15-04-2015 17:16 - Sit-in des paysans de plusieurs villages de la commune de Darel Barka contre l’attribution de 3200 Ha à l’IAIDA [PhotosReportage]
Elfoutiyou - Plusieurs paysans et éleveurs de la commune de Darel Barka, relevant du département de Boghé dans la région du Brakna tiennent un sit-in depuis le lundi 13 avril 2015, à 6 kilomètres du chef lieu de l’arrondissement du même nom. Ces paysans et éleveurs s’opposent l’expropriation de leurs terres par l’Etat Mauritanien au profit de l’Institution Arabe d’Investissement et de Développement Agricole (IAIDA).
Les exploitants de cette superficie agricole appelée Karawlatt- Woulou N’Diaye (3200 H), venus des localités de Reghbé1, Reghbé2 et Reghbé3, Fondé Mayel, Andalouse, Diama, Bour Walo, Bour Dièri, Badr, Jeddé, Bagdad, Wouro Aly Guelel, Miftah El Kheîr, Wiam, Basra, Sinthiane Diama, Dar Naîm, Darel Barka, pour ne citer que cela, clament leur détermination à s’opposer par tous les moyens légaux à cette expropriation de leurs terres.
L’Etat Mauritanien n’a pas pris notre avis en passant ce contrat de location avec des étrangers a clamé Cheîkh Taher, un paysan. « Ces terres sont notre raison d’être ici depuis des siècles, si on nous dépossède de ces terres qui représentent notre seule source de vie, qu’allons nous devenir » a martelé furieux Cheîmekh O Amghar qui poursuit « depuis la nuit des temps, avant l’époque coloniale, nous exploitons ces terres et nous n’accepterons pas d’élire quelqu’un pour nous vendre après à des étrangers.
« Nous mourrons ici » a conclu Cheîmekh O Amghar.
« L’Etat veut nous déporter d’ici et ne nous a rien donné curieusement » a ajouté dans la mêlée un autre paysan.
C’est dans des conditions très dures que ces paysans mènent leur sit-in non loin de leurs terres agricoles où des traces de culture sont visibles à l’œil nue. Les autorités administratives locales se sont opposées au dressage des tentes par les organisateurs du sit-in qui ont été rejoints dans la nuit du 13 avril par des renforts venus de Nouakchott et d’autres localités.
Des adultes, des vieillards, des femmes et quelques jeunes constituent la majorité des personnes présentes sur les lieux du sit-in. Ils ont bravé la soif, la forte chaleur et le vent pour s’opposer au projet.
Le Hakem a proféré des menaces à l’endroit des paysans qui entraveraient le déroulement des travaux topographiques en cours à Karawlatt-Woulou N’Diaye nous ont dit les représentants des paysans que nous avons rencontrés à savoir Cheîkh Taher, Amadou Dia, Habib O Ebyaye, Brahim O Inalla, Abdel Kérim O Mohamed, Sidaty O Sleymane, Hennoune O Jma’aa, Abdoulaye Amadou Sow, Mamadou Awdi Dia, Amadou Mamoudou Ly dit Siddy, Ahmed Salem O Seydi et Hamd M’Barek O Yelli qui se disent plus que jamais déterminés à se battre contre ce qu’ils qualifient d’une véritable arnaque.
« Quelque chose qui se fait pour toi, sans toi est contre toi » a lancé l’un des paysans. La police veille au grain à côté des manifestants qui sont éparpillés sous l’ombre de plusieurs arbres. Le député du département Sow Moctar Aliou est venu exprimer sa solidarité avec les manifestants qui sont disposés à rencontrer le Wali du Brakna à condition que les travaux soient arrêtés.
D’ailleurs ces travaux sont arrêtés depuis plus de dix jours selon les paysans. Aux dernières nouvelles, les représentants des paysans ont accepté de rencontrer le Wali à Aleg pour discuter sur le projet répondant ainsi favorablement à la proposition du député. La commission comprend le maire de la commune de Darel Barka, Mohamed O Bilal, Cheikh Taher Dia, Ahmed Babou O Ebyaye, Ahmed O Sleymane, Amadou Mamadou Guèye, Sidi O Yelli, Cheikh Mohamed Mahfouth et Abdallahi O Cheikh Abdarrahmane.
Rappelons que l’Institution Arabe d’Investissement et de Développement Agricole (IAIDA) a conclu avec la Mauritanie une convention lui permettant d’exploiter une superficie de 3.200 hectares de terres agricoles dans la commune de Darel Barka.
Les terres en question, situées dans la wilaya du Brakna, sur le fleuve Sénégal, sont données en location par le gouvernement Mauritanien en contrepartie d’une somme globale de 1,6 million de dollars versée par l’Institution Arabe.
Ce projet agricole sera principalement axé sur la culture des oignons et des pommes de terre, avec pour mission essentielle de réaliser l’autosuffisance alimentaire pour le marché Mauritanien d’ici les trois prochaines années selon les termes de la convention.
La convention a été signée, côté mauritanien, par le Ministre des Finances Moktar Ould Djay, et côté IAIDA, par son président Mohamed Ben Abeid Al-Mazroui.
Des conventions opaques qui ne sont pas rendues publiques devant le peuple Mauritanien. Notre pays est en manque d’argent en cette période. Le discours de nos autorités n’est pas très convaincant sur ce dossier. Comment peut-on nous convaincre, que des locataires de nos terres viennent produire sur nos terres pour notre propre autosuffisance en pommes de terre et en oignons ?
Affaire à suivre