27-05-2013 18:39 - Concours international de Plaidoiries des DH : Un Avocat mauritanien lauréat
La salle de spectacle de l’IFM a été, dimanche dernier, le théâtre du tout 1er concours international de plaidoiries pour les droits de l’homme en Mauritanie, avec en course 8 avocats dont 4 mauritaniens, aux prestations très suivies des défenseurs locaux des droits de l’homme dont le Pr Cheikh Saad Bouh Kamara, Boubacar Ould Messaoud de S.O.S Esclaves, Sarr Mamadou Moctar du Fonadh…
Dans son mot de circonstance, l’Ambassadeur de France en Mauritanie, Hervé Besancenot, a rappelé d’emblée que la profession d’avocat est l’une des anciennes professions du monde. « L’avocat est considéré comme le défenseur des pauvres » a-t-il dit, soulignant que pour de nombreuses personnes, il est le dernier rempart contre les violences et le gage d’un procès équitable.
Dans son intervention, le Bâtonnier de l’Ordre nationale des Avocats (ONA) Me Ahmed Salem Bouhoubeyni a déploré le fait que ce 1er Concours International de Plaidoiries pour les Droits de l’homme organisé en Mauritanie ne se tienne pas au Palais de la Justice, indiquant que c’est pour cette raison que les plaidoiries ont été déplacées dans la salle de spectacles de l’IFM.
Sur ce, Quant au Directeur de l’institut international des droits de l’homme et de paix, Sébastien Botreau-Bonneterre, il a indiqué que l’objectif du concours est de sensibiliser l’opinion publique sur les grands principes et garanties du procès équitable..
8 Avocats en compétition dont 4 nationaux
Le bal des plaidoiries a été ouvert par Me Med Lemine Ould Ahmed qui a décrit les violations de droits de l’homme commises dans le Nord du Mali sous le thème : «L’enfer des bédouins de l’Azawad». Pour sa part, Me Olivier Yacoub, un avocat français, a décrit le caractère sacré et traditionnel des masques Hopis, issus d’une tribu indienne tout en mettant en cause un juge français qui a dit que ces masques ne sont que des marchandises. Un tel jugement qui dénie le caractère sacré et traditionnel de ces masques.
Quant à Me Bah Ould MBareck, il a plaidé le cas d’Ahmed… Quand la justice se regarde dans le miroir en dressant le portrait d’un jeune mauritanien accusé à tort du meurtre d’un adolescent. L’avocat malien Me Oumar Niare a plaidé la cause des familles des soldats maliens et dénoncé les violations de droits de l’homme dans la région nord de son pays portant sur le thème : «Aguel’hoc, une ville fantôme au destin mortifère».
Me Youssouf Ould Abdallahi a plaidé la cause des deux prisonniers mauritaniens de Guantanamo sous le thème «Guantanamo : Trop, c’est trop…les cas Ould Sellahi et Ould Abdel Aziz». Et il a dressé un manifeste pour la liberté et la défense des droits de l’homme dans cette baie si controversée. L’unique femme de ce concours de plaidoiries est venue de la ville de Caen en la personne de Me Delphine Manuel-Lauriano.
Cette jeune femme française a eu le courage de plaider pour le droit de manifestation des femmes égyptiennes tout en dressant le portrait d’Aliaa Magda Elmahdy, «c’est le cri de désespoir sur un territoire à feu et à sang», a-t-elle soutenu. C’est ainsi que Me Cheikh Sidi Mohamed Hamdi est venu à la barre pour défendre ses nombreux clients : «Les enfants abandonnés : membres et victimes de la société».
Une manière pour lui de dénoncer les humiliations infligées à ces enfants sans famille. Et pour boucler la boucle des plaidoiries, c’est le sénégalais, Me Ousseynou Ngom a fait un vibrant témoignage d’un condamné à mort gambien dont l’exécution est orchestrée par le régime en place, au mépris des pactes et déclarations.
Me Ould Abdallahi, un vainqueur contesté par Me Ould Ahmed
Après écouté les huit protagonistes, le jury international s’est retiré de la salle de spectacle de l’IFM pour le besoin de la délibération. Au retour, il proclama la plaidoirie «Guantanamo : Trop, c’est trop… les cas Ould Sellahi et Ould Abdel Aziz» de Me Youssouf Ould Abdallahi vainqueur du concours, suivie successivement de celles de Me Delphine Manuel-Lauriano et de Cheikh Sidi Mohamed Hamdi. Bizarrement, ce classement a été contesté par le candidat Me Med Lemine Ould Ahmed qui a qualifié le classement de «politique».
Des murmures faits tout bas montraient aussi une contestation du verdict. Enfin, notons que de l’avis du président du jury international Ould Hamody les plaidoiries des avocats malien et sénégalais étaient des «thèmes politiques» ; ce qui pourtant n’a pas joué négativement dans la sélection de ces sujets pour le concours auquel postulent des nombreux avocats issus de plusieurs pays.
Camara Mamady