19-04-2015 17:16 - Urgent/Dialogue : Cridem publie la plateforme proposée au pouvoir par le FNDU

Urgent/Dialogue : Cridem publie la plateforme proposée au pouvoir par le FNDU

Du point de vue du Forum national pour l’unité et la démocratie (FNDU), quels sont les préalables à satisfaire afin d’amorcer un dialogue? Quelles sont les questions sur lesquelles doivent porter les discussions une fois le dialogue lancé ?

Jusque-là le public n’avait que très peu d’informations sur la plateforme que le FNDU allait proposer au pouvoir pour l’ouverture de pourparlers visant à sortir la Mauritanie de la crise multidimensionnelle qui la traverse, aujourd’hui ce n’est plus le cas.

Cridem a eu en effet copie du document proposé - hier samedi 18 avril – par le FNDU au pouvoir, pour la tenue un dialogue.

SC

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Le Forum National pour la Démocratie et l’Unité, lors de ses premières assises de mars 2014, a adopté une vision stratégique qui fait du dialogue politique la seule voie possible pour le règlement de la crise politique que vit notre pays.

Ce dialogue doit avoir pour objectif de définir de manière consensuelle, dans le cadre d’un compromis national, les éléments de base pour la mise en place d’un véritable Etat de droit, garantissant la justice, la liberté et la démocratie, avec un schéma de mise en œuvre et un calendrier réalistes, devant conduire à une alternance pacifique au pouvoir et à l’élimination et la réparation des injustices dont certains segments de nos populations ont longtemps souffert.

Les expériences précédentes ont montré la nécessité d’une préparation minutieuse du dialogue en vue de s’assurer de la bonne volonté des différents acteurs et de lui garantir le maximum de succès. Pour cela, le FNDU envisage ce dialogue en deux phases, dont la deuxième est conditionnée par le succès de la première.

Dans le cadre de cette première phase, le FNDU soumet aux représentants du pouvoir, une proposition comportant des mesures que le gouvernement doit entreprendre avant le dialogue national en vue de rétablir la confiance entre les partenaires et à apaiser la situation politique et sociale du pays ainsi que des engagements qui feront l’objet d’un accord-cadre entre les deux parties.

I. Première phase

a. Les mesures de rétablissement de la confiance :

1. Libération de tous les détenus politiques et de droit de l’homme (IRA, Kawtel, Oulad Leblad) et abstention de réprimer les manifestations pacifiques ;

2. L’engagement du Chef de l’Etat à respecter la constitution, notamment dans ses clauses relatives aux mandats du Président de la République, et à la faire respecter par tous les démembrements de l’Etat ;

3. La normalisation de la situation du BASEP, en intégrant tous ses éléments au niveau de l’armée nationale ;

4. Ouverture des médias publics de façon permanente et juste ;

5. Le règlement des problèmes liés à l’état civil de tous nos compatriotes, particulièrement ceux de la vallée, ceux anciennement réfugiés au Sénégal et ceux vivant à l’étranger ;

6. L’allègement des conditions de vie des populations par la réduction des prix des hydrocarbures dont l’impact sur les autres prix est considérable ;

7. Application de la loi n° 2007/054 à travers la déclaration et la publication de la situation patrimoniale du président de la république, du premier ministre, des membres de gouvernement et des autres responsables concernés par la loi ;

8. Ouverture d’un dialogue entre le syndicat et la SNIM et entre la faculté de médecine et les étudiants pour un règlement de la crise ;

9. Faire respecter les lois reconnaissant et incriminant l’esclavage dans notre pays ;

10. Annulation des mesures arbitraires à l’encontre de certains citoyens mauritaniens (licenciement de syndicalistes, exclusion d’étudiants, mesures disciplinaires, administratives ou judiciaires arbitraires) ;

b. L’accord cadre

En plus des mesures précédentes, conformément à la plateforme du FNDU et à la lettre la transmettant au pouvoir, et dans le cadre de cette première phase, le dialogue doit nécessairement être précédé par la signature d’un accord-cadre avec le gouvernement comportant les points suivants :

