07-10-2010 15:40 - Le centre hospitalier mère et enfant : Cap sur les OMD !

Le centre hospitalier mère et enfant : Cap sur les OMD !

Inauguré par le premier Moulaye Ould Med Laghdaf, le 26 novembre 2009, le centre hospitalier mère et enfant (CHME) a démarré effectivement ses activités, dans la discrétion, le 25 juillet 2010. Son but, explique sa directrice, Dr Aissata Bâ, est d’offrir aux femmes et aux enfants, deux maillons faibles de la société des activités de qualité ; de contribuer à l’enseignement de la médicine et de la recherche médicale.

L’établissement va recevoir, à partir de l’année universitaire prochaine, les étudiants de la faculté de médecine de l’université de Nouakchott.

L’établissement rentre dans le cadre de la stratégie des pouvoirs publics visant à atteindre les objectifs 4, 5 et 6 des OMD, c’est-à dire, réduire la mortalité des enfants ; améliorer la santé maternelle ; combattre le VIH/sida, le paludisme et d’autres maladies, souligne la directrice du CHME. Un tour dans cet établissement situé en face du stade du Ksar donne une idée.

Un équipement dernier cri.

En pénétrant dans le CHME, on est frappé par deux choses : l’immensité et la propreté de cet établissement destiné, au départ pour loger le premier ministre de la République. C’est un véritable palais pour ne pas dire un château, avec une belle architecture. En le visitant de l’intérieur, on se demande comment une seule personne, fut-elle un PM, puisse occuper cette bâtisse. On soupçonne quelque part une espèce d’exagération pour ne pas dire de gaspillage.

C’est en faveur de l’arrivée du général Aziz au pouvoir le 6 août 2008 et sa croisade contre la gabegie que la décision d’en faire un centre hospitalier mère et enfant dont la prise en charge revenait aux autres structures de santé de la capitale. La mise en place de cette structure permet de trouver sur place toutes les prestations alors qu’auparavant, il fallait se déplacer d’une structure à une autre pour bénéficier de certains soins. En Mauritanie, les spécialités sont rares et ce qui en existe est dispersé dans différentes structures. La création de cet établissement permet désormais une prise en charge rapide des patients.

Construit donc au départ comme domicile, il aura fallu sortir tous les équipements et procéder à certaines modifications. Les travaux confiés d’abord au ministère de l’urbanisme et de la l’habitat avant d’échoir à la société Chinoise, COVEC. Les travaux ont prix une année avant la réception et le démarrage de certaines prestations, notamment les consultations puis les hospitalisations pédiatriques et de gynécologie, le 26 novembre 2009.

Pour accomplir sa mission, l’hôpital s’équipe peu à peu. « Le président de la République tient à ce que l’établissement soit occupé d’un matériel de dernier cri », nous indique sa directrice. A cet effet, une enveloppe de 2 milliards d’Ouguiyas a été dégagée par les pouvoirs publics pour équiper le CHME. Une partie de cet équipement est déjà disponible, ce qui, indique Dr Aissata Bâ, de faire aujourd’hui fonctionner l’hôpital à 70% de sa capacité.

Le reste de l’équipement est en instance de livraison (bloc opératoire) va être bientôt livré. Les services de chirurgie pédiatrique (une nouveauté), la réanimation néonatale, le service social pour la prise en charge des indigents, attendent de démarrer, ce qui croit la directrice, se fera, au plus tard, le 28 novembre prochain.

D’ici là, il est prévu de ramener les maternités de Sebkha et de l’hôpital national et de Cheikh Zaid au CHME. Une décision qui ne manquera pas de faire grincer des dents des différents responsables de ces structures parce qu’ils vont perdre un certain nombre davantage.

L’hygiène, notre défi majeur.

En dépit de son immensité, le CHME étonne et impressionne par sa propreté. Aucun sachet ou autre emballage ne traine dans les couloirs. Pas de bousculades devant les portes des services. Ici, les patients sont disciplinés. « La propreté est notre défi majeur, notre casse- tête quotidien», explique la directrice de l’établissement. CHME est vraiment « nickel ». Son jardin et ses arbres sont bien taillés.

