22-08-2014 11:35 - L’amour au temps de facebook ( épisode 2 )

L’amour au temps de facebook ( épisode 2 )

Adrar-Info - Sara s’immergea dans le monde virtuel de facebook, comme on s’accroche à une bouée de sauvetage, l’esprit et le cœur à la dérive. Puis Mohamed fit son entrée dans sa vie et tout bascula.

La terre s’arrêta de tourner, la lune et le soleil, atterrés, se retrouvèrent face à face, le temps d’une étreinte impossible. Le temps se referma jalousement sur les océans et la vie changea de couleur.Mais cela ne se fit pas en un seul jour.

Elle était complètement immunisée contre les histoires d’amour sur facebook. En tout cas, c’est ce dont elle était profondément convaincue. Le ridicule de la première l’avait épargnée, mais qui savait si celui de la deuxième n’allait pas l’achever. Elle disait le second amour, alors que le premier n’en était même pas un.

Il commença par attirer son attention en aimant tout ce qu’elle publiait, tout ce qu’elle écrivait, partout où elle l’écrivait. Hallucinant ! Il était partout accroché à ses basques, partout où elle « allait », partout où sa plume pleurait, à n’importe quelle heure, la notification « Mohamed a aimé … » clignotait à gauche de l’écran.

C’est ainsi qu’il s’introduisit insidieusement dans sa vie, pourtant bien claquemurée sentimentalement, après le cirque orchestré par son ex-mari. Ah ! Celui-là, il s’était bien moqué de ses sentiments et elle lui en voulait toujours pour ça.

Puis, il commença à lui écrire. Son ton mesuré, sa réserve, son innocence la mirent tout de suite en confiance et firent tomber les dernières barrières qu’elle avait érigées autour d’elle.

Mohamed ne lui écrivait pas tous les jours, mais ce qu’il racontait de temps en temps était n3aj. On sentait bien qu’il avait quelque chose à dire, mais qu’il n’osait pas, ayant probablement peur de sa réaction.

Cette anxiété latente, ce manque de confiance en soi l’intrigua et la charma en même temps. Il faisait deux pas en avant, avec prudence et circonspection, pour en refaire un tout de suite en arrière.

Elle sentit qu’elle attendait avec une impatience grandissante les rares messages qu’il daignait lui écrire. Un autre style d’homme qu’elle n’avait jamais connu et elle aima ce style. A son insu et sans s’en rendre compte, Mohamed maîtrisait l’art intemporel de la séduction. Ce qui faisait son charme. Un charme ravageur et dont il n’avait même pas conscience.

Son impatience de le lire grandissait, à mesure que le temps passait. Elle le houspillait même parfois pour lui tirer quelques mots, aussi rares et précieux qu’une pluie de mai. Ah non !! Zut et zut !! Elle n’allait pas recommencer !!

Mais alors qu’elle était cette attente fiévreuse, cachée dans des replis insondables, couleur d’espoir, entachée de ferveur, d’ardeur et d’une espèce de désespoir. Et les battements de son cœur, n’étaient-ils pas en train de s’accélérer, à la seule vue de son nom dans une innocente notification.

Et c’est comme cela que Mohamed s’introduisit par effraction dans le cœur de Sara.

Il lui raconta qu’il l’avait croisée, il y a dix ans de cela, dans une pharmacie. Le pharmacien, un ami à lui, lui apprit qu’elle était mariée. Il lui arrivait souvent de guetter son apparition, mais son stratagème réussissait rarement.

Il venait de divorcer d’une femme qui lui avait donné un garçon et une fille et se préparait à aller vivre à l’étranger. Ses formalités administratives accomplies, il s’était envolé pour l’Espagne où il vivait depuis quelques années.

Il avait épousé une Espagnole, pour faciliter son intégration, sa carte de séjour et la nationalité espagnole. En tout cas, c’est ce qu’il avait dit et qu’elle avait cru, malgré le pincement au cœur et la sourde douleur que lui valut de le savoir marié et qu’elle chassa d’un geste de la main agacé, comme on chasserait un insecte qui vous nargue, pour que l’information et l’insecte ait la même valeur et qu’ils puissent aller au diable en même temps, avec la même facilité, avant de causer trop de dégâts.

