16-08-2011 18:39 - De l’esclavage en Mauritanie
Les incidents récurrents provoqués par Birame Ould Abeid et sa milice, l’IRA, autour de la question de l’emploi domestique d’enfants mineurs descendants d’esclaves, prennent aujourd’hui une ampleur médiatique et sécuritaire qui doit interpeller le sens civique des citoyens mauritaniens.
Ces incidents confirment une tendance chez Ould Abeid à se faire justice lui-même et à tenter de provoquer des frictions directes entre les communautés nationales.
Dans un monde en perpétuelle ébullition, où les forces du mal sont à l’affût d’opportunités d’«investissement», sous les oripeaux fallacieux de la quête de la liberté et de la démocratie, la thématique de l’esclavage ne doit pas demeurer une affaire de scoops médiatiques, de financements extérieurs d’ONG ou de faits divers; il y va de la survie de notre nation, à moyen terme.
1. Prestidigitation médiatico-financière
Le dernier incident en date provoqué par Ould Abeid et sa milice, a consisté à alerter la police au sujet d’un cas présumé d’esclavage à Arafat. La police se rend aussitôt sur les lieux, en compagnie de membres de l’IRA.
Ensemble ils constatent que la demeure visée n’abrite pas l’enfant mineure signalée par Ould Abeid, néanmoins et sur la base du seul témoignage -les voisins réfutent en bloc les accusations de l’IRA- de ce dernier, la police arrête la maîtresse de maison et la conduit au commissariat où elle sera gardée à vue.
Ould Abeid et sa milice décident d’organiser un sit in devant le commissariat où est détenue la prévenue, pour faire pression sur les autorités judiciaires et attirer l’attention des médias, au lieu de partir à la recherche de nouveaux éléments probants, susceptibles d’étayer leurs accusations.
A la fin de cette période de garde à vue, la dame est présentée devant un juge d’instruction et doit être libérée sous contrôle judiciaire; on n’a pas besoin d’être juriste pour comprendre que le dossier de cette dame reste ouvert et que Ould Abeid a le loisir d’y verser tout nouvel élément à charge.
Le sit in devant le commissariat entre dans le cadre d’une gesticulation médiatique à destination de certaines ONG occidentales, bailleurs de fonds d’Ould Abeid et de sa milice.
Au cours de ce sit in, les membres de la milice, abreuvent les usagers du commissariat et les simples passants, d’invectives et d’insultes contre les «beydanes», maures. Par anticipation de la libération de la prévenue, à la faveur de la fin de la garde à vue, Ould Abeid et sa milice décident de prendre d’assaut le commissariat, alors que leur sit in n’avait jusqu’ici nullement été perturbé par la police.
Un officier de police fut sévèrement giflé par un comparse d’Ould Abeid et la police d’intervenir pour repousser les assaillants afin de protéger une institution publique et éviter que les miliciens n’entrent en contact physique avec la prévenue.
Au cours de cette intervention, la police recourt au gaz lacrymogène et interpelle les éléments les plus violents dont l’auteur de la gifle assénée à l’officier. Nul n’est au-dessus de la loi et la seule qualité autoproclamée de militant anti-esclavagiste ne confère aucune immunité juridique.
Le «numéro» de prestidigitation médiatique d’Ould Abeid et de sa milice, continuera lorsque les personnes interpellées furent présentées devant le tribunal, pour un jugement en flagrant délit; en effet l’avocat de la défense a demandé le report d’une semaine du procès, dans le dessein d’avoir le temps d’«ameuter» le maximum d’ONG occidentales et de mériter ainsi leurs subsides. Plus exactement, il s’agit d’un «versement» médiatico-politique, dans le cadre de la vente à tempérament de la cause de l’unité nationale, auprès de ces ONG.
La COD, prompte à accorder un blanc seing dès lors qu’il s’agit de dénigrer les forces armées et de sécurité mauritaniennes où qu’elles opèrent, se dépêche de se solidariser d’Ould Abeid et des assaillants du commissariat interpellés.
