22-07-2011 09:46 - Boghé : Sit-in du Mouvement « touche pas à ma nationalité » devant le CAC - [Rep. Photos]
Le Mouvement « Touche pas à ma nationalité », section de Boghé a organisé ce jeudi de 10 heures à 11 heures, un sit-in pacifique devant le centre d’accueil de l’Agence nationale du registre des populations et des titres sécurisés, pour protester contre les tracasseries dont sont victimes les citoyens qui s’y présentent pour se faire enrôler.
Des centaines de jeunes, femmes et même des personnes âgées se sont rassemblés devant le centre d’état-civil (ex-Maison du livre) portant des brassards aux couleurs nationales (jaune et vert) et des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : « les mêmes droits pour tous », « non à la division du pays », « touche pas à ma nationalité », « non au recensement à caractère raciste » en scandant des slogans hostiles aux responsables locaux et nationaux chargés des opérations.
« Yo nattu ! (Ça suffit), Yo laab « ! (Que ça soit transparent), entonnaient-ils en chœur sous l’œil vigilent de quelques éléments de la garde nationale qui veillaient au grain.
Plusieurs personnalités (représentants d’organisations de la société civile, de mouvements associatifs de jeunes, des notables) ont pris la parole pour fustiger « les interrogatoires humiliants auxquels sont soumis de nombreux citoyens qui ont pourtant rendus de bons et loyaux services à la Nation ». Ils ont tiré à boulets rouges sur les responsables de l’ANRPTS et leurs agents dont certains n’hésitent pas à s’ériger en juges de la "mauritanité" et en "reconstructeurs" d’une nouvelle identité nationale.
Après ce ballet d’interventions, une déclaration rédigée la veille par le comité de pilotage du sit-in, a été lue par M. Alassane Dem, étudiant à l’Université de Nouakchott. Le texte dénonce « l’opacité dans laquelle se déroule l’opération d’enrôlement ainsi que le mépris manifesté par le chef du centre à l’égard des populations locales en général, ceux issus de la communauté négro-africaine en particulier ».
Les auteurs de la déclaration s’insurgent également contre « les tracasseries et les interrogatoires humiliants qu’on fait subir aux candidats au recensement » munis pourtant de leurs pièces d’état-civil dûment signés par les autorités administratives ou sécuritaires (RANVEC 98, CNI, Copie intégrale d’acte de naissance).
Par ailleurs, le texte mentionne que jusque-là , « il n’existe aucune note méthodologique, encore moins de procédure claire pouvant convaincre le citoyen de la pertinence des référents de l’IDEP en matière d’identification du citoyen qui se présente pour se faire recenser auprès du CAC » avant de souligner que « tous ces agissements sont en porte-à -faux avec les dispositions de la loi 2011-003 abrogeant et remplaçant la loi N° 96.019 du 19 juin portant code de l’Etat-civil et qui stipule dans l’alinéa 2 de l’article 4 que « l’enrôlement est obligatoire et peut-être fixe ou mobile ».
Par conséquent, le mouvement « touche pas à ma nationalité » /section Boghé exige l’arrêt immédiat des tracasseries, le respect scrupuleux des lois, arrêté et décret d’application en la matière, l’organisation de vastes campagnes de sensibilisation sur ce sujet à travers notamment les médias d’état, le recensement des citoyens rejetés pour des raisons subjectives et appelle les populations « à rester vigilants et mobilisés pour organiser tous les jeudis à 10 heures une manifestation similaire si ces revendications légitimes ne sont pas satisfaites.
A l’issue de cette action hautement symbolique, la 1ère du genre organisée à Boghé depuis l’ouverture du CAC, les responsables du comité de pilotage ont été reçus par le Hakem de la mouqata’a à qui ils ont remis une copie de la présente déclaration.
Notons enfin qu’hormis les éléments de la garde chargés d’assurer la sécurité des lieux, la police d’habitude, prompte à faire des interventions musclées en pareilles occasions a fait profil bas tout au long de la manifestation qui n’était pourtant pas autorisée.
Dia Abdoulaye