Cridem

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29-06-2025

17:38

Point de mire. Tension sous Haute Tension

Dr. Sidi Ould SALEM, avait été nommé Directeur Général de la Société Mère du Groupe SOMELEC le 14 août 2024 par décision du Conseil des Ministres.

C’est ce même conseil des ministres qui l’avait proposé en juin dernier pour prendre la direction de la SMCP, onze mois seulement après sa sortie du « garage administratif », cette « Salle d’attente » ou les responsables sont inscrits sur la liste pour des nouvelles promotions.

Dr. Sidi Ould Salem, ce professeur de physique inscrit à la faculté des Sciences et technique de l’Université de Nouakchott est un responsable en perpétuelle transhumance dans les fonctions.

Directeur Général de la SOCOGIM de Septembre 2005 à Février 2009, c’est à partir de cette époque qu’il avait commencé à gravir les échelons de la responsabilité publique. Il a été nommé Ministre des finances en Aout 2009, dans le gouvernement de transition, puis chargé de mission à la Présidence de la République, avant d’occuper le portefeuille de Ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et des technologies de l’information et de la communication cumulativement avec une accréditation comme Porte-parole du Gouvernement.

A soixante-deux ans, Sidi Ould Salem va prendre la tête de la SMCP. Pour lui, ce sera évidemment un voyage de plus vers une nouvelle inconnue. En attendant de savoir s’il va pêcher en eaux troubles ou en eaux stagnantes, on peut se poser la question de savoir pourquoi, ce jeune cadre très compétent a été « extirpé » de la SOMELEC pour être catapulté aussitôt à la tête de la Société Mauritanienne pour le Commerce du Poisson, l’une des sociétés d’Etat les plus malades sur le plan de la gestion ?

Un ministre a toujours raison, même s’il a tort

La curiosité peut pousser à se poser la question de savoir pourquoi le Gouvernement mauritanien n’a même pas donné le temps à Sidi Ould Salem pour comprendre le système d’engrainage qui fait actionner, la SOMELEC, cette gigantesque machine devenue depuis sa naissance en 1975 un gouffre financier de plus en plus profond et de plus en plus large ?

Depuis quelques temps déjà, sur les réseaux sociaux des bruits se faisaient entendre pour dire que le courant ne passait pas entre le directeur Général de la géante de l’Energie et le Ministre de son département de Tutelle.

Vrai ou faux, en tous cas, comme dit le proverbe, il n’y a pas de fumée sans feu. Ce qui est certain c’est qu’une odeur de fumée commençait à se propager dans les couloirs de l’immense immeuble abritant le siège de la Société nationale.

Dans un article paru le 26 juin 2025, CRIDEM le journal de référence en ligne écrivait : « Une mésentente grandissante oppose le ministre du Pétrole et de l’Énergie, Mohamed Ould Khaled, et le directeur général de la Société mauritanienne d’électricité (Somelec), Sidi Ould Salem. Le différend, qui couvait depuis plusieurs semaines, commence à avoir des répercussions sur la coordination entre les deux institutions ».

Selon des sources internes, à la société (sources généralement très bien informées), le directeur général Sidi Ould Salem avait commencé à taper du poing sur la table à cause du comportement de certains cadres de la société qui communiquaient directement avec le ministère de Tutelle sans aval de leur hiérarchie.

Le Directeur Général Sidi Ould Salem reprochait à ses subordonnés d’avoir pris part à des réunions et transmis des données techniques sans se référer à leur direction générale. L’article cite que plusieurs responsables de la SOMELEC auraient été limogés pour cette raison.

Il est évident que Sidi Ould Salem, le Directeur Général de la Société Mère, en réagissant ainsi avait parfaitement raison. Les cadres de la SOMELEC dépendent avant tout de lui même si la Société elle-même, relève du ministère de la de l’Energie qui est sa tutelle.

Si donc il y’a eu à un moment bras de fer entre Sidi Ould Salem, le directeur Général de la SOMELEC et son ministre de tutelle Mohamed Ould Khaled, Sidi Ould Salem devait se souvenir qu’un ministre a toujours raison même s’il a tord.

Son passage réussi au Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique devait lui rappeler cette vérité criante. Que dans un pays comme le notre, un fonctionnaire recommandé par « En-Haut » ou le « En-haut de En-Haut » est parfois plus puissant qu’un Directeur Général quel que soit ce directeur général.