1. L’engagement du Chef de l’Etat à se positionner de façon équidistante de tous les acteurs politiques, à assurer la neutralité des services publics dans le jeu politique, à garantir à tous les citoyens un traitement égalitaire, notamment en matière d’emploi, à faire respecter par toutes les autorités leur obligation de réserve par rapport aux compétitions politiques et rompre de façon définitive tout lien organique entre l’administration et tout parti politique ;

2. L’engagement du Chef de l’Etat à œuvrer à l’édification d’un système judiciaire juste, crédible et efficace et à faire cesser toute intervention du politique et de l’administration dans le fonctionnement normal de la justice ;

3. L’engagement du Chef de l’Etat à maintenir nos forces armées et nos forces de sécurité à l’écart du jeu politique ;

4. L’engagement du Chef de l’Etat à organiser des élections anticipées consensuelles.

5. L’engagement du chef de l’état à appliquer les reformes électorales nécessaires avant toute élection anticipée.

6. L’engagement du Chef de l’Etat à choisir un gouvernement consensuel (pouvant inspirer confiance aux différents acteurs) et à lui déléguer les compétences nécessaires pour mettre en œuvre les accords issus du dialogue politique, notamment la supervision d’élections consensuelles ;

7. L’engagement du Chef de l’Etat à choisir des responsables consensuels pour les médias publics ;

8. L’engagement du FNDU à apporter son appui à ce gouvernement consensuel pour la mise en œuvre des accords du dialogue et pour son programme économique et social ;

9. L’engagement des parties à cet accord-cadre de traduire les présentes clauses au niveau de l’accord issu du dialogue ;

10. L’engagement des deux parties à convenir avec les autres parties au dialogue national un calendrier raisonnable pour le dialogue ;

11. Tout manquement par l’une des deux parties aux présents engagements donnera à l’autre partie le droit de reconsidérer sa position par rapport au dialogue.

Dans le cas où le FNDU considère que la réponse du pouvoir est positive, l’accord cadre devra être paraphé par les négociateurs des deux parties et signé par le Président du FNDU et le Chef de l’Etat. Il ouvre la voie à un dialogue national dont le programme et les participants seront convenus en commun accord entre le FNDU, le pouvoir et sa majorité et les autres partenaires nationaux, en particulier, la CAP.

II. Deuxième phase

La deuxième phase de ce dialogue constitue le véritable dialogue national auquel participent tous les acteurs concernés et qui portera sur tous les problèmes nationaux. Le FNDU ne pourra, à lui seul, fixer l’ordre du jour de ce dialogue. Il considère cependant, que les points suivants doivent y être nécessairement inscrits et que les mesures appropriées pour la mise en œuvre de l’accord cadre en ressortiront :

i) L’Unité nationale dans toutes ses dimensions ;

a. L’esclavage et ses séquelles (politiques de discrimination positive) ;

b. La question du vivre ensemble ;

c. La question culturelle ;

d. Le passif humanitaire ;

e. L’insertion des réfugiés et leur rétablissement dans leurs droits ;

f. La question foncière ;

g. La décentralisation ;

h. Le développement régional équilibré ;

ii) L’Etat de droit :

a. Respect et stricte application de la constitution et des lois et règlements de la République ;

b. Une armée républicaine (apolitique, neutre, structuré et reflétant la diversité du pays) ;

c. Une justice indépendante ;

d. Un pouvoir législatif autonome ;

e. La question du genre ;

f. Le rôle de la société civile ;

g. Une administration au service du citoyen et neutre au niveau du jeu politique (accès aux emplois et aux marchés selon les lois et règlements, une administration du développement) ;

iii) Des élections consensuelles avec une supervision technique et politique également consensuelle :

a. Un gouvernement consensuel disposant de larges compétences pour la supervision des élections ;

b. Un système et des institutions électoraux consensuels (lois, règlements, institutions (CENI, Conseil Constitutionnel, Agence d’état civil, Cours Suprême) ; iv) La gestion des deniers publics

