08-11-2013 16:05 - Elections du 23 novembre : la Justice au Garde à vous !
Les pouvoirs publics ne cessent de répéter que « toutes les mesures ont été prises », pour assurer la totale liberté et la parfaite transparence des élections législatives et municipales dont la campagne électorale doit démarrer dans les 48 prochaines heures.
La liberté et la transparence du scrutin, ne peuvent être assurées que lorsque les conditions essentielles suivantes auront été remplies :
• La neutralité de l’administration,
• L’indépendance de la CENI,
• L’impartialité de la justice,
La neutralité de l’administration est déjà largement mise en doute. En effet, l’implication directe des officiers supérieurs dans les tractations, pressions, et marchandages politiques sont un secret de polichinelle. Aussi, la mobilisation des membres du Gouvernement, avec les moyens de l’Etat, pour battre campagne pour le (s) parti (s) du pouvoir, est une réalité vécue au grand jour.
Ce fait a même été dénoncé par Le président de l’APP, Monsieur Messaoud Ould Boulkheir, sur la chaine TV Alwatanya.
Aussi, l’indépendance de la CENI, selon le Président de l’assemblée Nationale, n’est qu’un leurre. Il considère qu’elle n’a tout simplement pas compris son rôle et a fait montre d’un manque notoire de concertation avec les opérateurs politiques. Il a même présenté ses excuses au peuple mauritanien, pour le rôle qu’il a eu à jouer dans le choix de certains membres de son directoire.
La troisième condition, qui est l’ultime recours, est l’impartialité de la justice. Le Conseil Constitutionnel a, certes, fait honneur aux institutions de la République, en validant la candidature de Monsieur Ould Khattry à la députation au niveau de Rkiz après moult manigances.
Mais les choses ne se passeraient pas de la même manière au niveau des tribunaux et cours qui ont eu à se prononcer sur des recours similaires. Elles subiraient, non seulement de sérieuses pressions de la part du pouvoir, mais pire, recevraient des instructions pour annuler des décisions prises par elles, et à l’unanimité leurs membres.
Ainsi, la cours suprême aurait dans un premier temps ce jeudi 07 novembre 2013, et après examen d’un recours, et contrairement à la requête du parquet, débouté les réclamations d’une liste qui avait été invalidée par les instances de la CENI, tant au niveau local que central.
Jusqu’ici pas de problème, tout va bien. Mais les choses vont se gâter lorsque les magistrats ont reçu des injonctions de siéger à nouveau, pour annuler et inverser leur premier verdict qui avait été conclu et enregistré par le greffe. Quelle dépendance et partialité !
La liste en question, je vais vous en donner des nouvelles. C’est la liste initiée par un Colonel de la Garde, dont le candidat à la candidature n’avait pas été investi par l’UPR pour les élections communales à Boubacar Benamer, au Tagant.
Devant ce camouflet, le colonel et sa tendance de l’UPR se sont rabattus – pas sursauté- pour se faire coopter par le parti dit sursaut de la jeunesse, un clone de l’UPR. La liste qu’ils ont concoctée à la dernière minute, a été refusée par les représentants local et régional de la CENI.
Un recours a été fait au niveau des instances supérieures de la CENI à Nouakchott. A tous les niveaux, la liste a été déclarée irrecevable.
En effet, selon les spécialistes en la matière, depuis les derniers réajustements de la loi électorale, suite au dialogue, trois conditions minimales doivent être réunies pour qu’une liste soit recevable :
• La candidature sous la bannière d’un parti politique
• La présentation d’une caution
• La présence physique du mandataire de la liste (tête de liste)
La liste du sursaut n’a rempli que la première condition. La caution n’a pas été amenée sous forme de quittance comme le prévoient les textes, mais en « numéraire ». Quant au mandataire de la liste, il était en pèlerinage à la Mecque, et n’en est revenu qu’après la fin des délais requis.
Si cette liste venait à être validée, elle ne changerait pas grand-chose à la donne politique, si ce n’est une légère révision de l’arithmétique des suffrages. Mais la décision aurait une double conséquence plus graves l’une que l’autre :
(i) discréditer la justice qui se serait mise au ‘Garde à vous ‘’ devant le colonel de la garde, en violation des lois et règlements
(ii) impliquerai un report du scrutin, pour une cause qui ne vaut pas un bout de chandelle. Il va falloir, en effet, au moment où les tambours de la campagne électorale démarrent, refaire les bulletins de vote là -bas, au Royaume uni.
La démocratie vaut bien un report, même sine die, des élections, si c’est pour garantir l’égalité des chances, et respecter la volonté et les suffrages des citoyens. Mais aucune démocratie ne peut se construire avec une instrumentalisation de la justice, et l’inféodation et l’humiliation des magistrats.
Dans ces conditions, les élections et la démocratie n’ont ni sens ni signification !
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