Cridem

Lancer l'impression
26-06-2025

10:30

Vacances à l’intérieur du pays : une initiative présidentielle pour reconnecter les élites avec la Mauritanie profonde

Shems Maarif - Le président de la République, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, a profité du Conseil des ministres tenu ce mercredi pour adresser un message fort aux membres du gouvernement et aux hauts responsables de l’État : cesser de passer leurs vacances à l’étranger et privilégier les séjours dans leurs régions d’origine.

Le chef de l’État a qualifié cette habitude – particulièrement répandue chez les élites en période estivale – d’inappropriée et contraire à l’image que doit refléter un pays qui cherche à renforcer son identité et promouvoir son potentiel touristique, social et culturel. Il a regretté que cette pratique donne l’impression qu’aucun lieu en Mauritanie ne mérite d’être visité.

Cette déclaration présidentielle n’est pas un simple appel symbolique. Depuis le début de son mandat, le président Ghazouani passe systématiquement ses vacances dans son village natal de Boumdeid, dans la wilaya de l’Assaba.

Par ce choix, il donne l’exemple d’un attachement profond aux origines et d’un engagement concret en faveur du développement local. Cependant, force est de constater que peu de responsables ont suivi cette voie, préférant les destinations étrangères, notamment le Maroc et l’Espagne, devenues des lieux de villégiature privilégiés par les élites.

L’initiative présidentielle, bien que tardive dans son annonce officielle, relance un débat essentiel sur la relation entre les dirigeants et les populations de l’intérieur du pays, souvent perçues comme oubliées ou marginalisées.

Elle n’est pas sans rappeler les mesures prises sous le régime de l’ancien président Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya, qui avait imposé une politique similaire. À cette époque, de nombreux cadres avaient construit des maisons dans leurs villages d’origine, entraînant une dynamique de construction, de modernisation et de développement dans plusieurs zones rurales. Ces investissements privés avaient contribué à l’essor d’infrastructures locales et renforcé le tissu social.

Aujourd’hui encore, l’intérieur du pays souffre d’un déficit d’attention et d’investissement, au profit d’une concentration excessive des moyens à Nouakchott. La décision du président Ghazouani, si elle est accompagnée d’un véritable suivi et d’un engagement collectif, pourrait inverser cette tendance.

Elle représente un appel à la responsabilité, à la proximité et à l’exemplarité. Plus qu’une simple question de lieu de vacances, il s’agit d’un choix politique et moral : être au plus près du peuple, partager ses réalités, et investir sur place pour construire une Mauritanie plus équilibrée et solidaire.





Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


 


Toute reprise d'article ou extrait d'article devra inclure une référence www.cridem.org