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Campagne de confiscation des motos à Nouakchott : pas de précisions sur le mobile de la part des autorités
SAHARA MÉDIAS - Les autorités mauritaniennes ont lancé une vaste campagne de confiscation des motos, justifiant cette décision par des raisons liées à la sécurité publique, sans donner d’explications officielles.
Ces derniers jours, la police a confisqué des dizaines de motos dans le cadre de mesures visant à réduire le nombre d’accidents de la route et les actes criminels liés à l’utilisation de ces engins.
Le président du mouvement « Kevana », Yacoub Ahmed Lemrabott, a déclaré sur sa page Facebook que le mouvement avait discuté hier avec des responsables du ministère des Transports de la question des motos, et qu’il avait été surpris de constater qu’ils n’étaient pas pleinement informés des détails du dossier, selon ses propres termes.
De son côté, Cheikh Ahmed Ould Mohamed, conducteur de moto, a déclaré à la chaîne « Sahara 24 » qu’il avait été lésé par cette décision, car après son arrestation, il s’est retrouvé sans emploi et n’était plus en mesure de gagner sa vie.
Il a ajouté : « Après avoir payé mes impôts et enregistré les infractions, ils m’ont arrêté sans préavis, ce qui m’a privé de mon gagne-pain et m’empêche de trouver un autre emploi, et même si j’en trouvais un, il serait également confisqué ».
Cheruf Ahmed Barieh, l’une des personnes concernées, a demandé aux autorités compétentes, notamment au président de la République, « d’ordonner la libération de leurs motos afin qu’ils puissent continuer à travailler pacifiquement et à vivre sans perdre leurs clients », à l’instar de nombreux autres jeunes qui souffrent du chômage, dont le taux atteint 37 % parmi les jeunes Mauritaniens selon les chiffres officiels.
Dans une déclaration à la chaîne « Sahara 24 », l’expert en sécurité Mohamed Mahmoud Dah a déclaré que le gouvernement n’avait pas expliqué les raisons de cette décision dans un communiqué officiel, soulignant que ce type de problèmes « se répète sans cesse et que leurs conséquences restent négatives ».
L’expert a estimé que les motivations sécuritaires « semblent nouvelles », en particulier à Nouakchott où les accidents de motos sont fréquents et exposent souvent leurs propriétaires à des blessures graves.
Il a ajouté que la difficulté de contrôler le nombre de motos et d’identifier leurs propriétaires d’autant que l’utilisation de ces engins facilite les crimes de différentes natures, comme c’est le cas dans certains pays africains voisins.
L’expert a indiqué que la solution réside dans une volonté claire de contrôler et de réglementer le secteur, d’autant plus que les services de livraison de repas et autres ont contribué à résoudre de nombreux problèmes.
Il a affirmé qu’il était possible de concilier sécurité et liberté de circulation en fixant un nombre maximum de motos afin de faciliter leur suivi sur le plan sécuritaire et juridique, ce qui permettrait aux jeunes de continuer à exercer leur activité tout en garantissant leur contrôle.
Les habitants de la capitale se sont habitués à voir des motocyclistes parcourir les rues de Nouakchott jour et nuit, casqués, leurs coffres chargés de commandes de clients (nourriture, médicaments, etc.).
Revers de la médaille les motos sont également utilisées par des gangs dans certains quartiers de la capitale pour voler et poursuivre des personnes tard dans la nuit.
En mai dernier, des militants ont diffusé sur les réseaux sociaux des vidéos montrant un groupe de jeunes livreurs se plaignant d’être « agressés et volés de temps à autre par des gangs de motards ».