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28-06-2025

22:00

Rapport de la Banque Mondiale sur l’économie mauritanienne: Une croissance en léger repli

Le Calame - Rendu public le jeudi 18 Juin 2025, un rapport de la Banque Mondiale (BM) sur l’économie mauritanienne nous parle de sa croissance, de sa tenue macroéconomique et de l’incertitude liée aux perspectives mondiales.

Ce genre de document émis par l’institution financière mondiale est considéré comme un outil précieux pour plusieurs raisons : il livre une analyse approfondie de l’économie, identifie les défis et les opportunités de développement et formule les recommandations d’ordre conjoncturel et structurel, pour aider les États à faire face à leurs responsabilités.

Un taux de croissance de 5,2% en 2024

L’économie mauritanienne a enregistré un taux de croissance de 5,2% en 2024, contre 6,4% en 2023, accusant ainsi un léger repli. Le rapport de l’institution financière mondiale met en lumière « les efforts poursuivis par le gouvernement mauritanien pour préserver la stabilité macro-économique et renforcer les filets de protection sociale, malgré un ralentissement modéré de la croissance économique en 2024 ». 

Analysant les raisons du repli, le document pointe « une décélération due principalement au déclin de la production extractive et à l’affaiblissement de la consommation publique […] néanmoins la performance économique du pays reste supérieure à la moyenne régionale ».

Les perspectives de son économie à moyen terme « restent favorables, avec une croissance moyenne du Produit Intérieur Brut (PIB) de 5,1% au cours de la période 2025-2027 ». Cependant « les risques de dégradation du climat économique restent importants, compte-tenu de la dégradation de la sécurité au Sahel qui pourrait provoquer un afflux de réfugiés et décourager l’investissement ».

Contexte mondial marqué par l’incertitude

Abordant la​ question du contexte mondial marqué par l’incertitude, le rapport note que « la Mauritanie a bénéficié du recul de l’inflation, soutenu par une politique monétaire plus stricte, la chute des prix internationaux des denrées alimentaires et de l’énergie et les efforts d’assainissement des finances publiques en cours, qui ont permis de réduire davantage le déficit budgétaire, grâce à une gestion prudente ».

Les auteurs du rapport invitent le gouvernement « à maintenir la dynamique des réformes macroéconomiques et structurelles qui permettront de diversifier son économie et d’ouvrir des emplois productifs, tout en protégeant les plus vulnérables contre les chocs économiques et climatiques ». Par ailleurs « les perspectives économiques à moyen terme restent favorables, avec une croissance de 4,9% en moyenne. Cependant, les risques liés à la volatilité des prix des matières premières et aux chocs climatiques persistent ».

Éclairage d’un économiste

Invité à donner sa lecture du document de la Banque Mondiale (BM), l’économiste Isselmou ould Mohamed relève « qu’en dépit du déficit structurel du compte courant, l’équilibre macro-économique est certes fragile mais reste stable ». Au-delà, ce qui attire l’attention de cet expert concerne le monde rural « où le taux de pauvreté a augmenté, passant de 38,6% en 2020 à 43,1% en 2024.

Il a en revanche légèrement diminué en zones urbaines, passant de 13,2% à 12,7%. Dans le même temps, l’insécurité alimentaire demeure préoccupante : celle dite « aigüe » est passée de 9% à 11,6% en 2024. On note par ailleurs que, durant la période de soudure de Juin à Septembre 2024, 12% de la population, soit 600.000 personnes, ont été exposées à une insécurité alimentaire de niveau critique ».

Malgré le contexte ainsi présenté, « les dépenses en protection sociale restent relativement faibles par rapport à la moyenne régionale et des efforts supplémentaires sont nécessaires, pour améliorer la couverture et le ciblage. En 2022, les dépenses allouées aux programmes d’aide sociale se sont élevées à 1,51% du PIB, soit un peu moins de la moyenne régionale (1,53%).

Si ces dépenses avaient été utilisées de manière efficiente et ciblée, l’écart de pauvreté, actuellement estimée à 2,45% du Produit Intérieur Brut (PIB), aurait pu être réduit de moitié en 2022. Le programme le plus important était le « Tamween » portant sur des subventions alimentaires non ciblées qui représente 0,39% du PIB, tandis que le programme de transferts visant à lutter contre la pauvreté ne dépasse pas 0,24%.

Portefeuille des projets financés par la Banque Mondiale en Mauritanie

La Banque finance en Mauritanie des projets visant à améliorer les conditions de vie des populations dans des domaines stratégiques : énergie, agriculture, télécom-munications, éducation, inclusion sociale (appui à la résilience, réponse aux chocs climatiques pour les familles vulnérables, etc.), la bonne gouvernance, la décentralisation, la pêche, les infrastructures…. Pour un portefeuille total qui dépasse désormais le milliard de dollars US.

Amadou Seck





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