23-02-2014 08:54 - Tiris Zemour : vers une plus grande implication des cadres

M.S.Beheite - Depuis l’indépendance de la Mauritanie, la région du Tiris Zemour, dans ses limites actuelles, est restée oubliée, enclavée et, depuis plus de trente ans, laissée à la merci d’administrations militaires sans aptitudes particulières pour le développement, ni pour la sécurité, évoquée à l’effet de justifier ce qui ressemble désormais à un état de siège permanent.
Pendant plus de cinquante ans, les ressources minières du Tiris Zemour ont été exploitées sans que cela ait une quelconque incidence positive sur la région.
Bien au contraire d’ailleurs, puisqu’on continu à penser que la SNIM et, avant elle la MIFERMA, subvient aux besoins en développement de la région et aux besoins domestiques de ses deux principales localités Zouérate et F’Dérick.
Pendant plus de cinquante ans, le pillage systématique des ressources du Tiris Zemour, la délocalisation de ses recettes minières, l’exclusion de ses cadres et la fragilisation de ses populations par une paupérisation planifiée et exécutée de sang froid, ont constitués l’ossature des politiques de l’Etat dans la région et les stratégies qui lui sont appliquées par des régimes qui se succèdent et se ressemblent sur ce point précis.
Grâce aux rentes minières du Tiris Zemour, auxquelles l’Etat s’est habitué en les utilisant comme cela se fait de l’argent facile, les routes ont été construites sur l’ensemble du territoire en empruntant des axes qui n’offrent aucun intérêt pouvant les situer sur l’échelle des priorités par rapport à ceux offerts par l’axe Zouerate-Nouakchott.
Des infrastructures (eau, électricité, écoles, barrages etc.) ont été également réalisées grâce à ces recettes au moment où Zouerate demeure enclavée et que, dans toute la région, seuls subsistent quelques points d’eau réalisés par le commerçant El Hacen Ould N’tahah, l’homme d’affaires Mohamed Ould Lahah, Maitre Takioullah Ould Eidde et le député Mohamed Salem Ould Noueiguet.
Au niveau des centres urbains et en dehors des investissements réalisés par Mohamed Ould Lahah et Maitre Takioullah Ould Eidde, la ville de Zouerate est restée telle qu’elle est depuis les années 70.
Avec la décentralisation et malgré l’émergence de personnalités politiques prêtes à occuper le terrain cédé par l’Etat au profit des collectivités locales, Zouerate a été l’une des rares villes du pays où le Maire, le Député et le Sénateur n’ont jamais été originaires de la région à laquelle elle appartient.
Il a fallu attendre 2013 pour voir les premiers autochtones se faire élire à Zouerate ; Cheikh Ould Baya Maire et Hamoud Ould Malha député.
Ce tableau dont on ne doit pas exagérer l’importance, puisqu’il ne fait que rétablir dans leur droit ces cadres jusqu’à là laissés pour compte, ne sera complet que si le poste de Sénateur et celui de président du conseil d’administration de la SNIM revenait respectivement à Maitre Takioullah Ould Eidde et Mohamed Ould Lahah.
Par ailleurs, l’arrivée aux affaires de la ville de Cheikh Ould Baya et de Hamoud Ould Malha, avec la bénédiction et le soutien du duo Lahah-Takioullah, ouvre des nouvelles perspectives pour le Tiris Zemour et offre à ses ressortissants la possibilité de faire désormais entendre leurs voix.
Mais le plus important reste l’affirmation par ces cadres de leur volonté d’existence politique et leur refus ferme d’accepter qu’à l’avenir des outsiders, jouant sur les déséquilibres démographiques propres aux cités minières, s’imposent comme représentants d’une population avec laquelle ils n’ont rien à avoir.
Dans cette dynamique sont attendus Ahmed Ould Mogueya, Khaddad Ould Moctar, M’Hamed Ould Jouly, Fadel Ould Abeiderrahman, Sid’Ahmed Ould Raiss, Brahim Ould Chadhily, le commandant Ali Ould Alouatt du Basep, Mohamed Ould Matalla, Ahmed Ould Yehdhih, Wellad Ould Nakh, Samba Ould Saleck, Mariem Mint Derwich, Mohamed Ould Boukheir, Mohamed Salem Ould Mohamed Vadel, dit Hamza et tous les ressortissants du Tiris Zemour.
Sur le plan de l’enracinement et des droits, les représentants actuels et à venir de l’Etat doivent savoir que les populations du Nord n’acceptent plus la marginalisation et que les tentatives de faire des tribus de cet ensemble des apatrides, au motif que certaines de nos familles ont regagné le Polisario au milieu des années 70, se heurterait à notre refus et à une farouche résistance.
Si au tout début on disait de nous que nous étions des pro-marocains, prêts à vendre le pays, depuis le déclenchement du conflit du Sahara, nous sommes devenus, dans la médisance politique, des pro-polisario, qu’il convient de bouter hors du pays ou, tout au moins, de cantonner dans des réserves comme des citoyens de seconde zone.
C’est à la lumière de cette justification perfide et erronée, que la mauritanité des R’Guibet, Ehl Baricalla, Lekdadra, Ladem essahl et Gdala, est maintenant pointée du doigt par des personnes qui, jusqu’en 1948, faisaient partie du Soudan Français (Mali) et, auparavant, de l’empire du Ghana.
Les mauritaniens gagneront à savoir que les R’Guibet ; des groupes de Rgueib el ghav à l’Est, jusqu’à ceux de R’gueib el kav à l’Ouest, en passant par la zone des Oulad Chikh dans le tiris blanc et des Oulad Moussa dans l’Adrar, sont mauritaniens par les caractéristiques suivantes : l’appartenance à la terre, la défense de la terre et la sauvegarde du patrimoine de la terre.
Dans cette dernière caractéristique, Ehl Baricalla et particulièrement le Cheikh Mohamed El Mamy et, plus tard, sa descendance notamment feu Mohamed Ould Abdel Aziz, ont joué un rôle de premier plan en tant que conservateurs de la culture de résistance qu’ils ont maintenue intacte permettant aux générations qui se succédaient de s’en inspirer pour continuer le combat.
L’acte de naissance de cette appartenance est signé du sang de Ely Ould Meyara et ses compagnons et l’on gagnerait également à savoir, qu’une tribu qui, par patriotisme et par fidélité à la terre, a résisté aux français à Teguel, Senein Koumbe et Stal Am’eilag, avant de leur faire subir la plus grande défaite militaire après Dien Bien Phu, à Rgueiwa et El Matlani en 1958, ne peut être expropriée ni de sa nationalité et encore moins de sa terre.
A bons entendeurs (au pluriel) salut…
M.S.Beheite