29-06-2014 22:02 - Toile de fond : Campagne présidentielle, les refugiés bons derniers des discours
Aziz rempile. En effet le président sortant a remporté haut les mains son deuxième mandat présidentiel sur ses quatre adversaires qui ont constaté et dont deux l’ont même félicité à cet effet. Il s’agit des candidats Boidiel Ould Houmeid et Ibrahima Sarr.
Que dire de l’opposition boycotteuse, sa politique de la chaise vide comme stratagème ne semble lui avoir profité. Si seulement elle avait fait sienne l’adage qui dit que « l’union fait la force » avec une candidature unique, elle aurait certainement tiré son épingle du jeu avec un probable second tour qui aurait certainement poussé Aziz dans ses derniers retranchements. Mais la peur de l’inconnu l’a retenu.
Une présidentielle qui aura toutefois fait découvrir du sang neuf en politique ; Birama Dah Ould Abeid, le pragmatique candidat indépendant, leader du mouvement abolitionniste IRA. Il est audacieux et ambitieux et d’une ténacité sans pareille pour un état de droit en Mauritanie. Il sort second loin dernière le président Aziz et a dénoncé « des fraudes et la partialité de la CENI » (voir le journal Le Calame numéro 936 du 24 juin 2014).
Avec Mme Lalla Marième seule femme candidate à la présidentielle, qui n’a récolté que 1% des suffrages, « la misogynie » des mauritaniens a encore de beaux jours devant elle. Avec Lalla, le féminisme comme forme de lutte contre le masculin, à l’image d’une guerre de position dont l’enjeu consisterait à gagner du terrain sur des territoires occupés par des hommes, ne semble pas encore être à l’ordre du jour et l’introduction de la parité Homme/femme, n’est certainement pas pour demain, dans une Mauritanie où la démographie féminine est pourtant plus importante que celle des hommes.
Sur un autre registre, le discours de la campagne qui vient de se terminer aura laissé un gout d’inachevé chez les réfugiés mauritaniens vivants au Sénégal et au Mali, de même que chez ceux qui sont retournés. Ils (les refugiés) ne semblent avoir été sujets d’attention de la part de prétendants qui parlent pourtant de l’unité de tous les fils du pays. C’est à croire qu’on veut mettre aux oubliettes leur cas. Un candidat aurait même dit que les déportés auraient voté.
Mais comment ? Les déportés n’ont pas de pièces d’état-civil et ceux qui sont fonctionnaires même avec leur décision ministérielle en main, se heurtent à l’indifférence des autorités. Ce sont ces réfugiés qui entament leur 25 ans d’exil qui ont réussi du point de vue stratégique à ce que les justices internationales se rendent compte de leur existence.
En effet, à travers la Coordination des Organisations des Réfugiés Mauritaniens vivants au Sénégal –CORMS- un communiqué (dont Cridem a une copie) lu à l’occasion de la journée internationale tenue à Tarédji (région du fleuve au Sénégal) a vu la présence de structures de défense des droits de l’homme, des Etats-Unis notamment en prélude de la rencontre Afrique/USA en août prochain.
Certains sites sociaux internationaux ont déjà commencé à rendre compte d’une situation qui hiberne depuis deux décennies et qui se heurte à un refus de la Mauritanie « à accepter ses fils, une Mauritanie en rupture de ban avec l’état de droit ». C’est celui qui se décrit comme le président de tous les mauritaniens qui doit refuser ce rejet et plaider pour le respect des recommandations de l’intégration de la deuxième liste des fonctionnaires.
Le passif humanitaire ne semble concerner (et ce timidement) que le Ministère de la défense à qui par arrêté du 18 Mai 2014, le Ministère des finances a octroyé « un crédit de 10 millions » a appris Cridem. Les civils sont laissés de côté constatent les déportés fonctionnaires dont la situation difficile s’expliquerait certainement par la non disponibilité de ce qu’on leur doit.
« L’argent des refugiés a été mangé depuis longtemps, vous perdez votre temps » a confié un ancien membre du Comité Militaire de Salut national sous le sceau de l’anonymat et qui comme beaucoup de ces compatriotes, n’a rien fait par améliorer le sort des déportés, même ceux son propre village. C’est ainsi que devant cette impasse, la CORMS aurait contacté les soins de trois avocats dont deux femmes, une en Mauritanie et l’autre au Sénégal, le troisième serait de nationalité française, par des refugiés qui ne sont muent que par l’altruisme et le patriotisme de terroir et qui pour un empire ne renonceront à leur nationalité, à leur droit.
ADN