a. Eclairages sur certains dossiers obscurs (aéroport de Nouakchott, montage des avions à Nouakchott, attribution du domaine public de l’Etat (stade olympique, école de police), le sort des 50 millions de dollars RAS, les détournements au trésor public, les 200 millions de dollars de Senoussi, etc.) ;

b. Audit de certaines institutions économiques et financières (Délégation Maritime, SNIM, la BCM, SPEG) ;

c. Instauration d’une bonne gouvernance économique et financière ;

v) Un service public de communication autonome, efficace et impartial ;

vi) La question de la sécurité publique ;

vii) L’institutionnalisation du dialogue ;

viii) La situation économique et sociale des populations (prix, sécheresse, chômage, accès aux services de base, justice sociale) ;







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Commentaires (12)

  • ouldsidialy (H) 20/04/2015 19:08 X

    Ce catalogue serait un document de travail en vue d’une négociation politique ??? Il y a une formation en gouvernance politique responsable, qui se perd pour ces messieurs de l’opposition!!! De l’ensemble du catalogue, il ressort que ces gens se fichent pas mal de la démocratie ou de l’Etat de droit (les lois) ou des droits l’homme. Un seul exemple:Le pays compte un seul détenu d’opinion, mais pas question d’évoquer ould M’keitir !!!!

  • synthetiseur (H) 20/04/2015 11:42 X

    Tel que je vois les choses venir, je crois de plus en plus que ce dialogue aura besoin d'un arbitrage, d'une modération par des personnalités crédibles et indépendantes. Et à défaut les mauritaniens seront obligés de recourir à l'extérieur mais souhaitons que les choses s'arrangent; autre inquiétude je trouve que coté pouvoir on a l'air de prendre tout son temps avec les visites du Président le dialogue passe forcément au second plan; Allah yeaawen!!!

  • gacef12 (H) 20/04/2015 09:53 X

    Ce que nos politiques ne semblent pas connaitre est que le Mauritanie est un encore un Etat en création : - Nos frontières n’ont pas encore de tracée définitif depuis plus de 50 ans, - Nos populations ne sont pas encore connues dans la majorité des cas, la citoyenneté n’existe nulle part, - Tout l’arsenal juridique de la République n’a rien à voir avec les problèmes réels rencontrés Un dialogue objectif c’est plutôt une conférence nationale souveraine pour laquelle toutes les composantes nationales doivent être invitées, les organes dirigeant les débats doivent être neutres. Le problème est que cette sorte de conférence par les temps qui courent ne peut pas être objectives car les avantages que certains avaient acquis depuis l’indépendance ne peuvent pas être retirés d’un coup. A notre humble avis, la Mauritanie a besoin surtout d’un homme comme SANKARA, un homme fort qui redresse la situation et aide à la mise en place d’institutions fortes.

  • ngaari aalam (H) 20/04/2015 04:17 X

    Moi j aurais préférer qu’ils proposent une conférence nationale, vue cette plateforme qu’ils nous proposent, qui sera irréalisable dans le cours terme. Dans la pratique cette plateforme ne pourra se réaliser que dans un long terme, au moins 10 ans. @mdmdlemine sarr, bouhoubieny et Samory sont des politiques comme Ahmed ould daddah ou ould maouloud, les droits de l’homme ne leur servent que de couverture.

  • el outour (H) 19/04/2015 23:48 X

    Étonnants certains commentaires. C'est quoi donc l'objectif? S'il s'agit de donner un nouvel envol à notre démocratie ,on ne peut que s'inscrire dans la logique d'une tempête dans le verre. Il faut discuter de tout. Mais comme il s'agit d'un dialogue on finira par trouver des compromis. Les défaitistes et les lâches n'ont qu' à partir à kiffa applaudir et laisser le terrain à ceux qui rêvent et qui se sacrifient pour une Mauritanie meilleure. Cela arrivera inchangé Allah en dépit de l'armée et de l'UPr. Patience les amis; les nations ont besoin d'hommes et de temps pour se construire.

