08-05-2014 22:50 - Mauritanie: sept candidats pour une présidentielle boycottée par l’opposition
Le Courrier du Sahara - Sept candidats à la présidentielle du 21 juin en Mauritanie ont officiellement déposé leurs dossiers au Conseil constitutionnel, dont le chef de l‘Etat Mohamed Ould Abdel Aziz, grand favori. Le scrutin sera boycotté par une large frange de l’opposition.
Le président sortant Mohamed Ould Abdel Aziz et Ibrahima Moctar Sarr, candidat du parti AJD/MR et militant historique des droits des négro-mauritaniens, sont les seuls candidats expérimentés. Les cinq autres se présentent pour la première fois à une présidentielle.
Opposant de la première heure, Biram Ould Dah Ould Abeid, prix des Nations unis pour les droits de l’homme et président de l‘IRA, une ONG de lutte contre l’esclavage, est le plus sérieux adversaire du chef de l’Etat.
En lice également, deux caciques du régime de l’ex président Maouya Ould Sid’Ahmed Taya. Boidiel Ould Houmeid, président du parti Al Wiam et Lalla Mint Moulaye Idriss, membre du cabinet de l’ex chef de l’Etat et actuelle présidente du conseil d’administration de l’agence officielle d’information AMI. Lalla Mint Moulaye Idriss est la deuxième femme à se porter candidate à une élection présidentielle en Mauritanie.
Ahmed Salim Ould Bouhoubeini, bâtonnier de l’ordre national des avocats de Mauritanie et Alioune Ould Bouamatou, le frère du célèbre homme d’affaire mauritanien, Mohamed Ould Bouamatou, complètent le tableau.
Un scrutin boycotté par l‘opposition
Le scrutin sera boycotté par une quinzaine de partis, dont l’Alliance Populaire Progressiste (APP), pourtant connue pour être l’une des formations de l’opposition les plus conciliantes avec le régime. «Nous ne nous ferons rien de façon précipitée.
Il ne s’agit pas d’une course de vitesse. Nous voulons d’abord que toutes les conditions de transparence soient réunies», a expliqué Ladji Traoré, secrétaire général de l’APP, au cours d’une conférence de presse à laquelle a assisté un journaliste du Courrier du Sahara mercredi 7 mai à Nouakchott.
Dirigé par l’ex président de l’Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheir, actuellement à la tête du Conseil Economique et Social, l’APP vient gonfler les rangs du camp des partisans du boycott. Les quinze partis de l’opposition «radicale», membres du Forum National pour la Démocratie et l’Unité (FNDU), avaient officialisé quatre jours plus tôt leur décision de ne pas prendre part au scrutin du 21 juin, faute d’accord avec le pouvoir du président Mohamed Ould Abdel Aziz.
Ce dernier, candidat à un deuxième mandat, se retrouve avec un boulevard en face de lui mais aussi un problème de légitimité, ses principaux rivaux ayant décidé de snober un scrutin déjà qualifié par certains d’entre eux de «mascarade».
Deuxième force politique du pays à l’issue des législatives de novembre et décembre 2013, le parti islamiste Tawassoul sera l’un des grands absents de cette présidentielle. Ses alliés dans le FNDU, l’UFP de Mohamed Ould Mouloud et le RFD d’Ahmed Ould Dadda, deux grandes figures de l’opposition historique, pèsent désormais de tout leur poids pour décrédibiliser le scrutin.
L’opposition n‘a jamais réussi à se faire entendre
La fronde à pris corps fin avril, après l’échec des négociations entamées avec le pouvoir pour l’organisation d’une élection consensuelle. Les discussions ont été interrompues après la publication d’un décret présidentiel annonçant l’organisation du premier tour du scrutin le 21 juin.
Une décision qualifiée d’unilatérale par l’opposition qui exigeait un report de la présidentielle. Selon ces partis, l’échéance est trop avancée pour négocier les mesures susceptibles de garantir la transparence de l’élection. «Nous avons insisté sur les insuffisances de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) pour ne pas dire son disfonctionnement et ce dès le début du processus des élections législatives