17-06-2009 18:38 - Epanouissement du personnel : La SNIM peut mieux faire !

Epanouissement du personnel : La SNIM peut mieux faire !

La Société Nationale Industrielle et Minière, SNIM est incontestablement le plus gros pourvoyeur d’emplois après l’Etat en Mauritanie avec environ 5000 travailleurs. L’entreprise s’efforce certes d’améliorer les conditions de vie de ses travailleurs mais d’après différents avis, cette situation est loin d’être à la hauteur de la réputation de cette grande boite .

Pour le recrutement des ses travailleurs, la SNIM fait recours à deux types de contrats : Les contrats dits réguliers qui placent les travailleurs sous sa responsabilité directe et les contrats dits de sous-traitance. La SNIM emploie directement environ quelques 4000 travailleurs qui bénéficient tous de la couverture sociale en plus des autres avantages liés à leur grade.

D’après nos enquêtes, le traitement salarial des travailleurs de la SNIM a considérablement évolué ces dernières années. Comparé aux autres, l’employé de la Snim perçoit un salaire relativement beaucoup plus élevé.

Vu de l’extérieur, l’employé de la SNIM est perçu comme un privilégié. Mais selon les témoignages que nous avons recueillis, cette perception ne recoupe pas la réalité. «Nous ne sommes pratiquement jamais associés aux prises de décisions et nous n’avons pas droit à l’information relative à la gestion de l’entreprise ; le peu d’information que nous recevons, ne filtre qu’en période de crise.

Pendant ces moments difficiles, les responsables de ressources humaines, au lieu de nous rassurer, nous soumettent à une pression constante qui nous transforme en vilains coupables
» a tenu à préciser ce responsable syndical local. « Notre souhait, a t-il poursuivi, est de voir les employés de la Snim associés à la gestion de l’entreprise et ce à travers une participation effective au capital ainsi qu’au conseil d’administration.

Notre destin est inextricablement lié à celui de la SNIM , il doit donc en être ainsi aussi bien pour le pire que pour le meilleur.
» Malheureusement, les conditions d’hébergement des travailleurs de la Société Nationale Industrielle et Minière ne sont pas du type à favoriser le confort et l’épanouissement. Un tour à la cité Cansado, toute catégorie confondue, peut donner une idée du niveau de confort matériel et moral des travailleurs de la SNIM et de leurs familles.

Une entreprise de la dimension de la SNIM sait nécessairement qu’un employé bien formé et à qui on assure un confort moral et matériel est, à tous les coup, beaucoup plus rentable que celui qui travaille dans l’inquiétude.

Ailleurs dans le monde, des compagnies beaucoup moins importantes que la SNIM, contribuent , malgré leurs charges, non seulement à l’amélioration des conditions de vie de leurs employés et de leurs familles, mais aussi à celles des communautés riveraines et même de tout le pays dans lesquels elles travaillent.

La SNIM, elle, a beaucoup plus de raisons à s’imposer ce devoir ; d’abord comme entreprise tout court qui se soucie de son image et de sa réputation, ensuite comme opérateur économique qui est tenue de participer au développement socio économique du pays dans lequel elle travaille et cela doit prioritairement commencer par les employés et en fin comme société nationale qui utilise l’argent du contribuable mauritanien.

La Sous-traitance est elle justifiable ? La sous-traitance est un phénomène qui a toujours caractérisé la Snim depuis sa création. Dans l’inconscient collectif de la plupart des Mauritaniens, le concept de sous-traitance s’identifie aux villes de Nouadhibou et Zouérate avant de se répandre aujourd’hui dans tous les secteurs de la vie active Si cette disposition, qui consiste à louer les services ou les compétence d’une autre entreprise, est légalement prévue, son application elle, laisse beaucoup à désirer.

Le manque de clarté dans sa formulation laisse la porte ouverte à tous les abus. Les opérateurs en Mauritanien, au lieu de louer les services ou les compétences techniques d’une entreprise tierce, s’adonnent plutôt à une pratique qui est, dans la plupart des cas, assimilable à une exploitation impitoyable de l’homme par l’homme ; « les sous traitants sont tout simplement des vendeurs d’hommes » a pitoyablement lâché Mohamed, un célèbre vétéran de la lutte ouvrière. »

Cette catégorie de travailleurs généralement issue de couches défavorisées de la société, est employée dans les postes les plus exposés aux risques (carrière, surveillance soulé ou voiries). Certains de ces contrats peuvent, avec la complicité des services compétents, prévoir une certaine couverture sociale ;

Mais il n’est un secret pour personne que ces travailleurs sans défense perçoivent des salaires insignifiants et ne bénéficient d’aucune assistance sociale même en cas d’accident grave.

