C'est avec stupeur que la nouvelle terrifiante du décès ce, jeudi 28 mars 2013 à Nouakchott du doyen Merzough Ould Souelim ( plus de 80 ans). Il m'est difficile de trouver les mots convenant à la mémoire de ce citoyen militant sans tambour battant, intègre et non violent.

Notre grand-père, père, frère et camarade, Merzough s'engagea durant les années 1950, pour l'émancipation et la libération des siens contre les milieux esclavagiste de Cheggar-Gadel ( Maghta-Lahjar au Brakna), en particulier, contre les tribus Tagath, Ideug-Jemoleu et leurs alliés de tous bords, dont notamment une administration aux ordres.

Par son engagement pour l'indépendance des siens exclus de toutes décisions, il fonda son propre village (Debbaye Mreïzigh) et administra son école; qui permit la promotion de nombreux cadres dans tous les corps de métiers, dont certains, sont en fonction en Mauritanie ou à l'étranger.

Par sa détermination pour la citoyenneté, il s'engagea avec ses compagnons pour l’appropriation les terres fertiles de ses ancêtres à l'Oueid Bijangal (la terre à ceux qui la travaillent). Pour ces actions, il séjourna à plusieurs reprises avec ces camarades dans les sinistres prisons de Maghta-Lahjar et d'Aleg (débuts des 1950, puis sous le régime de feu Ould Daddah et sous ceux des militaires).

Pour la construction de retenues d'eau (barrages) de Cheggar Gadel , l'association Human Rights Group édita en 1982, un rapport édifiant sur les conditions et les violences subies par les Haratine dans cette contrées sans foi ni loi:"Slavery in Mauritania today", Edinburgh /Schottland 1982 (L'esclavage en Mauritanie aujourd'hui). Ce rapport a été traduit par une ONG allemande "la société pour les peuples menacés" sous le titre "dia Haratin Mauretaniens Sklaven" Référence ISBN 3-922197-10-8, (Les Haratine: Les esclaves de la Mauritanie).

Homme d'écoute, de dialogue et de compromis, ce visionnaire, précurseur et symbole du combat pour la dignité et la liberté, fut le soutien indéfectible de l'élite d'avant garde pour la citoyenneté en Mauritanie et pour l'émancipation et la libération des Haratine Malgré leur inimité, les esclavagistes et leurs alliés lui vouaient un grand respect En fin pour ces compagnons et pour les générations à venir, il reste et restera le symbole et l'exemple à suivre.

En ces difficiles moments, j 'assure les populations éplorées à Bijigal, à Cheggar Gadel, à Maghta-Lahjar, à Nouakchott et à la famille Ehel Merzough, en particulier Abidine Ould Merzough en Allemagne de mon soutien, de mon amitié et leurs adresse mes plus sincères condoléances. Que cette terre pour laquelle il a tout donné et tant chérie lui soit légère. Amen.

Inna li laahi we inna ileyhi raajioune

Baba Ould Jiddou