28-08-2010 15:28 - Polémique sur l’identité d’Omar Sahraoui.
Des sources marocaines généralement bien informées ont exprimé récemment leur grand étonnement à propos de l’extradition vers le Mali par les autorités mauritaniennes d’Omar Ould Sid’Ahmed Ould Hamma, plus connu sous le nom d’ « Omar Sahraoui ».
La transaction qui s’est terminée par la libération des otages espagnols détenus par l’AQMI contre l’extradition de Nouakchott vers Bamako d’Omar Sahraoui aurait révélé l’existence d’une relation donnée avec le Front Polisario et l’AQMI, surtout si l’on sait qu’Omar Sahraoui est originaire du Polisario, comme l’attestent ses papiers officiels d’état civil établis par la RASD, laquelle fait de la région de Tindouf algérienne un QG pour ses activités.
Les dites sources marocaines ont également condamné l’opération d’extradition, indiquant que les informations données par la Mauritanie sur l’identité malienne sont inexactes, exhibant l’acte de naissance d’Omar Sahraoui établit par le Polisario.
Malgré la gravité de cet imbroglio d’identité et ses corollaires dangereux sur la situation régionale, Nouakchott a hâté la remise d’Omar Sahraoui vers le Mali le 16 aout courant, alors que les autorités de Bamako n’avaient pas introduit une demande officielle auprès de la Mauritanie pour obtenir cette extradition.
D’ailleurs les autorités maliennes avaient démenti lundi dernier avoir reçu Omar Sahraoui, alors que des sources judiciaires mauritaniennes précisent que ce cerveau du rapt des otages espagnols indiquent son extradition par un avion spécial loué par l’Espagne.
Les mêmes sources marocaines ont également exprimé leur inquiétude à propos de la remise d’Omar Sahraoui à l’AQMI contre la libération des otages espagnols détenus par l’organisation islamiste, qui mène ses opérations terroristes dans la région du Sahel.
Notons aussi que Nouakchott avait justifié l’extradition d’Omar Sahraoui par les éléments obtenus sur l’identité de celui-ci indiquant qu’il est citoyen malien et que par application des conventions judiciaires liant ces deux pays, la Mauritanie a remis à Bamako son ressortissant. Mais des documents récents émis par le Polisario ont montré qu’Omar Sahraoui est natif d’El Vourssiya et qu’il y est membre actif.
Sur un autre plan, dans une analyse intitulée " Guerre ou paix: la supercherie du front Polisario ", dans laquelle il met à nu l'imposture des séparatistes, M. Chema Gil donne comme preuve de cette connexion entre le Polisario et AQMI, l'absence de toute confrontation entre les deux parties dans cette zone.
"Comment AQMI peut-elle accéder aux territoires mauritanien et algérien, enlever des ressortissants européens et ne pas commettre, en revanche, ces mêmes actes dans la région de Tindouf où se rendent pourtant plusieurs Européens"? s'interroge le journaliste espagnol, citant le cas des coopérants accompagnant les caravanes d'aides humanitaires aux Sahraouis des camps de Tindouf en Algérie.
Selon Chema Gil, qui met en garde contre l'éventualité d'opérations terroristes et/ou délictuelles à l'échelle internationale comme le trafic de drogue et celui des armes, de larges zones du Sahara et du Sahel sont le terrain d'opérations de groupes islamistes armés comme Al Qaeda au Maghreb Islamique (Aqmi) et d'autres groupes terroristes.
Cette réalité de la zone du Sahara et du Sahel et les risques qu'elle comporte en termes de sécurité pour les pays de la région et pour l'Europe a été démontrée par des analystes, des médiateurs des Nations Unies ainsi que par des centres européens comme l'European Strategic Intelligence Security Center (ESISC), qui ont attiré l'attention sur le risque de voir la région passer sous contrôle d'Al Qaeda. L'ESISC a tiré, depuis Bruxelles, la sonnette d'alarme sur les risques plus que potentiels d'une union d'intérêts entre AQMI et le front Polisario.
Dans un rapport publié en mai dernier, le centre établit un lien de cause à effet entre le "délitement du Polisario et le développement du terrorisme dans la région du Sahel".
Mohamed Mohamed Lemine
mdhademine@yahoo.fr