L’on trouve toujours des prétextes pour se débarrasser des plus affaiblis à la moindre faute. Cette parade permet de renouveler cyniquement les équipes, pratiquement tous les deux ans.

La SNIM ne doit pas prétendre ignorer les conditions dans les quelles ces opérateurs privés travaillent ; elle a le devoir non seulement au mon de sa responsabilité sociale d’assurer le bien-être de ses travailleurs directs et indirects mais aussi de s’assurer au nom de la loi que ses partenaires pourvoyeurs de services respectent le minimum standards.

Ce concept de Responsabilité Sociale communément appelé CSR suppose que toute entreprise notamment extractive doit prendre en compte « les effets responsables et irresponsables liés directement ou indirectement à l’activité de son entreprise dans le but de générer des bénéfices partagés par tous. »

Cela permet à l’entreprise d’une part de soigner son image et de consolider sa réputation et d’autres part d’avoir affaire à des individus en bonne santé physique et morale, donc rentables, et par ailleurs de contribuer au développement socio économique harmonieux des communautés et du pays hôte.

La SNIM n’est plus une société publique, elle est devenue une société d’économie mixte ouverte au capital privé, elle a donc intérêt à marquer son territoire et à développer son identité. Peut être que, jusque là, certains dirigeants de cette entreprise ont trouvé leurs comptes dans cette confusion.

Mais compte tenu de plusieurs facteurs, il est désormais grand temps que la SNIM prenne ses responsabilités et dise à tous les Mauritaniens quel est son statut ? Combien elle gagne ? Et comment elle utilise ce qu’elle, gagne ? Car cette société doit être logée au même enseigne que les autres compagnies minières.

Pour cela, elle doit servir d’exemple dans tous les domaines. Selon les divers avis, la situation des travailleurs de la SNIM s’est surtout dégradée à partir des années 80. Durant cette période, la SNIM a connu plusieurs cas de déflagrations ;

Cette situation peut s’expliquer en partie par la baisse du prix du fer, même si l’on sait que la Snim a toujours exporté le fer qu’elle exploite dans des conditions relativement avantageuses (à ciel ouvert) Malgré tout, qu’en est il de la période des années 2000, précisément à partir de 1998, où la SNIM aurait engrangé des bénéfices énormes ?

Paradoxalement c’est dans cette période que la réputation de la boite s’est terriblement entachée avec des restrictions d’avantages ainsi que des licenciements abusifs. Les représentants des travailleurs que nous avons rencontré, sont unanimes que l’arrivée de Youssouf Ould Abdel Jelil a été ressentie comme une énorme bouffée d’oxygène qui a soulagé tous les travailleurs de la boite ainsi que leurs familles respectives.

Nombreux sont les travailleurs qui craignent que son départ n’ait sonné le glas de la vision hautement sociale qu’il avait déjà commencé à imprimer à l’entreprise. D’après les mêmes sources, les nouvelles autorités de la boite affichent elles aussi de bonnes dispositions au dialogue social, mais déjà , les effets de la crise commencent à se faire sentir, plusieurs chantiers sociaux prévus au profit des travailleurs, ont été mis en veilleuse.

Après plus de 30 ans d’existence, ce n’est qu’en 2009 que les populations de Cansado, situé à 7 km du centre ville, vont bénéficier de leur premier collège d’enseignement général ! Certes la crise n’épargne aucune activité, mais cela ne doit pas être un alibi pour justifier une certaine attitude vis-à-vis des ressources humaines qui, il faut le rappeler, constituent le premier capital de toute entreprise.

Au niveau de Nouadhibou , les responsables de la Snim semblent être peut enclins à communiquer et le site web de la boite est en cours de refonte , néanmoins, nous avons essayé dans la mesure du possible de varier nos sources et restons disponibles à toute autre contribution dans le but d’éclairer davantage les Mauritaniens sur la situation des travailleurs au sein de notre emblématique société nationale et attirer l’attention des responsables de cette entreprise sur leur «Corporate Social Responsibility» .

Baliou Mamayary
Journaliste free lance Spécialiste des questions extractives

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