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Faits divers - Baccalauréat 2025 : le défi de la cyber-triche
Le Calame -- Mardi 8 Juillet vers 10h, dans un centre d'examen du baccalauréat à Nouakchott, la situation paraît calme. Les candidats travaillent depuis 8h sur le sujet de leur matière principale. Le président du centre poursuit son va-et-vient entre les salles d'examen.
Son téléphone sonne. En ligne, le directeur des examens et concours : « Allez en telle salle et mettez le candidat numéro tel immédiatement à la disposition de la police. » Aussitôt entendu, aussitôt fait ! Voici le fautif remis aux policiers qui assure la garde du centre, jusqu’à l’arrivée de la CSPJ de Nouakchott Ouest qui l'embarque.
On saura plus tard que ce jeune candidat du bac scientifique fait partie d'une bande organisant la cyber-triche depuis le premier jour de l'examen. Identifiés et épinglés grâce aux efforts conjoints de la direction des examens, de la police et des compagnies GSM, ces cyber-criminels utilisent les téléphones, les VPN, les WIFI et autres gadgets pour communiquer aux candidats les solutions des épreuves, contre paiement en cash ou par applications (Bankily, Sedad, Masrivi, etc.).
Composée de plus de dix personnes dont une femme, cette bande comprend des informaticiens et des techniciens qualifiés en télécommunications. Plusieurs ordinateurs et machines ont été saisis par la police dans leur repaire.
Quoique des plus crédibles dans la zone, le baccalauréat mauritanien n’en est pas à son premier soubresaut. En 2000, un président de jury d'examen qui vendait les sujets d’épreuves avait été arrêté avec ses complices. Rayé de la fonction publique et emprisonné, il fut plus tard réhabilité par Mohamed ould Abdel Aziz et… nommé à un haut poste de responsabilité.
C'est après cette fameuse fuite que les hautes autorités décidèrent de prendre des nouvelles mesures draconiennes pour l'organisation du bac, lui assurant ainsi un tant soit peu de crédibilité.
En 2015, une fuite involontaire du sujet de physique obligea cependant le ministère de l'Éducation à reprendre l'examen. Rebelote en 2019 pour l'épreuve de maths en filière SN…
De son côté, la triche n’a cessé de perturber cet important examen. Ossature de la bonne organisation du bac, la surveillance décline depuis quelques années. « Depuis que la gestion de celle-ci a été confiée aux Directions Régionales de l’Éducation Nationale (DREN), la crédibilité de cet examen est en jeu », affirme un professeur.
Celles-ci ont délégué la surveillance aux enseignants du Fondamental et au personnel non permanent, négligeant les demandes réitérées des professeurs directement concernés. « Le perdiem de surveillance n'est ordinairement obtenu que par clientélisme et relation étroite », affirme un autre professeur.
La nouveauté cette année en ce qui concerne le déroulement de l'examen, c'est le rapport « harmonisé » de triche. En ce qui concerne la correction, une formation de deux jours est programmée pour les correcteurs.
Rappelons qu'une réunion s’est tenue à la veille de l'examen entre les présidents de jury et la ministre de l'Éducation, en compagnie du ministre de l'Intérieur, désormais partenaire officiel pour l'organisation du bac.
Mosy