Shems Maarif -- D.Trump, c’est D. Trump! Ceux qui veulent faire une lecture littérale et instantanée de ses faits et gestes en se suffisant de ses déclarations souvent terre à terre et déjantées, risquent de se perdre dans des conjectures, elles mêmes tout aussi incohérentes.

Pourtant, au delà des apparences folles d’un homme constamment au bord du délire, se cache un homme de son temps: celui d’une chute plus ou moins libre d’un Empire qui est encore( pour tres peu de temps sans doute)le plus puissant de l’histoire en termes absolus.

Trump fait feu de tout bois, pour sauver encore ce qui peut l’être, en redéployant les ailes de l’empire en déchéance, en conservant les emprises indispensables, tout en battant en retraite sur tous les théâtres autres qu’économiques au grand dam des Européens- qui ont longtemps fondé et conservé leur croissance sur l’exploitation effective du parapluie militaire usent des produits industriels et technologiques, à travers des échanges que Trump dénonce à grands cris, comme inégalitaires.

Suivant une telle approche étroitement commercialiste et utilitaire, le continent africain est pour lui, dans sa globalité, l’illustration de l’inutilité voire de la nocivité des rapports internationaux traditionnels des usa. Lors de son 1er mandat, les Etats peuplant le continent, sont » des Etats de merde »! Ni plus ni moins.

Des mendiants qui vivent aux crochets des usa, comme le reste du monde, mais en pire. Aujourd’hui, il ajuste sa doctrine au plus prés d’une réalité mondiale en rapide mutation qui échappe clairement à sa compréhension et à celle d’ailleurs de la plupart des décideurs et autres penseurs accompagnants du Grand occident en déclin.

C’est clairement suivant ce schéma de réajustement de sa politique étroitement utilitariste soutenue par la doctrine du recentrage économique et géopolitique tournée vers la rivalité quasi paroxystique avec la Chine qu’a eu lieu cette invitation d’apparence insolite de 5 Chefs d’Etat africains triés sur le volet, pour venir discuter avec lui et quasiment en direct à la Maison Blanche.

Bien sûr, cette approche globale de Trump présente de nombreux aspects qui échappent probablement à son auteur. C’est une approche paradoxale entretenue constamment par l’inattendu et l’instantané. Et le rapport de force brutal. Donc, il est en soi valorisant pour les chefs d’Etat invités.

Encore faut-il qu’ils comprennent tous qu’avec Trump, finie la diplomatie de l’usaid. Place à celle de la Bourse de New York. Ce qui intéresse l’Amérique de Trump, ce sont les réserves de gaz, de pétrole et de terres rares, et la relative stabilité des Etats invités.

Spécialement le Sénégal et la Mauritanie devraient se concerter encore plus étroitement pour atténuer les effets de rapine et de brigandage auxquels Trump n’hésite pas à recourir. Ils pourraient tirer profit comme un effet d’aubaine, du simple fait qu’atteste cette invitation, de ne pas être dans le collimateur de l’Oncle Sam.

C’est potentiellement une bonne chose pour attirer de futurs investisseurs américains et chercher à bénéficier de leur fantastique savoir-faire. Les nations asiatiques, après les européens,, ont su le faire avec intelligence et brio. Mais il ne faut jamais se laisser entraîner dans une concurrence des pauvres entre eux.

Ce potentielG6 de partenaires des usa ne doit pas être un G6 de valets, soumis au diktat américain ou à quelque autre puissance que ce soit. L’Amérique offre une occasion supplémentaire de s’unir face à elle et à chercher un nouveau partenariat transatlantique Nord-Sud, en corrélation avec nos autres partenariats.

Il faut s’en saisir et constituer non pas un club ou un axe proaméricain à l’intérieur de notre continent dont on sent bien qu’il commence à frémir et à lever la tête, mais un cadre de concertation aligné sur nos intérêts collectifs à long terme et avec tous.

Gourmo Lo

10 juillet 2025