La nébuleuse des Droits (sélectifs) de l’homme s’en donne à cœur joie et se dépêche de «claironner» -elle aussi- sur tous les toits, le slogan qui vaut son pesant d’or auprès d’organisations sionistes: Mauritanie, dernier pays esclavagiste au monde! En reconsidérant le déroulement des faits ci-dessus décrits, l’on mesure l’ampleur de la manipulation et de son potentiel de nuisance, au regard de la paix civile.
2. «Deux sous de jugeote…»
Si Ould Abeid et ses miliciens, en mal d’exploit médiatique, éprouvent tant de difficultés à mettre la main sur un seul cas avéré d’esclavage d’enfants, dans une ville comme Nouakchott qui abrite -au bas mot- le tiers de la population mauritanienne, c’est que probablement le phénomène en question a quasiment disparu.
Ceci peut ne pas dissuader les militants de la «vingt cinquième heure» de la cause anti-esclavagiste, de s’exposer aux projecteurs grisants et lucratifs des médias en général et de la «blogosphère» en particulier, à la recherche des «600 000 esclaves» qui -selon O. Abeid- manquent à l’appel.
Si l’Assemblée nationale est aujourd’hui présidée par une figure emblématique du mouvement anti-esclavagiste Elhor, grâce aux voix d’un large spectre de sensibilités nationales, c’est que probablement les mentalités ont atteint leur ultime niveau d’évolution, au sujet de la question de l’esclavage.
Si Ould Abeid et sa milice écument les foyers maures à la recherche d’un hypothétique mineur exploité et si les autorités actuelles tolèrent ces agissements et prêtent foi à leurs accusations parfois invérifiables, c’est que probablement ces autorités savent que la réalité de ce phénomène d’esclavage est à présent marginale et que Ould Abeid peut…courir toujours.
En effet, le dispositif légal mauritanien contre le trafic et l’exploitation des êtres humains, est si sophistiqué que même les criminels les plus aguerris y réfléchiraient par deux fois avant d’oser commettre leurs forfaits. Le lecteur sceptique peut comparer ce dispositif avec celui en vigueur dans un pays «voisin».
Si les portefeuilles ministériels de la justice et de l’intérieur, les plus concernés par la question du travail des mineurs, sont aux mains d’hommes politiques difficilement assimilables à des nostalgiques de la traite négrière, c’est que les abus de pouvoir en la matière relèvent désormais de l’exception.
Sur un plan plus prosaïque et dans un monde où les blocs économiques jadis prospères vacillent sous les coups de boutoir d’une crise persistante, quel intérêt aurait une famille mauritanienne moyenne à devoir exploiter, en nourrissant et payant un enfant défavorisé, alors qu’une profusion de main d’œuvre adulte locale et étrangère sature les places publiques, au même prix, avec une qualité de travail certainement meilleure et un risque pénal nul?
3. A y regarder de plus près…
Le cliché qui consiste à présenter la question de l’esclavage en Mauritanie sous la forme de la dualité «maître blanc-esclave noir», constitue une supercherie et une arnaque intellectuelle. Un tel stéréotype rend de grands services aux marchands de cette «bonne cause», auprès des bonnes âmes occidentales… Ces marchands peuvent ainsi récolter des fonds, mais aussi et surtout obtenir des titres de séjour et changer de nationalité.
Allez expliquer à une ONG occidentale «spécialiste » de la lutte contre l’esclavage, que vous avez été réduit en esclavage par un maître noir, elle ne vous prêtera qu’une oreille distraite, car cette version des faits ne cadre guère avec leurs grilles culturelles, héritées des Croisades du moyen-âge et de leurs fatras de préjugés.
Par contre, dites-leur qu’un méchant arabe enturbanné vous a ligoté et privé d’eau et de nourriture durant toute une traversée du désert du Sahara à dos de chameau, en vous assénant régulièrement des coups de fouet, l’ONG en question vous aidera immédiatement à trouver un gîte et une carte de réfugié politique, elle croit expier ainsi les affres de la traite négrière européenne.
C’est un stratagème similaire qui a été adopté par de nombreux ressortissants de la sous-région, durant le règne de Maaouya, quand l’état civil national était géré manuellement par des ripoux.
