10-01-2014 09:37 - L’impact du régime de la zone franche a Nouadhibou(Mauritanie) sur l’accroissement des investissements industriels dans le secteur des pêches dans cette zone

L’impact du régime de la zone franche a Nouadhibou(Mauritanie) sur l’accroissement des investissements industriels dans le secteur des pêches dans cette zone

L’idée de faire de Nouadhibou une zone franche est né avec l’indépendance du pays, les hésitations qui ont caractérisé les régimes passés devant cette option se justifiaient souvent par le manque de visibilité sur les conséquences d’une telle décision sur l’économie du pays.

Les recettes financières drainées par la capitale économique représentaient une part importante du budget de l’Etat, que ce dernier ne pouvait sacrifiait face a une demande importante de financement pour un pays en voie de développement, en cours de construction, comme la Mauritanie.

En juin 2013, les autorités mauritaniennes ont décidé de faire de Nouadhibou une zone franche. Ce régime applicable sur une superficie intégrant la ville actuelle dans un rayon de 55km. Nouadhibou est la capitale économique de la Mauritanie elle comprend les principaux centres d’activités industrielles du pays, un port de pêche, un port commercial, un terminal pétrolier et un port minéralier.
C’est a partir de Nouadhibou que le minerai de fer est exporté. Cette activité constitue la principale activité économique du pays. Les activités de pêche ont commencé à Nouadhibou depuis 1921 avec la SIGP (société des grandes industries de pêche) qui ravitaillait les colonies françaises au Congo par le poisson salé et séché.

La pêche deuxième principale activité après les mines est concentrée à 80% a Nouadhibou. La pêche artisanale et industrielle se partagent l’essentiel de la production du pays.

L’objectif de création de cette zone est de promouvoir les investissements directs étrangers et nationaux dans cette zone par l’offre d’une cadre juridique et institutionnel incitatif pour l’investissement. Dans le secteur des peches un accent particulier doit être mis sur l’opportunité d’investissement compte tenu de l’avantage comparatif pour la Mauritanie de ce secteur et le préjudice économique dû l’extraversion que connait de ce secteur jusqu’à nos jours.

Aperçu sur le secteur des pêches en Mauritanie

Le secteur des pêches a connu des différentes politiques qui ont évolué de la licence libre a la création d’une flotte nationale en passant par les accords bilatéraux :

– Politique de pêches de 1960 à 1978

– Nouvelle Politique des Pêches de 1979-1987 ;

– Déclaration de Politique du Secteur des Pêches 1987-1994

– Lettre de Politique Sectorielle de 1995-1998;

– Stratégie d’Aménagement et de Développement du Secteur des Pêches 1998-2006;

– Stratégie de Développement Durable du secteur des pêches et de l’économie maritime 2006 -2008;

– Stratégie de gestion durable du secteur des pêches et de l’aquaculture 2008-2012

– Le secteur de la pêche est considéré comme un secteur stratégique en Mauritanie compte tenu de sa contribution au PIB, son poids dans les recettes fiscales et son apport en devises, mais aussi de sa contribution dynamique au développement du pays en termes d’emplois et de revenus. Le secteur de la pêche apporte également une contribution appréciable à la mise en œuvre de la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté et de sécurité alimentaire. Le secteur des pêches est subdivisé en deux sous secteur ; le sous-secteur de la pêche artisanal et le sous- secteur de la pêche industrielle. Les deux sous secteur se distinguent par la qualité des engins de pêches utilises et le volume des navires. Ainsi, le premier concerne les pirogues et bateaux côtiers qui n’utilisent pas le chalut comme système de pêche. Pour le deuxième il intègre les glaciers et bateaux hauturiers.

– les pouvoirs publics ont toujours été conscient de la nécessité d’améliorer l’intégration de ce secteur à l’économie. et les politiques ont évolué dans ce sens. nonobstant les accords bilatéraux avec certains pays fixant un régime d’exploitation particulier, les stratégies ont évolué de la politique des licences libres au début des indépendances a une stratégie visant la création d’un tissu industriel en favorisant les structures d’accueil et la création d’industries a terre. cependant les résultats de ces politiques restent mitiges et fortement affectés par l’instabilité des régimes politiques.

– A Nouadhibou, la capitale économique site actuel de la zone franche , a connu une prolifération des industries de pêches au début des années 80 , la totalité des investissements a terre dans ce secteur étaient concentrés dans cette ville. ces investissements étaient tous publics et provenaient de joint-ventures entre la Mauritanie et des pays étrangers ; la mausov (société Mauritanie soviétique), almap (société mauritano algerienne de pêche), salimaurem (société mauritano lybienne de pêche), somir (société mauritani roumaine de pêche), etc...

