16:00
Pour une économie bleue, plus verte
Sidi El Moctar Taleb Hamme -- Pour une meilleure compréhension de cet écrit, on rappelle que traditionnellement on parle de l’économie maritime pour designer « toutes les activités économiques liées aux océans, aux mers, aux côtes et autres telles que la pêche et produits de la mer; la recherche scientifique marine; la formation maritime; le transport maritime; le courtage maritime; les ports; la sécurité et la sûreté maritimes; l’environnement maritime; la construction navale; les gisements offshore (pétrole et gaz); les banques et assurances maritimes; la classification; l’industrie nautique; les énergies maritimes renouvelables; l’action de l’Etat en mer, etc. » (https://cridem.org/C_Info.php?article=661297).
Des auteurs parlent aussi de l’économie océanique pour se référer toujours aux espaces aquatiques ou s’exercent les activités relatives aux domaines ou thématiques concernées dans le cas de l’économie maritime (écosystèmes aquatiques maritimes et dulcicoles, y compris les eaux souterraines).
Le concept de « économie bleue », lie l’exploitation des écosystèmes aquatiques maritimes et d’eau douce, à l’exigence d’assurer la durabilité de leurs ressources naturelles et à faire cette exploitation sur la base de 3 piliers interdépendants, en l’occurrence l’économique, le social et l’environnemental.
C’est-à-dire, concilier croissance économique, partage socialement équitable du fruit de cette croissance et préservation de l’équilibre environnemental. La vraie nouveauté qui distingue ce concept de celui de l‘économie océanique/maritime, est qu’il intègre les valeurs de non-usage, qui incluent la valeur de l’existence, la valeur d’option et la valeur d’héritage reconnaissant ainsi la valeur intrinsèque de la nature au-delà de son exploitation directe.
Inventé par l’entrepreneur et l’économiste belge Gunter Pauli en 1990, ce concept a reçu, depuis cette date, plusieurs définitions conçues, sous l’angle du développement durable ou sur fond philosophique, politique et scientifique, de la part d’un ensemble d’auteurs et institutions, spécialisés en la matière (https://cridem.org/imprimable.php?article=752606). Ce lien permet de découvrir ces définitions et les différentes couleurs que les spécialistes associent aux types d’économies qu’ils identifient.
Pour plus de pédagogie, on rappelle que les principaux secteurs de l’économie bleue sont toujours les secteurs traditionnels de l’économie maritime/océanique tels que la pêche, l’aquaculture, les transports maritimes, les ports, les assurances maritimes, le tourisme, les énergies renouvelables, les ressources minières offshore, etc.
L’économie verte, elle, adopte les mêmes piliers du développement durable (environnemental, social et économique) tout en les déclinant ou en les explicitant pour en faire de nouveaux piliers : réduction des émissions de carbone, la gestion efficace des ressources et l’inclusion sociale.
C’est exactement la définition, exprimée autrement, que donne la Banque Mondiale à l’économie bleue « l’utilisation durable des ressources marines pour la croissance économique, l’amélioration des conditions de vie, la création d’emploi et la préservation de la santé des écosystèmes marins.
Le présent plaidoyer pour une économie bleue plus verte, consiste à faire de l’expression « lier l’utile à l’agréable » de Horace, un impératif, voire une obligation légale et morale aux fins de relever les défis actuels et potentiels grâce à une résolution efficiente de l’équation, constituée des trois variables du développement durable : l’environnemental, l’économique et le social.
Une première indication en ce sens, en constitue la nécessite de la prise en compte, à côté des valeurs d’usage, des valeurs de non-usage pour marquer davantage les soucis de l’humanité envers les générations futures et du droit de celles-ci dans les ressources naturelles qu’on exploite aujourd’hui.
Le sacrifice d’une part minime de la croissance en faveur de l’environnement, le respect par les riches de leurs engagements lors des COPs et l’investissement dans les Energie renouvelables au détriment des fossiles et dans les technologies vertes, revêtent également un caractère humanitaire et traduisent un comportement éthique hautement louable.
A la lumière de ce qui précède, comment doit-on rendre l’économie bleue mauritanienne plus verte ?
Dr Sidi El Moctar TALEB HAMME
(À suivre)