05-10-2015 19:30 - Des mines d’or juteuses pour les proches du président mauritanien Aziz

Des mines d’or juteuses pour les proches du président mauritanien Aziz

Mondafrique - Les autorités américaines ont lancé une enquête pour faire la lumière sur les pots de vins versés à des proches du président mauritanien par le géant minier Kinross Gold Corporation.

C’est "Le Monde* qui a révélé cette grave affaire de corruption éclaboussant le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, ainsi que son clan. Elle concerne les agissements du géant minier canadien Kinross Gold Corporation en Mauritanie. En 2010, celui-ci a acheté la mine d’or de Tasiat, située à 300 kilomètres au nord de Nouakchott.

C’est cette acquisition et l’exploitation du gisement qui valent aujourd’hui au cinquième producteur mondial d’or de faire l’objet d’une enquête de la SEC, le gendarme de la Bourse américain, et du Département US de la Justice. Et le moins que l’on puisse dire est que les Américains n’y vont pas de main morte.

Selon Le Monde, la SEC a exigé de Kinross Gold Corporation « une liste de documents internes tels que l’intégralité des courriers et échanges électroniques, mais aussi les contrats et les virements passés avec une longue liste de personnalités mauritaniennes, le plus souvent des proches du président. Les paiements de taxe sur les carburants, les relations avec les inspecteurs du travail, et les rapports environnementaux ont également été demandés ». Si la Kinross Gold Corporation se trouve à ce point dans le collimateur anti-corruption des Etats-Unis, c’est qu’elle est lourdement suspectée d’avoir bien arrosé l’entourage du président Ould Abdel Aziz.
Bakchichs à gogo
Le Monde publie en effet une liste de corps de métiers et de personnalités mauritaniennes qui ont profité des largesses de cette société. Sont pêle-mêle cités des agents des douanes, des gendarmes, des militaires, des inspecteurs du travail, des hauts fonctionnaires et des conseillers du président. C’est notamment le cas d’un « entrepreneur logistique », Ismaël Hassana, qui a « fait fonction de directeur des relations extérieures de la filiale mauritanienne de la Kinross Gold Corporation. » Mais aussi de l’homme d’affaires Melaïnine Ould Tomy, « toujours chic et coutumier des palaces parisiens », ancien vice-président de la mine de Tasiat. A son sujet, Le Monde relève ironiquement que c’est « sans doute un hasard qu’il ait été directeur du protocole de la présidence et que son cousin se nomme Mohamed Ould Abdel Aziz »...

Parmi les autres personnalités sur lesquelles les autorités américaines enquêtent, figure Mohamed Abdellali Ould Yaha, « ancien délégué à l’investissement privé du gouvernement et sous-traitant du géant minier » ; ou encore « le patron de la gendarmerie nationale, le général N’Daga Dieng, (qui) loue plusieurs de ses villas à Nouakchott aux éployés de Kinross Gold Corporation, qui a d’ailleurs embauché sa fille. »

Bien connue des lecteurs de Mondafrique, cette corruption du clan présidentiel mauritanien ne peut qu'alerter la communauté internationale. Laquelle n’a que trop soutenu Ould Abdel Aziz et les siens en fermant les yeux sur la corruption du régime.

* Mauritanie : le géant minier Kinross dans le viseur des autorités américaines, par Joan Tilouine et Xavier Monnier, paru sur www.lemonde.fr le 4 octobre 2015

ENCADRE LA REPONSE DE KINROSS

En réponse aux demandes de renseignements des médias, Kinross Gold Corporation (TSX: K, NYSE: KGC) souhaite faire connaître les circonstances relatives à un examen réglementaire en cours concernant ses opérations minières en Afrique de l’Ouest.

En août 2013, Kinross a reçu des informations sur des allégations de paiements irréguliers effectués à des fonctionnaires de gouvernements ainsi que sur certaines déficiences de contrôle interne au niveau de ses opérations minières en Afrique de l’Ouest.