Ces sociétés publiques détenaient la quasi totalité de la flotte nationale assuraient par leurs structures installés à Nouadhibou la congélation et la stockage des produits de pêches. La productivité de ce secteur a permis à la Mauritanie de contre balancer le déficit résultant de la baisse du prix de fer et d’absorber une grande main d’œuvre venue à Nouadhibou, résultante de l’exode rural causé par la forte sécheresse qu’ connu le pays, en plus du soulagement des équilibres macro économiques réalisés grâce aux retombés économiques et financières du secteur des pêches .

La tendance soutenait un développent de la ville par l’amélioration des structures portuaires et le développent des filières de production et d’industries notamment de transformation. le secteur des pêches était pourvu comme un secteur de grappe qui serait la locomotive de l’économie Mauritanienne compte tenu d’une part de la faible teneur capitalistique comparativement au secteur des mines et d’autres part aux capacités de maitrise de la chaine de production sur le territoire national et de la proximité de marches de débouches.

Malheureusement vers le milieu des années 80 la tendance a tourné au contraire, après le renversement du régime qui était en place, la Mauritanie s’est engagée dans un processus d’ajustement structurel sous les auspices du fond monétaire international. L’Etat a été obligé de se désengager des activités économiques parmi ces activités le secteur des pêches occupe une place importante. Ainsi toutes les entreprises de ce secteur installés a Nouadhibou ont été privatisés au cédés à des privés nationaux et certains partenaires se sont tout simplement retirés laissant derrière eux un secteur en phase d’effondrement qui a détruit par effet d’entrainement le secteur financier notamment des banques et assurances.

Le passage du public au privé dans ce secteur a couté très cher a l’investissement ; l’écroulement des entreprises en place et l’absence d’épargne privé ont joué un rôle déterminant dans la stagnation des investissements jusqu’a nos jours. Les seuls investissements constatés sont dans la filière de la pêche artisanale qui étaient timide et ne concernaient que la production de subsistance. Cette pêche n’a connu d’essor que vers les années 90 avec la demande internationale sur le poulpe et l’instauration du circuit d’exploitation de cette ressource de l’amont à l’aval par les compagnies japonaises interposé quelques hommes d’affaires nationaux.

Toutefois , les tentatives d’attractivité des investissements directs étrangers n’ont jamais cessé, l’instauration d’un code d’investissement attractif et les accords bilatéraux ont produit fraichement quelques investissements à terre à Nouadhibou pour le traitement du pélagique partenariat avec la chine et certaines unités de farines de poisson ces dernières propulsés par les crises climatologiques en Amérique latine et la forte demande internationale sur la farine. Néanmoins la qualité et quantité des investissement dans le secteur des pêches reste en décas des attentes des pouvoirs publiques et c’est dans ce cadre que le statut de régime de zone franche a été adopté à Nouadhibou afin d’améliorer l’attractivité des investissements directs étrangers dans cette zone. cette option va-t-elle permettre de définir les contours de l’investissement direct étranger dans le secteur des pêches dont les déterminants restent encore mal définis ?

Le statut de régime de zone franche a Nouadhibou et la tendance espérée:

L’autorité de la zone franche de Nouadhibou est venue s’installer sur une zone géographique intégrant la principale activité de pêche de la Mauritanie. Les unités de pêche qui y sont installées sont constitués de : une centaine de sociétés de congélation et de stockage, une vingtaine de sociétés de farine de poisson.

En plus du complexe de hondong entreprise chinoise qui effectue les mêmes opérations et qui détient un statut très particulier. Les moyens de productions sont des bateaux nationaux vétustes de la pêche industrielle et pirogues et bateaux côtiers qui opèrent dans le cadre de la pêche artisanale. Le reste de la production est effectué par des flottes étrangères surtout pour le poisson pélagique et opère dans le cadre d’accords bilatéraux avec la Mauritanie et font leurs débarquements dans la rade du port de Nouadhibou mais pas a terre.

Les structures d’accueil notamment portuaires sont sous dimensionnes et n’offre pas de possibilité d’évolution du secteur. Dans ce contexte l’autorité de zone franche accorde d’un régime sous douane de tous les intrants importés pour des unités de production et une franchise d’impôt et taxes sur les activités pour certaines entreprises notamment de transformation de produit de pêche, ce qui pourrai favoriser la productivité des structures actuelles et encourager l’installation de nouvelles unités ciblant les activités de transformation.

