21-02-2011 16:54 - L'armée bombarde Tripoli, des témoins évoquent des 'massacres'
Le pays est au bord de la guerre civile. Des affrontements meurtriers ont eu lieu lundi dans les quartiers de Fachloum et de Tajoura à Tripoli, selon des habitants. L'un d'eux parle de "massacre".
La situation en Libye était assez opaque lundi soir. Une chose était sûre : la contestation contre Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis 1969, s'est bel et bien propagée dans tout le pays. Partie de Benghazi, à l'Est, la semaine dernière, elle a notamment atteint la capitale Tripoli. Après les premières manifestations de dimanche, de nouveaux affrontements s'y sont déroulés toute la journée.
Et la répression y serait féroce. Une opération menée par les forces de sécurité contre "les terroristes" a fait plusieurs morts, a annoncé la télévision d'Etat, qui a montré des images "en direct" de manifestants pro-Kadhafi sur la principale place de la capitale. Des avions de l'armée de l'air auraient aussi tiré sur le foule et bombardé des quartiers entiers, selon des témoins, qui s'inquiètent aussi de la présence de "mercenaires".
Des bilans font état de plus d'une centaine de morts dans ces bombardements. Ils viendraient s'ajouter aux 400 cités par les ONG lundi matin.
En province, les forces de sécurité auraient en revanche beaucoup plus de mal face aux manifestants. Plusieurs villes, dont Benghazi, seraient ainsi tombées aux mains des rebelles, grâce notamment à l'aide de policiers et de militaires qui auraient pactisé avec les opposants. Ces informations ont été démenties par le régime.
Défections au sein du régime
Face à la situation, la communauté internationale -UE, Onu, pays occidentaux comme la France..- se dit indignée par l'usage de la force et exige l'arrêt des violences. Plusieurs dignitaires du régime -ambassadeurs en Chine et en Inde, ancien porte-parole du gouvernement- ont aussi protesté contre la répression. Le ministre de la Justice aurait même démissionné.
L'ambassadeur libyen à l'Onu affirme également que Mouammar Kadhafi "a déclaré la guerre à son peuple" et demande une intervention. Deux pilotes de l'armée de l'air, qui ont refusé d'obéir aux ordres, se sont de leur côté enfuis à Malte avec leur appareil respectif.
Comme seule réponse, Seif Al-Islam, fils de Mouammar Kadhafi, et héritier présumé, a annoncé la création d'une commission d'enquête, présidée par un juge libyen. Dans la nuit de dimanche à lundi, il était déjà intervenu à la télévision pour agiter le spectre de la guerre civile et dénoncer un complot. Il semble donc avoir pris la situation en main.
Le Venezuela ?
Mais c'est surtout une petite phrase de William Hague, le chef de la diplomatie britannique, qui fait l'objet de toutes les interrogations. Il a en effet indiqué avoir été informé d'une éventuelle fuite du dictateur. Il a même précisé une destination : le Venezuela. "Vous m'avez demandé tout à l'heure si le colonel Kadhafi est au Venezuela. Je n'ai pas d'informations affirmant qu'il s'y trouve, mais j'ai eu vent d'informations qui laissent penser qu'il est en route vers là -bas en ce moment", a-t-il dit en milieu d'après-midi aux journalistes en marge d'une réunion des chefs de la diplomatie de l'Union européenne à Bruxelles (écoutez sa déclaration ci-contre).
Des diplomates ont précisé que Wiliam Hague ne se référait pas aux rumeurs circulant dans les médias sur le lieu où se trouverait Kadhafi, mais à des sources distinctes pour les informations en question. Au Venezuela, le président Hugo Chavez, un proche de Kadhafi, a démenti. Tout comme le ministère libyen des Affaires étrangères.