Kinross prend ces allégations très au sérieux et a immédiatement engagé des mesures en accord avec sa politique en matière de dénonciation. Un cabinet de conseil juridique externe a été immédiatement retenu pour mener une enquête interne objective sur ces allégations.

En mars et décembre 2014, ainsi qu’en juillet 2015, Kinross a reçu des assignations de la part de la Securities and Exchange Commission des États-Unis (la «SEC» – organisme fédéral américain de réglementation et de contrôle des marchés financiers) en quête d’informations et de documents sur sensiblement les mêmes sujets qui avaient été déjà soulevés à titre anonyme. En décembre 2014, Kinross a reçu des demandes d’informations similaires de la part du Département de la Justice des États-Unis (le «DOJ»).

Kinross coopère pleinement avec la SEC et le DOJ et continue à mener avec rigueur sa propre enquête interne qui, au cours des 25 derniers mois, n’a pas identifié de problèmes que Kinross croit susceptibles d’avoir un effet négatif sur sa position financière ou sur ses opérations. Notre enquête interne se poursuit et dans ce cadre des éléments ou faits nouveaux pourraient être connus. Il est important de noter que les assignations de la SEC indiquent expressément que: « cette enquête est confidentielle et non publique et ne doit pas être interprétée comme une indication par la Commission ou son personnel de toute violation commise, ni comme une appréciation sur une personne, entité ou sécurité ».

Kinross s’engage à mener ses opérations selon les standards éthiques les plus élevés et à conduire ses affaires d’une manière honnête et transparente en conformité avec la loi. Kinross a mis en œuvre, de longue date, une solide culture d’éthique et de responsabilité conformément à son code de déontologie et d’éthique et aux programmes de conformité anti-corruption qui y sont liés. Du fait qu’il s’agit d’une affaire légale en cours, Kinross ne fera pas davantage de commentaire pour le moment.



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Source : Mondafrique
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Commentaires (8)

  • teyssir (H) 06/10/2015 10:00 X

    L'information est aussi credible que l'origine...encore une fois domage car Tasiast est une entrepise tres tres salle et le gouvernement mauritanien est en plein la dans avec en effet l'intervention reguliere du sommet de l'Etat pour aider des societes prives notamment dans le BTP, la fourniture a des prix exorbitants de produits alimentaires (eau, poissons, viande, pattes...). Le probleme est que cela est un soucis de l'Etat pas des prives ou des personnes. Quand on indexe des entreprises ou des individus on decredibilise le sujet car c'est une entreprise cotee et l'Etat ne doit intervenir sans sa declaration publique de cela. Les grands chefs de Tasiast/structure de management a Toronto ont faillu a cette obligation comme l'Etat a failli a la sienne. Cela est suffisant pour une enquete mais les fautives ne sont pas les vendeurs /entreprises ou individus nationaux; c'est les structures. La bourse ne cote pas Patrik ou Tomy mais Kinross. Monde Afrique, il faut arreter vos betises et aller directement au but pour ne pas perdre le peu de soutien que vous avez encore....vous voulez Aziz avec ou sans raisons...allez y et foutez nous la paix

  • abouth (H) 06/10/2015 09:59 X

    Le sort de ces nouvelles accusations calomnieuses sera celui de celles véhiculées, en son temps, par le député Noel Mamère, willaim Bourdon (Sherpa)et autre Catherine Graciet; en prêtant une oreille attentive aux fantaisies d'opposants mauritaniens déboutés par les urnes, on finira toujours par faire amende honorable, en quémandant un compromis moyennant des excuses publiques...