Cependant, étant donné le niveau et qualité d’infrastructures actuelles il serai illusoire pour la zone franche de Nouadhibou de compter sur les seuls aspects juridiques ou institutionnels pour réaliser ses objectifs. C’est dans ce cadre qu’elle doit être perçue comme une agence de développement local en s’appuyant sur les mécanismes de financements diversifies offerts par la flexibilité de son statut pour accompagner la réussite de l’attractivité des investissement directs nationaux et étrangers. Il est évident que la rentabilité dans un environnement donné est une sources d’attractivité pour les entreprises. Par ailleurs d’autres facteurs endogènes et exogènes entrent en jeux et constituent une déterminent dans le choix du site d’installation des entreprises.

Le plan de développement pluriannuel déjà rendu public par l’autorité de la zone franche révèle la réalisation d’un pole halieutique qui intègre toute les activités de pêche sur un espace donné, largement suffisant en termes de capacités de débarquements ,et en termes d airs réservées aux industries. Le facteur temps est déterminant dans l’amorce de ce pole qui reste conditionné par la requalification de cette zone et la réalisation d’infrastructures structurantes qui ne peuvent voir le jour qu’après trois ans au minimum.

En définitive ,l’origine du problème du secteur réside dans la faible industrialisation ; le produit est exporté sans subir la moindre ouvraison a part sa congélation dans les meilleurs des cas . il était donc primordial pour l’Etat de favoriser les investissements dans les industries de transformations des produits. c’est dans ce cadre que le statut de la zone franche est venu offrir ce cadre favorable à l’installation des unités à Nouadhibou et assurer une bonne productivité des entreprises déjà installées.

L’analyse des structures de couts de production des unités du secteur des pêches, ainsi que les aspects commerciaux et l’environnement Stratégique dans la région fera rassortir l’effet attendu d’un régime de zone franche ,ou les contours doivent être bien définis de manière a définir une tendance lourde du secteur des pêche dans cette ville et dans cet environnement .

Abdel Aziz ould Boubacar
Nouadhibou Mauritanie





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Source : sultanrimah
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Commentaires (4)

  • lapatrie (H) 10/01/2014 23:04 X

    C'est beau tout ce que vous dites ici, mais le grand ou le gros probleme de chez nous c'est la justice. Aucun investisseur étranger n'accepte de mettre son argent ds un projet s'il est persuadé que la justice n est pas garantie. Meme certains nationaux ne vont pas investir ds ces conditions.

    Pour rappel ce probleme de justice ,me depasse et je ne comprends rien de ses hommes qui se disent musulmans mais accepetent aussi facilement de se faire influencer.

    Que Dieu nous guide

  • Muhammad (H) 10/01/2014 21:33 X

    Merci Mr Abdel Aziz ould Boubacar pour cette analyse et les recommandations en guise de conclusion. C'est claire et précis, et personnellement vous m'avez apris beaucoup de choses à travers la lecture de cette article. J’espère qu'on aura l'occasion d'en relire d'autres article traitant diverses thématiques telles , les investissements dans les secteurs miniers et peut etre meme des propositions ou des alternatives pour l'economie de notre pays ne dependent pas exclusivement de cette ressource.

    Muhmamad
    djigomed@gmail.com

  • hathlele (H) 10/01/2014 13:33 X

    La zone franche de Nouadhibou étouffe la ville minière de Zouerate. Vous êtes surpris ? Je vous explique la situation en long, en large et à travers.

    La frontière avec l’Algérie est hermétiquement fermée. Les Sahraouis qui sentent la menace des commerçants Mauritaniens trouvent tous les prétextes imaginables pour leur créer la vie dure. Alors, les Mauritaniens se sont retournés sur leur capitale Nouakchott. Mais, le transport est dur aussi. Les petits commerçants passent par Nouadhibou pour un moindre prix total. Le prix de vente étant prix d’achat plus le prix de transport dont la taxe et puis les frais de conservation….etc…etc. Mais, les commerçants Mauritaniens de Zouerate doivent payer une seconde taxe à NDB pour sortir leurs produits de NDB vers n’importe quelle zone, même si vous avez un bon de commande signé pour le plus grand Grossiste de Nouakchott.

    Nous avons deux capitales : Une capitale politique et une capitale économique, comme il y’avait la loi des « français » et la loi de « letvattare » !

    Au secours ! Au secours ! Au temps de la Miferma on vivait mieux. Notre Société Nationale (SNIM) est plus préoccupée par son image médiatique que par la vie sociale du citoyen Mauritanien. Tout est symbolique ! Il y’ a une ségrégation entre les Mauritaniens. Il est temps d’ouvrir les yeux. Les marmites sont à moitié …vides.

    Sidi Ould Bobba
    D.E Zouerate

  • boofo (H) 10/01/2014 09:53 X

    Tant que il n’y a pas une justice forte et indépendante, la séparation des pouvoirs exécutif et judiciaire.

    Tant que les investisseurs n'ont pas la garantie de notre justice et de notre stabilité. ils ne vont pas se hasarder a investir chez nous