17-01-2011 00:49 - Une dictatures vacille. Après Ben Ali à qui le tour?
On peut tromper un peuple pendant un temps, on peut lui mentir pendant une période, on peut le réprimer des décennies durant, mais jamais on ne pourra briser sa capacité de résistance et le rendre soumis pour toujours. Pour tous les pouvoirs dictatoriaux et autocratiques qui en doutaient encore , le peuple tunisien vient de leur prouver l’exactitude de cette assertion et de quelle manière !
Tous les dictateurs sont avertis, s’ils avaient encore la moindre hésitation, le cas emblématique de Ben Ali devrait les convaincre définitivement que les dirigeants occidentaux n’ont pas d’amis ils n’ont que des intérêts à défendre et à protéger.
C’est quand même incroyable d’assister avec quelle facilité et quelle rapidité à la limite de l’indignité par laquelle Ben Ali a été lâché par ses protecteurs d’hier qui le considéraient il y a encore à peine une semaine comme un « rempart » contre l’intégrisme ou l’islamisme, comme un homme qui a « modernisé » son pays et qui l’a développé et semble-t-il avec une croissance économique importante et soutenue et qu’il est injuste de nier ses réalisations!
Quelle hypocrisie ! Ceux qui ont défendu ce dictateur pendant des décennies alors qu’il régnait sans partage d’une main de fer sur son peuple, avec des opposants emprisonnés et assassinés, ne lui reconnaissent aujourd’hui aucune circonstance atténuante. Ceux qui l’ont laissé durant des semaines faire un carnage contre sa jeunesse, lui ont subitement trouvé tous les défauts et il devient même indésirable sur leur sol national! Un rempart n’est utile que si l’on s’en sert, après il est bon pour la poubelle.
Tous les « remparts » qui contre le terrorisme, qui contre l’immigration clandestine ou les deux à la fois, qui pour protéger leurs privilèges économiques et financières doivent dés à présent chercher rapidement d’autres cieux de protection avant qu’il ne soit un peu tard.
En Mauritanie, le pouvoir en place doit aussi méditer le cas tunisien. Il y a quand même des similitudes entre la situation politique tunisienne et celle que vit aujourd’hui notre pays : Le blocage de la situation politique, contrôle des médias d’Etat et au service d’une propagande mensongère, une « majorité » composée essentiellement d’anciens « gabegistes » qui n’a rien à envier à l’ex PRDS du dictateur Ould Taya, marginalisation des acteurs de la vie nationale, emprisonnement des défenseurs des droits de l’homme, un pouvoir encerclé par des applaudisseurs sans dignité, qui comme des chiens enragés sont prêts à insulter, à diffamer et calomnier (d’ailleurs sans conviction) tout opposant qui ose s’attaquer à la politique aventuriste du pouvoir pour se faire remarquer par le chef « éclairé et bien aimé », le chômage qui atteint un seuil intolérable et plus particulièrement chez les jeunes et des difficultés croissantes de survie pour les populations les plus déshéritées.
Dans une conjoncture nationale particulièrement grave où les prix augmentent à une vitesse impressionnante où la pauvreté gagne la quasi-totalité des couches de la population, le peuple attend du premier ministre et de son gouvernement, non pas des déclarations et des promesses creuses, un discours qu’ils ne cessent de répéter depuis maintenant plus de deux ans, mais des actes concrets, une baisse réelle et immédiate des prix des produits de première nécessité.
La Mauritanie soumise à toutes sortes de menaces extérieures et intérieures fait face également aux fossoyeurs de l’unité nationale. Les courants chauvins et obscurantistes et rétrogrades ont investi tous les rouages de l’Etat tentent par tous les moyens de saper le fondement même de la Mauritanie. Cette monté actuelle du chauvinisme et la marginalisation accentuée qui en découle dans l’administration et dans les rouages de l’Etat représentent une véritable bombe à retardement redoutable pour l’existence même de la Mauritanie.
La crainte légitime suscitée par la nouvelle politique de l’Etat civile qui marginalise les maires au détriment des « fonctionnaires souvent véreux ou de crédibilités douteuses doit être une préoccupation majeur pour tous les patriotes. Le mécontentement et la colère des paysans de la vallée qui assistent à la confiscation de leurs terres sans autre forme procès doivent être rapidement prises en compte pour éviter à ce pays déjà martyrisé, d’autres souffrances encore.
Il est temps que le pouvoir mette fin à sa politique de diversion qui l’a caractérisé depuis le coup d’Etat et décide d’engager un dialogue franc et sincère avec l’opposition sur tous les sujets d’ordre national. La Mauritanie n’est pas la Tunisie, la plus grande crainte que l’on peut avoir dans la conjoncture actuelle est qu’une explosion n’entraine une implosion. Qu’Allah protège la Mauritanie !
Maréga Baba/France
