25-06-2012 13:45 - Le fauteuil du palais ocre a-t-il horreur de la stabilité ?

Le fauteuil du palais ocre a-t-il horreur de la stabilité ?

Même dans une démocratie normale le pouvoir politique n’est pas à l’abri de turbulences, de crises, de blocages, et même de chutes.Le plus souvent ce sont des pressions exercées par des forces politiques opposées à un président qui refuse de partager le pouvoir ou qui ne veut pas s’ouvrir aux propositions de ses adversaires qui engendrent des situations de chaos dans un pays.

Le cas actuel de la Mauritanie devenu école est un exemple à méditer.Depuis le renversement du père de l’indépendance par l’armée, l’histoire des changements de régimes a été déclenchée … pour se poursuivre même en pleine ère démocratique. Le fauteuil du palais ocre a-t-il horreur de la stabilité ?

Le destin de la Mauritanie a été marqué par des successions des mêmes valses antidémocratiques qui provoquent des ruptures, des épidémies politiques et installent une situation d’instabilité chronique. On peut dire sans risque de nous tromper d’analyses que le pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz n’est pas exempt de ces pathologies qui infestent le palais ocre.

Plus grave cela se passe en pleine période démocratique censée sortir la Mauritanie de la tourmente, où aucun sujet n’est tabou, où un président doit avoir une oreille pour écouter, une bouche pour parler et une intelligence pour réfléchir. On ne doit pas prétendre être un président élu démocratiquement en affichant des airs de mépris pour la démocratie dont le dialogue est la plus haute expression.

Pour Ceux qui pensent que les menacent de la COD ou les mouvements de la rue ne sauraient déranger le système se trompent ou feignent de mesurer l’ampleur du danger qui couve depuis plusieurs mois. Face à cet imbroglio qui prévaut à tous les niveaux de l’échiquier politique, l’attitude anachronique actuelle du pouvoir conjuguée avec la détermination improvisée de l’opposition radicale ne fait qu’enfoncer le pays dans les profondeurs abyssales d’une révolution incohérente que personne ne saurait étouffer.

En effet plus une crise perdure de surcroit dans un système démocratique, les appels au changement se multiplient, le peuple perd patience, les réseaux de déstabilisation gagnent du temps à s’organiser et les mouvements contestataires exploitent les faiblesses d’un pouvoir encerclé de tous les côtés.

A la longue les segments politiques du système s’usent et l’appareil d’Etat se dévisse. Sans donner raison aux allures conspiratrices qui montent comme une mer en furie, le Président Aziz perd du temps à tourner en rond avec un dialogue partiel qui a donné des résultats médiocres, des initiatives sans lendemain qu’il confie à des hommes politiques sans audience , ni moralité requise pour rassembler toutes les parties qui se déchirent .

Le printemps arabe ou l’été africain peut importe ! La Mauritanie est assaillie par des sempiternelles crises qui ont besoin d’être soldées par des mesures fortes et courageuses prises par tous les acteurs politiques, la société civile et d’autres bonnes volontés citoyennes.

La COD continue de demander avec insistance le départ de Aziz, mais si d’aventure ce départ se fait par la force, une guerre de succession entre les forces en présence ouvrira une page toute aussi pleine d’incertitudes. Les prétendants au fauteuil sont nombreux pour mettre l’intérêt de la Mauritanie en avant ! Une démocratie qui éternue fait plus peur qu’une révolution de slogans !

Cheikh Tidiane Dia


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