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Maroc : un corridor militaire pour sécuriser la route vers la Mauritanie
APANEWS -
Rabat réfléchit à l’établissement d’un corridor militaire dans la zone tampon à l’est du mur de défense. L’initiative, liée à l’ouverture d’une nouvelle route vers la Mauritanie, pourrait réduire l’influence du Front Polisario et redessiner l’équilibre régional.
Le Maroc pourrait, dans les prochaines semaines, étendre sa présence militaire au-delà du mur de défense pour sécuriser une nouvelle route stratégique reliant Es-Semara à Bir Mogrein, en Mauritanie. Le projet, presque achevé, traverse une portion de territoire classée zone tampon par l’ONU, longtemps source de tensions entre Rabat, Alger et le Front Polisario.
Les plans sont déjà finalisés et prévoient la création d’un corridor de dix à quinze kilomètres de large, placé sous contrôle marocain direct.
L’objectif affiché est double : réduire la liberté de mouvement des milices séparatistes et consolider la souveraineté marocaine sur la région frontalière. Dans cette configuration, le Polisario verrait son espace d’action restreint à la zone adjacente à l’Algérie et au nord-est de la Mauritanie, dépendant alors du territoire mauritanien pour toute mobilité.
Ce projet soulève également des enjeux diplomatiques. Staffan de Mistura, l’envoyé spécial de l’ONU, a récemment présenté le conflit comme essentiellement maroco-algérien, marginalisant de facto le Polisario. Une telle évolution pourrait offrir à Rabat un espace politique pour agir, tout en plaçant Nouakchott devant ses responsabilités : toute attaque transfrontalière serait interprétée comme une incapacité à contrôler son propre territoire.
Sur le terrain, les Forces armées royales sont en état d’alerte permanente depuis le cessez-le-feu de 1991. L’opération d’El Guerguerate en 2020 a déjà prouvé leur capacité logistique à intervenir rapidement dans la zone. Toutefois, un obstacle subsiste : le besoin de véhicules blindés adaptés.
Les MRAP, résistants aux engins explosifs improvisés, sont considérés comme indispensables. Rabat s’est tourné vers des fabricants canadiens, mais se heurte aux restrictions d’exportation imposées par plusieurs pays occidentaux.
Harifi estime néanmoins que l’armée est prête à agir si le roi Mohammed VI en donne l’ordre. Une sécurisation de la zone tampon modifierait durablement les rapports de force dans le Sahara, renforçant la présence marocaine et réduisant la marge de manœuvre du Polisario.
MK/Sf/APA