27-08-2010 00:39 - Consulat de France à Nouakchott : Du « tango » à la « lambada » pour l’obtention du visa français.
L’obtention d’un visa d’entée en France est devenue, pour les Mauritaniens, un chemin de croix au consulat de France. Ils sont nombreux aujourd’hui qui ne supportent plus les humiliations répétées à travers des séries de tracasseries, pour l’obtention de ce fameux sésame.
« Je ne me rends plus en France depuis 5 ans maintenant. C’est une destination qui ne vaut plus la peine quand vous êtes un africain. Ils n’ont aucun respect pour nous autre mauritanien », lance un ancien ministre mauritanien qui avait l’habitude de s’y rendre pour affaires. En effet, autres temps, autres mœurs ! Se rendre en France n’est pas chose aisée.
L’obtention du visa est un véritable parcours du combattant que les demandeurs doivent suivre ainsi que l’humiliation dont ils font l’objet. A Nouakchott, tous les jours, dès 5 heures du matin il faut faire la queue afin d’espérer faire partie des 35 personnes qui vont être retenue de la journée au fin d’instruire votre cas.
C’est donc 4 heures de patience devant les grilles de l’ambassade de France. Et pour peu que vous ayez la chance d’être retenue à 9 heures, votre calvaire n’aura pas pour autant fini. En fait il faut avoir les nerfs solides pour supporter le manque de civilité des fonctionnaires du consulat. « Ah, vous n’êtes pas venu le matin, donc revenez demain ». Aucune information précise ne vous est donnée sur tel ou tel aspect de votre dossier.
Ici on s’arrange toujours à rendre la vie difficile à tous ceux qui recherchent le visa. Pas même les bacheliers de l’école Française. Au moment où nous mettons sous presse beaucoup d’entre eux n’ont toujours pas le visa pour pouvoir aller s’inscrire dans des universités françaises. Or les inscriptions ont débuté et s’arrêtent au 31 août 2010.
Face à toutes ces tracasseries, les étudiants mauritaniens préfèrent poursuivre leurs études aux Etats- Unis, au Canada ou en Afrique du nord où, les conditions d’accueil sont jugées meilleures à celles de la France. Le consulat de France à Nouakchott doit être la vitrine de la République française au Mauritanie. Malheureusement il est devenu, par la faute de certains diplomates, nostalgiques d’une époque révolue.
La Cimade a tiré la sonnette d’alarme.
Au lendemain de la publication par la Cimade d’une enquête accablante pour l’obtention des visas par les consulats de France, le ministère de l’Immigration a annoncé qu’à partir du 5 mars 2011, tous les refus de délivrer le sésame de voyage court séjour seront obligatoirement motivés. Cela, en vertu de l’application du code communautaire des visas (CCV) adopté le 13 juillet 2009 par l’Union européenne. «Visa refusé» est le titre d’une intéressante enquête de 117 pages que vient de publier la Cimade, association catholique créée en 1939, dont la principale mission est de s’occuper de l’accueil et de l’accompagnement juridique et social des étrangers en France.
Dans une première partie consacrée à «l’analyse des politiques publiques et des pratiques consulaires», la Cimade estime sans détour que «le constat est accablant» et note : «Entre l’impossibilité d’accéder au consulat, le flou complet des documents à produire, dont la liste inexistante ne cesse de changer, selon l’interlocuteur, l’argent qu’il faut verser et qui n’est pas remboursé même si la demande est refusée, le soupçon de corruption, les délais d’instruction extrêmement variables, les refus oraux sans explication ni motivation, les information erronées sur les voies de recours quand le demandeur a la chance d’obtenir une information, on ne sait plus à la fin ce qui apparaît le plus choquant : opacité des procédures et des décisions, coût élevé de la procédure pour tout candidat, recours des consulats à des opérateurs privés qui se substituent à l’administration, passe-droits hissés au rang d’arguments diplomatiques, vérifications répétées et outrancières des éléments fournis.»
Selon la Cimade, les droits fondamentaux sont bafoués par ces traitements et ont des conséquences. «Des dégâts sont faits quant à l'image de la France dans de nombreux pays» et, «quand la voie normale d'accès au territoire français est rendue inaccessible», une forme d'incitation au recours à l'immigration clandestine est engendrée.
Moussa Diop