C’est là semble-t-il le souci exprimé par le président de la République lors de sa première visite dans cet établissement : « veillez à ce que l’établissement reste de nickel », m’ a dit le président, lors de sa visite ici. C’est donc un gros défi pour nous.

La propreté de l’établissement est confiée, par un contrat, à un établissement de la place dénommé TPS dont les agents veillent à la propreté à l’intérieur du bâtiment qu’à l’extérieur. Cet organisation abat visiblement, du moins pour l’instant un important. « La tâche n’est pas aisée, mais nous ne ménageons aucun effort pour que l’établissement demeure un modèle de propreté, pour cela, nous avons besoin de l’apport de tous », nous déclare le responsable TPS de la propreté de l’hôpital, rencontré dans les couloirs.

Lutter contre les absences intempestives.

Mais, il est bien beau de se doter d’une structure aussi importante qu’est le CHME, et lui assigner la plus noble des missions, mais encore faudrait-il lui doter de moyens humains suffisants et de qualité. Sur ce plan, l’établissement dispose de 4 pédiatres, de 4 gynécologues, 5 médecins généralistes, 28 sages femmes, 20 infirmières et 99 de personnel non permanent. Or explique la directrice de l’hôpital, il faudrait 296 personnes, indique la directrice qui, outre sa tâche administrative, effectue des consultations et interventions gynécologiques.

La question qu’on se pose, au vu de ce qui se passe dans les autres établissements hospitalier, est : ce personnel travaillera-t-il à temps plein dans l’établissement, parce que nombre d’entre eux officient dans leur cabinets ou dans des cliniques privés. Pour palier aux absences des médecins qu’on observe dans tous nos établissements, la directrice du CHME, en bon manager manie l’exigence pour ne pas dire l’intransigeance et la souplesse.

Tout en reconnaissant les difficultés de gestion du personnel spécialisé, expérience acquise dans les différents établissements où elle est passée, Cheikh Zaid, Maternité de Sebkha, CHN, n’entend pas pour autant exercer de pressions inutiles sur son personnel, mais, « nous ne transigeons pas sur les absences intempestives et injustifiées.»

Pour cela, les horaires sont aménagées de sorte qu’à tout moment de la journée, il ya un médecin pour chaque spécialité à l’hôpital. Autre aménagement, la limitation des consultations et des analyses puisqu’au-delà de 20 patients, et 15 résultats d’analyse, le travail risque d’en pâtir, fait remarquer, Dr Bâ. Les patients qui arrivent à l’hôpital sont pris en charge dès la porte par des médecins généralistes afin de les orienter vers différents services.

Comme toujours, les premiers pas n’ont jamais été faciles, mais au CHME, les responsables ne ménagent aucun effort pour répondre aux nombreuses sollicitations des patients venus au début des quartiers de la banlieue, surtout de Teyarett. Un coup d’œil sur les statistique permet de se faire une idée de la provenance des patients, leur sexe, leur âge, leur pathologie etc. Les premiers patients sont au début venus de Teyaret, de Zatar. Depuis, le bouche à bouche aidant, les patients viennent désormais des quartiers de Toujounine, de Dar Naim et de Arafat.

Selon toujours les mêmes statistiques l’hôpital totalise, depuis janvier 2010, 8941 consultations pédiatriques, et depuis janvier 2010, 3000 urgences, 4302 consultations en gynécologie. Des chiffres qui ne vont pas tarder à monter, à compter de novembre prochain quand tous les services de l’établissement fonctionneront totalement, notamment la chirurgie pédiatrique et la réanimation néonatale.

Signalons que lors de sa visite, le président Med Ould Abdel Aziz a ordonné l’extension de l’hôpital par la construction d’un service réservé exclusivement à la gynécologie. Ainsi, la grande tente qui trône dans la cours et qui abritait une piscine sera dégagé au profit de ce service. L’objectif est d’augmenter les capacités d’accueil de l’établissement. Pour la directrice du CHME, l’ambition est d’arriver à 120 lits pour la gynécologie et 120 lits en pédiatrie.

