25-04-2011 14:56 - Episode d’un chemin avec le confrère Mohamed Baba Ould Echvagh.

Episode d’un chemin avec le confrère Mohamed Baba Ould Echvagh.

Il y a des gens que tu accompagnes longtemps et quand vous vous séparez, tu ressens ton esprit se libérer d’un ennui pesant. Tu cherches en vain à leur trouver des traces positives dans ta vie, à part des signes, te rappelant une période qui te paraît longue, étouffante et triste…Leur simple départ fait comme s’ils n’avaient jamais existé.

Il y a d’autres que tu envies, quand le destin les place sur ton chemin, pour partager avec eux, un épisode d’un parcours, qui s’imposent comme une marque vide dans ta vie professionnelle, retenue à jamais par ta conscience. C’est ainsi que ma mémoire a fait avec le Professeur Mohamedhen Baba Ould Tchvagha.

J’ai conservé dans un registre les moments les plus réputés de cette période de temps, pendant laquelle, j’ai collaboré à ses côtés, dans le travail, au sein de l’équipe du bureau Al-Jazeera en Mauritanie.

Cinq ans au cours desquels, le bureau a couvert deux coups d’Etats, deux scrutins présidentiels ainsi qu’une crise politique aigue survenue en 2008, en plus de plusieurs attaques d’Al-Qaeda au Maghreb Islamique.

A ce palmarès d’événements, s’ajoute aussi, ces reportages divers, ayant permis au bureau, de faire connaître les traditions et les habitudes de la Mauritanie, ses potentialités touristiques, culturelles, techniques, son patrimoine, en plus de ces documentaires réalisés sur les villes historiques comme Oualata, Chinguitti et Ouadane.

Cinq ans marqués également par des reportages à vocation humaine, ayant porté sur les souffrances vécues par de nombreuses franges de la société mauritanienne, pendant lesquels nous avons discuté aussi, entre autres questions, des problèmes des sourds, des aveugles, des mendiants, des habitants des quartiers précaires, des malades du cancer, de l’insuffisance rénale, des victimes du viol et des malheurs des villes sinistrées par les inondations.

Cinq ans, au cours desquels, le téléspectateur arabe est devenu plus édifié sur la place géographique de la Mauritanie, plus sûr de ne pas faire la confusion entre ce pays et les Iles Maurices ou l’archipel des Comores. De surcroît, les visages des hommes politiques, de culture, de l’art et de la religion sont devenus familiers et connus par le public d’Al-Jazeera.

Pendant toute cette période « Baba », comme l’appelle les collègues au sein d’Al-Jazeera, nous incitait au respect des principes, qu’il considère clé du succès, et dont il n’est pas permis l’ignorance.

Il était tenace à la neutralité, à la précision, à l’objectivité, à l’équilibre et à la recherche des scoops médiatiques. Nous avons passé par des périodes difficiles, pendant lesquelles nous avons été accusés par chacune des parties rivales de partialité à l’endroit de l’autre.

Nous nous sommes exposés aux insultes publiques et directes, à travers les journaux et les sites électroniques. Plusieurs parties et personnalités avaient adressé des lettres au directeur de la chaîne, portant plainte contre le manque de notre objectivité et l’absence de notre équilibre. Il a été victime de violences et d’humiliation au cours de la couverture d’activités politiques.

Le bureau a été également saccagé au cours des élections présidentielles de 2007 par les sympathisants de l’un des candidats, qui le visaient personnellement. Dans toutes ces situations, Ould Tchavagh est apparu correct, confiant en lui-même, compréhensif des positions des autres qui ne désirent pas entendre ce qu’ils détestent sur l’écran d’Al-Jazeera, disant que c’est un épisode des peines du métier des épreuves.

Ces pressions n’ont fait que renforcer sa détermination à poursuivre la couverture de tous les importants événements du pays, avec le même rythme, permettant d’écouter à travers l’émission « El Hassad El Megharibi » toutes les opinions exprimées en Mauritanie, traitant tous les sujets sans contrôle, ni censure.

Il ne nous a jamais fait sentir qu’il est un directeur autoritaire, se berçant dans son bureau, dictant dictatorialement ses ordres, sans prendre notre avis en considération. Nous lui témoignons unanimement son objectivité, sa modestie, sa bonté, sa piété, sa ferveur et sa bonne conduite. Il n’a fait aucun mal à personne.

« Baba » était toute cette période un père respecté, un frère franc, un collègue qui donne les conseils et un guide loyal et fidèle. Il sera tel Incha Allah. Il nous manquera certainement. Il laissera sans doute un grand vide, que j’espère, avec le reste des collègues du bureau, combler malgré le pari à relever.

Mais, je ressens beaucoup de fierté en le voyant poursuivre son ascension méritée dans la chaîne Al-Jazeera ; si la direction a décidé de le promouvoir, pour superviser le bulletin d’information sur le Maghreb Arabe. Le fait de l’investir de ce programme télévisé à large écoute est une preuve irréfutable de la confiance que la chaîne Al-Jazeera lui accorde pour son professionnalisme et pour son énergie.

