias avait été rendue publique, le gouvernement espagnol, par la voix de sa porte-parole Pilar Alegría, avait dénoncé une procédure « fallacieuse, élaborée, encore une fois, à partir d’extraits de tabloïds en ligne ».
« Ce qui est clair, c’est qu’en Espagne, nous ne méritons pas un gouvernement aussi indigne », a réagi jeudi Cuca Gamarra, numéro deux du Parti populaire (PP), la principale formation d’opposition au gouvernement Sánchez, mettant en cause le Premier ministre lui-même.
Ce dernier doit « convoquer des élections pour que les Espagnols se prononcent sur la dégradation institutionnelle et morale du gouvernement », a-t-elle insisté.
Plusieurs enquêtes ont été ouvertes au cours des derniers mois contre des membres de l’entourage du Premier ministre, notamment contre son épouse Begoña Gomez, accusée de corruption et de trafic d’influence, et son ex-bras droit José Luis Ábalos, accusé de détournement de fonds.
Pedro Sánchez, qui a toujours défendu la probité de son épouse et de ses ministres, accuse la droite et l’extrême droite d’être à l’origine de ce qu’il décrit comme des « campagnes de diffamation », destinées selon lui à déstabiliser le gouvernement.
AFP