Le service qui reçoit les patientes est pourtant pas mal garni. Devant la porte, Aissata Diop, surveillante générale, notre guide, nous prévient : ici, on ne peut pas y entrer ; il y a des femmes en « travail » ; on percevait leurs cris dehors. Le CHME, un cadre approprié de travail.

De part son standing, le CHME offre un cadre idéal pour les patients, mais aussi pour le personnel qui y travaille. Les chambres et blocs sont spacieux, propres dotés de la logistique nécessaire. Dans le compartiment réservé à l’hospitalisation gynécologie, les patients disposent de chambres individuelles dotées de tous les accessoires. On trouve même des climatiseurs mobiles dans les couloirs. Les femmes hospitalisées trouvées dans les lieux étaient toutes dans de bonnes conditions.

Selon la responsable du service, Aminetou Mint Sghair, il n’y a pas de problème avec les patients, tout se passe bien, le cadre est agréable. Son collègue de la pédiatrie, abonde dans le même sens et ajoute : en pédiatrie, nous avons 24 lits dont 13 sont occupés. Et de nous conduire au chevet d’un petit bébé de quelques mois souffrant de bronchopneumonie, « son état s’est nettement amélioré depuis les 3 jours qu’il est admis ici »

Pour ce qui est femmes, la directrice du CHME qui reçoit en consultations ses consœurs note des infections vaginales, urinaires, des troubles du sucre, des douleurs au bas ventre etc. La directrice de l’établissement invite ses consœurs à une plus grande vigilance ; elles doivent tôt consulter le médecin pour une pris en charge au moment opportun. Je reconnais que cela demande une forte sensibilisation.

Aux urgences, service par le lequel nous avons commencé le tour de l’établissement, une mère venait d’arriver de Hay Saken. Mariem, c’est son nom, tenait, dans ses bras un enfant de 14 souffrant dit-elle de diarrhée et de vomissements. L’enfant rapidement pris en charge était placé sous perfusion. Des pathologies les plus fréquentes chez les enfants, indique la directrice de l’hôpital. Evidemment, Il s’agit là de maladies causées par la malnutrition, précise-t-elle. Les patients admis à l’hôpital bénéficient de repas chauds servis par le service de la restauration situé derrière l’établissement.

Focus sur mortalité mères et enfant en Mauritanie.

La Mauritanie est l’un des pays qui accuse un retard dans l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) prévus à l’horizon 2015. Selon une étude récente du ministère de la Santé, le taux de mortalité maternelle et infantile se situe à 740 pour 100000 naissances vivantes. Pour palier ce retard, les pouvoirs publics multiplient des efforts. C’est dans ce cadre qu’une journée de réflexion a été organisée en janvier dernier autour des OMD, notamment sur ses points 4 et 5 précités plus haut. Un forfait obstétrical de 5500 à 6000 Um a été institué depuis 2002, ce qui a permis d’augmenter de 58% le taux des accouchements assistés.

Le Calame

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Commentaires (3)

  • tweyvenda (H) 12/10/2010 10:23 X

    soyons logique, comment vider un hopital de son service de cardiologie puis de pediatrie et de gyneco< a koi rassemle t il cet hopital, mais le centre mere et enfant et de cardiologie doivent rester des centres de references pour tous les cas serieux en plus imaginer k mere et enfant n`a ke 24 lits pediatrique alors qu`a l`hopital national on a 76 lits

  • habouss (H) 07/10/2010 21:27 X

    Une très belle initiative mais quelques remarques:

    - D'abord le matériel dernier cri n'a jamais rien soigné sans les hommes, et les hommes vous avez un problème de qualité;

    - Le problème de chevauchement avec les activités des autres centres hospitaliers demeure, à cause du manque de la définition et le caractère de la mission de centre;

    - Enfin méfions- nous des chiffres, le taux de 740 décès pour 100000 naissances vivantes date au moins de 10 ans, il était nécessaire de l'actualiser.

    Pour le reste tenez bon, par ce que les OMD sont loin d'être atteints.

  • badredine (H) 07/10/2010 21:12 X

    Bon courage madame ! La symbolique que constitue cette structure (transformation d'un palais de premier ministre) et son nom Hôpital mère et enfant, vous condamne à la réussite sans aucune forfaiture!