08-08-2012 10:16 - Voyage présidentiel et 'amnésie' politique !
Dans les rencontres politiques de grande envergure nationale où le Président se déplace pour des raisons politiques comme c’est le cas pour le « schow » qu’il a animé à Atar, les cadres de Nouakchott et de l’intérieur du pays font le voyage pour afficher leur présence à tous les endroits de l’accueil et se mettent aux premières loges bien encastrés en colonne dans un ordre impeccable.
A Atar, on n’eût dit que personne n’est au travail en ce jour pourtant ouvrable. Aucun cadre ne veut rester pour ne pas laisser sa place vide ici où la présence du président fait l’objet de tous les bons égards et à qui chacun veut serrer la main, courber l’échine se plier en quatre, faire des yeux doux, ouvrir un large sourire.
La mobilisation est impressionnante à cette occasion plus sacrée que toute autre pour ces cadres marqués par les vieilles années de gloire ayant consacré leur promotion. On aura beau interdire à ces gens de fermer leurs bureaux sans raison, ils ne le feraient jamais quand il s’agit du voyage du président. Tout sauf ça !
Et ce qui est aberrant dans tout ça c’est de voir un Ministre côtoyer ses fonctionnaires qui sont en abandon de poste comme lui et qui se disputent tous le leadership auprès des populations de la région visitée. Au lieu d’être considérés comme une atteinte aux bonnes règles et à l’irrespect à l’égard du service public, les abandons de poste sont au contraire considérées comme nécessaires par ces « lèches protocole » qui tapent à toutes les portes pour tenter de rencontrer le président, lui poser leurs propres problèmes dans l’espoir de trouver la baraka.
On les voit se faufiler entre les rangées, jouer des coudes pour s’approcher au maximum de la ligne d’arrivée. Quand cela devient compliqué, ils ont la bonne adresse protocolaire pour se tirer d’ennuis. Après tout, ils ne sont pas venus pour se mettre derrière. Ils savent à quel endroit se mettre pour ne pas échapper au regard du président. Ils ne se pardonnent pas entre eux de se donner la priorité l’un l’autre quand il s’agit de se placer au bon point.
Atar, loin de déroger à cette règle la mieux partagée a bel et bien consacré le retour en force des vieilles pratiques d’antan que ni le discours contre la gabegie, ni la lutte contre l’usage des biens publics ou le gaspillage du temps de travail dans les administrations ne peuvent faire disparaître. Tous ces cadres qui s’occupaient de l’accueil, mobilisaient les populations rassemblées comme des moutons sans berger et traçaient toutes les lignes du programme.
Ils sont là pour se mettre au service d’un homme à qui ils veulent offrir toute l’hospitalité qu’il faut sans rien laisser au hasard. Sans eux quelque chose risque de manquer à cet événement annuel qu’un terme malséant qualifie de Sunna. Sacrilège ! Ici quand il s’agit de magnifier l’action d’un homme on n’hésite pas à puiser dans le registre du sacré pour élever le président au rang d’un prophète d’un surhumain. Ce n’est pas nouveau chez nos laudateurs aguerris qui ont le « mérite » d’applaudir tout celui qui vient au pouvoir, de le vénérer comme un saint, de lui dérouler le tapis rouge de l’aéroport à la porte de son hébergement.
L’autre « mérite » aussi qu’ils ont, c’est de se moquer de celui tombé en disgrâce qu’ils fuient comme une peste loin qu’ils puissent le faire. Ce sont ces gens qui avaient porté haut le nom de Taya dans cette ville dont il était l’enfant chérit qui pratiquent l’amnésie politique pour ne pas se rappeler qu’ici Taya le dictateur a injecté des milliards d’um pour construire sa chère cité, même si cela provenait des caisses de l’Etat… Mais au royaume des laudateurs le nouveau venu est roi.