18-10-2013 08:49 - La CPI répond aux Africains
Accusée de partie pris et de ne s'en prendre qu'aux dirigeants africains, la Cour Pénale Internationale se défend. Son président répond aux critiques de l'UA.
La semaine dernière, l'Union Africaine a convoqué un sommet spécial pour dire tout le bien que pensaient les dirigeants africains des poursuites engagées contre certains d'entre eux par l'instance internationale. Après avoir menacé de quitter purement et simplement le Traité de Rome (qui institue la CPI comme juridiction supranationale, NDLR), ils ont finalement mis de l'eau dans leur vin en ne demandant "que la suspension des procédures en cours et visant des dirigeants en exercice".
Histoire de sortir d'une situation compliquée les deux têtes de l'exécutif kényan et un Oumar El-Béchir, obligé de revoir à deux fois ses itinéraires quand il quitte son pays.
Après la levée de bouclier sur le continent, diversement appréciée par les africains et durement condamnée par les organisations de défense des droits de l'homme, on se demandait ce que pensait la CPI elle-même des critiques qui lui étaient adressées. Pour rappel, le président kenyan Uhuru Kenyatta ainsi que le Premier ministre éthiopien et président en exercice de l'UA Hailemariam Desalegn ont accusé la Cour de pratiquer une chasse raciale.
Le président de la CPI, le juge coréen Sang-Hyun Song, a pris la parole ce jeudi pour répondre que sa juridiction n'a "jamais pourchassé aucun pays africain". M. Song a profité d'une conférence organisée ce 17 octobre à Budapest, en Hongrie pour demander aux détracteurs d'arrêter de blamer la Cour pénale internationale (CPI) "pour quelque chose qu'elle n'a pas fait". "Les pays d'Afrique qui font l'objet d'enquêtes de la CPI nous ont déféré les situations qui ont conduit à l'ouverture d'enquêtes", a-t-il justifié.
La CPI enquête aujourd'hui dans huit pays (Kenya, Côte d'Ivoire, Libye, Soudan, République démocratique du Congo, Centrafrique, Ouganda, Mali). Le président Song reconnait que le fait que tous ces pays se trouvent sur le continent africain puisse prêter à polémique.
" C'est vrai, mais dans cinq cas ce sont les gouvernements eux-mêmes qui nous ont déféré ces situations et dans deux cas, le Soudan et la Libye, c'est le Conseil de sécurité qui nous a sollicités", a ajouté Sang-Hyun Song qui souligne que dans le cas du Kenya, la CPI s'est auto-saisie parce qu'il "n'y avait pas d'autres options" et qu'il fallait bien rendre justice aux milliers de victimes de la crise post-électorale de 2007.
Par Célia d'Almeida