  • abouth (H) 06/10/2015 08:38 X

    Séparer le bon grain de l’ivraie: 1. Le point de vue de la SEC (« … cette enquête (…) ne doit pas être interprétée comme une indication par la Commission ou son personnel de toute violation commise, ni comme une appréciation sur une personne, entité ou sécurité ». 2. (« …en quête d’informations et de documents sur sensiblement les mêmes sujets qui avaient été déjà soulevés à titre anonyme. »), le terme anonyme est important. 3. («Kinross (…) continue à mener avec rigueur sa propre enquête interne qui, au cours des 25 derniers mois, n’a pas identifié de problèmes que Kinross croit susceptibles d’avoir un effet négatif sur sa position financière ou sur ses opérations »). Au vu de ces trois extraits du présent texte, l’on peut conclure à l’existence d’une source «anonyme» pour KINROS, que KINROS «au cours des 25 derniers mois, n’a pas identifié de problèmes» et que la SEC met en garde contre l’interprétation tendancieuse de son enquête, en terme de « violation commise ». Ce n’est ni plus ni moins qu’un nouvel épisode dans la bataille d’arrière-garde que mènent les adeptes de la gabegie, contre celui qui les a «sevrés», le président Aziz.

  • synthetiseur (H) 06/10/2015 00:48 X

    Rêvez toujours détracteurs du Président Aziz.....Mais je vous ramène sur terre en vous faisant comprendre que jusqu'à présent ceci n'est qu'un article sans doute commandité, que même si une enquête a été lancée elle est loin de conclure à une quelconque accusation, et que les soupçons de largesses s'il y'a eu largesses à l'égard de proches du Président ne lui (leur) sont pas imputables mais c'est Kinross qui devrait en répondre auprès de la justice américaine; Et puis il y'a une différence entre corruption et contrats de location de maisons(Ndiaga Dieng)....Quand aux autres je ne vois pas à travers l'article ce qu'on peut leur reprocher comme quoi tout ceci n'est que communication, communication, communication malveillante.

  • moulaye sidine (H) 05/10/2015 23:53 X

    Aujourd’hui, certains observateurs de la scène politique et certains spécialistes de l’information et de la communication suivent avec beaucoup de constance les campagnes calomnieuses politico-médiatiques lancées ces dernières semaines contre l’institution de l’Etat à travers le dénigrement des symboles de la République. Tantôt on s’attaque à l’institution du Président de la République, soit directement, soit à travers les membres de sa famille ou son entourage. Tantôt ces campagnes se rabattent sur certaines personnalités dévouées au service de l’Etat. La première institution de notre pays ne peut pas faire l’objet d’attaques diffamatoires et infamantes, en toute impunité dans la presse écrite ou en ligne. Cela doit s’arrêter. Des poursuites judiciaires doivent être engagées en Mauritanie comme à l’étranger contre les auteurs des propos diffamatoires envers le président de la République.

  • Yahyaoui (H) 05/10/2015 23:12 X

    Je suis choqué de voir mon Président dans une affaire de corruption avec le SEC Américain, personne de son entourage en cas de recherche pour jugement ne le dédouanera, ils diront tous sans exception que c'est lui, simplement pour sauver leur peau qu'ils n'ont jamais demander au Président de faire quelques choses pour eux. Si j'ai suivi l'histoire de Noriega avec la justice USA, je me demande que fera notre Président en cas d’accusation de corruption et avec cela il demande un troisième mandat pour ne pas être arrêter, Il n’y aura pas d'un second Oumar El bechir, la corruption est plus grave chez les Américain que tuer une personne.

  • hachmi (H) 05/10/2015 21:15 X

    Vous ne jouez pas sur les mêmes terrains à la mode de la corruption les terrains de la Fifa et de Volz Woguen ! C'est à dire que ça c'est un non événement pour un pays corrompu occupant la 56ème place. Allez oust circulez, il n y a rien de nouveau, mr mondaAfrique de Gana Gate, de ......

  • abarry45 (H) 05/10/2015 19:43 X

    Pour cause de révélations mensongères aux desseins non avoués monde Afrique sera este en justice par certaines personnalités mises gratuitement en cause dans cet article .La procédure à été entamée