Non, elle allait résolument penser à autre chose, à autre chose que cette femme qui la narguait elle-aussi, du haut de son statut si enviable d’épouse de Mohamed. Une épouse qui partageait sa vie, son lit, non, non, surtout ne pas penser à ça. Cela l’annihilerait, la détruirait, aussi sûrement que l’érosion efface les dernières empreintes du temps.

Il lui écrivit aussi que dès qu’il vit la photo de son profil, il la reconnut tout de suite. Dix ans avaient passé, pourtant, elle n’avait pas changé d’une once. Il lui tut cependant la joie sauvage qui lui laboura la poitrine ce jour-là, pour ne pas l’effaroucher. Joie qui le laissa lui-même sans voix. Il ne l’avait jamais oubliée, se contentant de l’adorer sans le savoir, sans la voir, bien nichée dans les recoins les plus reculés de son cœur et de sa mémoire.

Son ingénuité et sa sincérité coulaient de sa bouche comme l’eau d’une source pure et fraîche. Il lui envoya sa photo. Il avait une bouche merveilleuse et un regard si doux, dans lequel elle se noya, pour les temps à venir et pour ceux écoulés.

Quand il décida de lui déclarer sa flamme, il le fit d’une façon si spéciale, si indéfinie, si détournée, qu’il la conquit définitivement. Il laissa au début parler son cœur et l’arrêta en cours de route. Avant qu’elle réponde, surtout qu’à sa grande inquiétude, elle tarda à le faire, contrairement à son habitude, il lui parla de son ami, craignant une réaction de rejet de sa part.

Sara ne lui avait pas répondu tout de suite, encore sous le choc de la déclaration qu’elle attendait avec la force du désespoir pourtant. Elle mit du temps pour assimiler la nouvelle, qu’elle espérait de toute son âme et qu’elle croyait voir venir, chaque jour un peu plus.

D’après ce qu’il lui en dit, son ami avait profité de sa sortie pour le week-end, hors de la ville, pour se connecter à partir de son compte. Mohamed lui affirma qu’il allait faire payer cher à son ami son insolence et son indiscrétion. Profondément déçue tout d’abord, elle se morigéna méchamment. Bien fait pour toi, pauvre idiote et pour tes châteaux en Espagne.

« Châteaux en Espagne », cela ne la dérida pas une seconde. D’abord déroutée par ce qu’avait fait l’ami de Mohamed – certaines personnes n’avaient vraiment pas de limites, la bienséance, le savoir-vivre, la délicatesse, de vains mots pour eux – puis compatissante, comme le lui dictait toujours son bon cœur, rempli d’amour pour l’humanité entière, elle lui demanda en fin de compte de laisser son ami tranquille. Elle lui écrivit qu’il n’avait rien dit de mal et que cela ne lui avait finalement pas déplu.

Et voilà ce que cet homme adorable, unique au monde, lui répondit : « Au fond, je sais que mon ami n’a pas commis un crime de lèse-majesté. Tu lui donnes raison d’une certaine manière, c’est un atout qu’il peut toutefois prévaloir pour jouir de ma clémence.

Seulement, je ne le lui ferai savoir qu’après avoir tranché la dualité complexe que tu as évoquée … hhh… Je le ferai languir, non pas par méchanceté, mais bien pour autre chose… »


Puis, il ajouta : « Partir en week-end en oubliant de se déconnecter de FB est une aberration passible de l’éviction complète du temple de tbeydhine suivant le code de tnessswi… Un reproche de plus que tu as mis en exergue. Entre nous, ça me fait quelque chose … Je ne peux prodiguer comme excuse que ce gav, abstraction faite de sa tal3a.

قولْ الْسبّتْ فلشِ= عَن ما ننوً
أقولْ اْله َعنِ ش= ما نعرف شنهو

Si tu te sens incommodée par cette excuse, c’est sûrement sous l’inspiration maléfique de mon ami que je l’ai écrite hhh, par contre si tu la trouves appropriée, je considèrerai que c’est une félicité et elle fera toute ma joie. »


A suivre……/
Nouvelle de Aichetou Ahmedou repris de son blog : http://aichetouma.com/



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