Le pauvre Sidi Ould Salem, un « repris de fonctions » n’a pas réussi à son examen de passage. Il n’a pas réussi à son examen de passage, simplement parce qu’il ne savait pas (ou il n’a pas eu le temps de savoir), la SOMELEC, comme la SNDE, comme la SNIM, comme le port de l’Amitié, comme TAAZOUR ou le Commissariat à la Sécurité Alimentaire sont des destinations prisées par des fils de grandes familles, des fils ou proches de députés, des beaux frères ou belles sœurs de ministres. Ces profils qui pullulent dans ces établissements sont des intouchables. Des intouchables, même s’ils n’ont aucun niveau académique, aucune compétence, et parfois même aucune expérience.

Si ces responsables de la SOMELEC, qui ont été visés par des sanctions ont assisté à des réunions sans autorisation préalable de leur direction générale, cela signifie simplement qu’ils ne connaissent rien à l’administration ou peut-être même, ils se croient hiérarchiquement dépendant directement de ceux qui les ont recommandés au moment de leur recrutement.

Quoiqu’il en soit, Sidi Ould Salem avait parfaitement raison de ne pas se laisser piétiner par ses subordonnés. Il a pris donc les pots cassés à cause de son refus de troquer son autorité contre les agissements de fonctionnaires sous ses ordres.

Il a donc parfaitement raison même si, dans le « palais SOMELEC » cela se passait comme cela avant, et même si auparavant cela ne dérangeait aucun de ses prédécesseurs.

Sidi Ould Salem, une personnalité publique incompréhensible ou incomprise ?

On peut affirmer, simplement que, peut-être Sidi Ould Salem est un responsable que beaucoup de gens n’aiment pas. Certains le trouvent très arrogant, d’autres le trouvent très insolent, et beaucoup le trouvent très hautain.

Ces qualificatifs lui collent à la peau parce que simplement s’il y’a une chose à laquelle, l’ancien ministre de l’Enseignement Supérieur tient beaucoup c’est avant tout le respect de sa propre personne. Et cela n’est pas un défaut. C’est une qualité.

A son passage au Ministère de l’Enseignement Supérieur, il avait pris à l’époque des décisions « osées » mais qui étaient justes et qui, surtout étaient dans l’intérêt de la réforme du système éducatif de notre pays.

A l’époque vous vous en souvenez, il avait été pris à partie par les étudiants, par les enseignants, par certains politiciens qui ne lui avaient pas fait de cadeaux. Normal, parce que Sidi Ould Salem croyait à ce qu’il devait faire dans l’intérêt du pays et surtout pour être fidèle à sa lettre de mission.

Mais malheureusement pour lui, sans le savoir, il faisait face dans son département à des vieux loups du « système Educatif », des infiltrés dans le département de l’enseignement pour des missions d’espionnage et surtout beaucoup d’autres qui étaient tous imbibés d’une tradition de corruption endémique dont ils tiraient des profits considérables qu’ils n’étaient pas prêts à perdre.

Parachuté, à la SOMELEC, il se retrouve dans un même cas de figure. Des responsables recrutés sur recommandation, parfois depuis de longues dates, qui s’enrichissent au dos du contribuable, qui sont versés dans des corruptions à un stade élevé, qui jouent parfois des rôles importants au sein de la société par personne interposée pour des responsables importants du système.

Peut-on déduire donc que Sidi Ould Salem, un responsable qui a une forte personnalité à la quelle il tient beaucoup est tombé dans un piège ?

Tombé ou pas ; dans un piège ou pas ; Sidi Ould Salem, un élément clé du système, un contre-poids de l’opposition Harratine radicale, titulaire d’un Doctorat en Science des Matériaux à l’Université de Lyon, avec à son Curriculum un DEA en Science des matériaux obtenu dans une université française, donne l’impression qu’il ne veut pas jouer à ce désordre instauré dans la sphère des administrations du pays par le recrutement de cadres qui se croient invulnérables parce qu’ils ont été recrutés sur ordre, recommandation ou décision des « En Haut » ou des « En-Haut des En-Hauts. »

Mohamed Ould Chighali

Journaliste indépendant

Groupe de Presse francophone de Mauritanie





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