C’est également un démenti solennel et catégorique apporté à toutes les rumeurs et fausses explications sur son retour au siège de la chaîne à Doha. Je souhaite que le Professeur Mohamedhen Baba Ould Tchavagh récolte tous les fruits du succès qu’il mérite et qu’il demeure un éminent symbole de l’espace médiatique et des milieux de la communication, qu’il soit récompensé par Allah autant que sa bonté.

Nous sommes redevables à son endroit et sur son chemin professionnel nous marcherons Incha Allah.

Zeinebou Mint Erebih
Ex- correspondante d’Al-Jazeera à Nouakchott

Traduit par Mohamed Ould Mohamed Lemine

Commentaires : 5
Lus : 1464

Postez un commentaire

Charte des commentaires

A lire avant de commenter! Quelques dispositions pour rendre les débats passionnants sur Cridem :

Commentez pour enrichir : Le but des commentaires est d'instaurer des échanges enrichissants à partir des articles publiés sur Cridem.

Respectez vos interlocuteurs : Pour assurer des débats de qualité, un maître-mot: le respect des participants. Donnez à chacun le droit d'être en désaccord avec vous. Appuyez vos réponses sur des faits et des arguments, non sur des invectives.

Contenus illicites : Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes ou antisémites, diffamatoires ou injurieux, divulguant des informations relatives à la vie privée d'une personne, utilisant des oeuvres protégées par les droits d'auteur (textes, photos, vidéos...).

Cridem se réserve le droit de ne pas valider tout commentaire susceptible de contrevenir à la loi, ainsi que tout commentaire hors-sujet, promotionnel ou grossier. Merci pour votre participation à Cridem!

Les commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.

Identification

Pour poster un commentaire il faut être membre .

Si vous avez déjà un accès membre .
Veuillez vous identifier sur la page d'accueil en haut à droite dans la partie IDENTIFICATION ou bien Cliquez ICI .

Vous n'êtes pas membre . Vous pouvez vous enregistrer gratuitement en Cliquant ICI .

En étant membre vous accèderez à TOUS les espaces de CRIDEM sans aucune restriction .

Commentaires (5)

  • moussa_mboyrik (H) 26/04/2011 08:26 X

    Ahmed12B Almutenabbi Dans quel monde sommes-nous ? Cette dame a jugé utile de porter un jugement sur un homme qui a été son patron et de surcroit un homme public et ceci est son droit le plus absolu. De quel droit vous permettez-vous de vous dresser en censeurs de l’opportunité ou non du jugement qu’elle a émis. Arrêtez cette tentative de nous imposer une chape de plomb et de nous dicter ce que nous devons ou non dire sur ce forum.

  • Yacoubelhakem (H) 26/04/2011 07:35 X

    Témoignage d'une journaliste à son confrère qu'elle estime beaucoup, mais,en arabe, il aurait été plus compréhensible!

    Mes respects pour le traducteur qui n'était, peut-être pas dans le meilleur de ses jours!


  • moussa_mboyrik (H) 25/04/2011 21:13 X

    Ahmed12B
    Almutenabbi

    Dans quel monde sommes-nous ? Cette dame a jugé utile de porter un jugement sur un homme qui a été son patron et de surcroit un homme public et ceci est son droit le plus absolu. De quel droit vous permettez-vous de vous dresser en censeurs de l’opportunité ou non du jugement qu’elle a émis. Arrêtez cette tentative de nous imposer une chape de plomb et de nous dicter ce que nous devons ou non dire sur ce forum.

  • almutenabbi (H) 25/04/2011 16:06 X

    Ceci n'a aucune importance. Un pseudo-journaliste qui n'a jamais fait du journalisme a la fac et qui se fait muter a Doha ou a Teheran, quel est l'interet pour le lecteur de savoir ce que pense de lui l'une de ses collaboratrices?

    Madame, vous feriez mieux de nous dire ce que vous pensez et ressentez de ceux qui nous gouvernent depuis 50 ans. A moins que vous ne souhaitiez faire comme les Europeennes et vous envisagerez peut etre de nous ecrire, la prochaine, sur votre depression suite a l'abandon de votre chat...

  • ahmed12b (H) 25/04/2011 15:59 X

    Du n’importe quoi ! il s’agit là de propos dithyrambiques d’une journaliste qui veut remercier son ancien patron (et proche parent) qui l’a recommandé pour le remplacer à la tête du bureau d’aljazeera à Nouakchott.

    Le professionnalisme et le sérieux auquel vous faites allusion n’ont jamais existé à part chez Lefghih ou Souvi dans votre bureau qui a été un appendice du RFD avant le 6 aout 2008 et une tribune du HCE et du régime actuel par la suite. Alors trêves de balivernes.

    Combien de fois ya t-il eu reportages sur les refugiés ? sur les cas d’esclavage ? sur la Mauritanie de la vallée ? sur les allégations de gabegie du pouvoir ? sur les opérations militaires au nord du Mali ?Nada !

    Au contraire vous jouiez avec «Baba» aux pompiers.. Et chacun sait votre engagement durant le putsch quand vos journalistes manifestaient en faveur de la junte ainsi que l’esprit clientéliste, tribaliste et sectaire qui sous tend vos relations également le milieu de la presse. C’est pourquoi quand on a appris que Baba est parti on a laissé pousser un grand ouf de soulagement en disant comme le tunisien : Â« Heremina, heremina, ghableu hadhihi ellahdha ettarikhiya Â»