Les événements tragiques survenus entre le Sénégal et la Mauritanie en 1989-1990, le déficit de communication de la dictature dans notre pays, comparé à l’activisme médiatique de notre «voisin» du sud, et l’absence de visas avec certains pays méditerranéens, tous ces éléments réunis avaient favorisé l’avènement d’une véritable filière de faux papiers mauritaniens et transformé la Mauritanie en une exception mondiale où règne la tortue à grande échelle et l’esclavage médiéval.
Des Bengalais et des Indiens, candidats à l’émigration en Europe, ont, à l’époque, défrayé la chronique dans le monde, piégés par les tentacules de cette filière.
Les animateurs de l’IRA, O. Abeid en tête, savent que la communauté maure est à l’image de ses soeurs soninké, poular et dans une moindre mesure wolof; elles ont toutes pratiqué, par le passé, l’esclavage et il y subsiste sous forme résiduelle ; il n’est actuellement pas certain que la communauté maure soit la plus sévèrement touchée par cette tare. Ces communautés obéissaient à un carcan social fait d’un socle de stratification sociale stricte et immuable.
Notre pays n’est, malheureusement, en rien différent de ses voisins immédiats que sont le Mali et le Sénégal, au regard de ces archaïsmes sociaux. Les Halpoular de la rive gauche du fleuve Sénégal et les Bambara du Mali, vivent dans des sociétés stratifiées de la même manière que les quatre communautés nationales mauritaniennes, il ne peut d’ailleurs pas en être autrement.
N’en déplaise aux nationalistes arabes locaux, la Mauritanie et plus sub-saharienne que maghrébine sur bien des plans, notamment l’organisation sociale, la musique ...etc.
Pourquoi l’IRA ne travaillerait-t-elle pas à changer ces mentalités médiévales, dans le cadre de grandes campagnes communautairement inclusives et en collaboration avec d’autres ONG? Pourquoi oublie-t-elle d’expliquer que les enfants qui travaillent chez les riches de ce pays, le font avec l’assentiment et souvent sous l’insistance des parents –piégés, il est vrai, par le dénuement matériel- de ces mêmes enfants et moyennant rémunération? Pour cette raison, un effort de sensibilisation en direction de ces parents, est forcément nécessaire.
N’est-on pas en droit de parler plutôt de travail ou d’exploitation de mineurs, dans ce cas de figure? Pourquoi l’IRA fait-t-elle constamment abstraction de ce rôle clé de la misère dans ce phénomène?
Ould Abeid a soutenu, au cours d’une conférence de presse, le 10 juillet 2011, à Nouakchott, «notre existence n’a aucun sens si l’on ne parvient pas à nous défaire du régime de Oud Abdel Aziz.» Pour une fois, Ould Abeid révèle, sans équivoque, l’essence éminemment politique de son activisme.
Avait-il besoin du «camouflage» de la lutte anti-esclavagiste, dès lors que le jeu politique est ouvert dans le pays et qu’il n’est pas le seul à afficher un tel ambitieux objectif?
En dépit ce qu’en disent ses adversaires politiques dont Ould Abeid, le Président Aziz est -de loin- le chef de l’Etat le plus sensible et le plus réactif aux souffrances des couches les plus défavorisées de la population mauritanienne, que notre pays ait connu depuis son indépendance.
Mais de tout cela Ould Abeid n’en a cure, car il préfère jouer aux apprentis sorciers, en compagnie de ses alliés des FLAM et de l’UFP, au risque d’embraser ce pays, en jouant sur le registre de la provocation, à travers l’adoption d’un style verbal agressif et raciste, une inquisition sélective des foyers à la recherche de mineurs exploités et l’atteinte à l’intégrité physique des membres des forces de sécurité.
C’est révoltant et c’est parfois affreux, la «condition humaine», mais pour la transcender, la solution ne consiste certainement pas à dresser des miséreux contre d’autres miséreux, au risque d’augmenter l’étendue de la misère!
Sidi Ould Ahmed
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