  • mdmdlemine (H) 19/04/2015 22:36 X

    le plus objectif qu'on dire à propos de cette plateforme est qu'elle a valeur d'autoélimination du forum du projet de dialogue. Je suis quasiment certains que les non pooitiques tels sarr, bouhoubieny et Samory ne sont pas totalement d'accord avec ces préalables mais uniquement aux aspects liés aux drotis de l'homme, aux syndicats et à l'assainissement de la justice peut etre que certain qu'il fait mauvaise route en cherchant un dialogue impossible, le forum a placé au dessus de la barre pour catapulter tout et trouver un alibi pour charger le pouvoir on est hostile au pouvoir mais on est également opposé à tout ce qui n'est pas objectif ou politiquement correct comme cette plateforme dont les points ne peuvent être satisfaits qu'en quart siècle au bas mot

  • El Houssein (H) 19/04/2015 21:57 X

    Il est clair que l'opposition ne veut pas du dislogue. Malheureusement, vous avez eu une occasion que vous n'avez pas saisie. C'est le malheur de ce pays pris en entraille entre vous et ce pouvoir. Vous êtes incapsbles de vous entendre. C'est un programme de dix ans de travail. Il fallait être là au moment de la constitution de la République. Voyez ce qui se passe dans le monde Arabe et Africain (RAS) et SVP, soyer sage et il faut en tirer les conséquences.

  • Symaodo (H) 19/04/2015 21:20 X

    le dead line c' est 2019,l' année de vérité,l' année de l' élection présidentielle: d'ici la il faut amuser la galerie,pouvoir et opposition vont s' embrasser,se donner des accolades,s' aimer presque,pendant ce temps Aziz manœuvre,combine,calcule,comment amender la constitution pour un troisième mandat:

  • Hamdoulah (H) 19/04/2015 20:44 X

    Ce qui est sûr, nous sommes très loin du bout du tunnel ! Quel est l'homme déjà au pouvoir et ayant tous les pouvoirs qui drainent des foules (même celles de l'opposition), au cours de ses moindres sorties, qui va par enchantement se résoudre au dictat d'une opposition qui a montré ses faiblesses au cours de tant d'années ??????????

  • mdmdlemine (H) 19/04/2015 19:56 X

    le dialogue est foutu. Ces conditions sont pratiquement impossibles la fois et dans un court terme. C'est comme si la Mauritanie veut organiser ses toutes premières élections pluralistes Au moins, s'il y avait un minimum d'objectivité, on pourrait esperer, mais de telles concessions ne seront jamais acceptées par les militaires et les civils qui dirigent le pays qu'au prix de leur vie le plus pertinent dans cette plateforme est la libertation de tous les prisonniers d'opinion ainsi que d'autres doléances C'est comme vouloir l'echec préalable du dialogue en imposant des préalables qui ne peuvent être acceptés par Aziz vraiment dommage de ne pas exiger au départ le plus urgent et refonder progressiment la démocratie sans risquer l'avortement

  • synthetiseur (H) 19/04/2015 19:13 X

    elmerchid, je ne vous ai pas compris; Personnellement j'estime que c'est un vaste programme,la barre est très haute mais c'est de bonne guerre, l'essentiel c'est que l’intérêt du pays et du peuple mauritanien y est bien sauvegardé; il reste à savoir si la volonté politique des uns et des autres l'emportera sur les considérations personnelles. En tout cas cela demande beaucoup de courage et de patriotisme.

  • el merchid (H) 19/04/2015 17:57 X

    C'est ridicule et inacceptable , comment voulez que vous tracez une feuille de route a un despote qui a été elu par le peuple ? En tout cas je confirme que le fndu ne cherche pas l'intérêt general comme aziz , étant donne qu'il donne des conditions draconiennes afin d'éviter des élections anticipees . Ce peuple est pris en tenaille par un pouvoir dictatorial et une opposition irresponsable . Le proverbe dit : entre la peste et le choléra , le choix est vraiment difficile .