09-10-2016 23:15 - Libre Expression | Dialogue National Inclusif: oui aux politiciens, mais le problème est surtout économique !

Libre Expression | Dialogue National Inclusif: oui aux politiciens, mais le problème est surtout économique !

Dr Sidi El Moctar Ahmed Taleb - Dans le tiers-monde, la politique est le menu de tous. Seuls diffèrent les objectifs, la motivation, l’angle d’analyse ou le contexte dans lequel chaque acteur inscrit -consciemment ou non- son action. Elle est alors un divertissement pour les pauvres, un capital pour les hommes politiques et riches, et enfin un champ de manœuvres intermédiaires pour une troisième classe fortement hétérogène.

Ainsi, les pauvres cherchent, à longueur de journées, toutes sortes d’informations, les commentent avec passion et leur assurent une large diffusion dans les lieux de rassemblements: moyens de transports et marchés publics, cérémonies, réunions et veillées familiales, lieux de travail publics et privés, etc.

Dans cette catégorie des pauvres, on classe généralement le fameux "homme de la rue" qui, lui et les pauvres ne sont, dans la quasi-totalité des cas, ni la source de l’information qu’ils véhiculent, ni ses bénéficiaires. Autrement dit, leur travail n’est qu’un simple écho de l’action réfléchie d’autres créateurs de l’opinion et profiteurs de l’effet du jeu de son instrumentalisation.

Ce sont justement ces créateurs de l’opinion, c’est-à-dire les acteurs politiques et économiques faisant de la politique un capital, qui tissent des stratégies de communication où l’usage de toutes sortes de jeux, y compris les malversations, en constitue un axe fondamental.

En matière de politique, l’objectif est, en général, l’acquisition du pouvoir ou sa conservation le plus longtemps possible. Ceci est l’œuvre des vrais leaders politiques ambitieux d’accéder au fauteuil présidentiel et des piliers du système qu’ils fondent une fois au pouvoir.

Concernant la classe détentrice de la richesse, elle manœuvre, comme d’ailleurs les politiques opportunistes, pour consolider des relations avec les dirigeants et/ou gagner de nouveaux soutiens parmi les forces qui fondent le pouvoir dans son ensemble.

Quant aux politiques et économiques ayant choisi l’opposition, ils utilisent normalement la presse pour faire valoir les erreurs du pouvoir en place et procéder, par voie démocratique, à déstabiliser ce dernier ou à le destituer même. Mais, malheureusement, le constat est que ces opposants cherchent souvent, par leurs actions directes et indirectes, à soustraire au pouvoir des avantages politiques et économiques égoïstes ou à se faire remarquer pour que ce camp, apparemment adverse, les récupère ou qu’un partenaire étranger les adopte. Plus explicitement "je m’oppose au pouvoir puisque j’ai une ambition personnelle, mes intérêts sont touchés ou le pouvoir me le demande…j’agis au non du peuple, j’utilise le peuple et c’est le peuple qui paye chaque fois le prix de mon combat trompeur".

Dans ce jeu, tout laisse à dire que "l’homme de la rue", qu’il soit ou non de la catégorie des pauvres comme supposé plus haut dans cet écrit, ne peut être qu’une création du pouvoir ou de la classe d’hommes politiques et économiques.

Ce sont également ces mêmes acteurs politiques et économiques manœuvriers qui empêchent cette dernière catégorie des médias et des intellectuels d’accomplir leurs missions dans la transparence et avec la neutralité requise. Là, on dénombre explicitement ceux qui s’inclinent vers la politique par vocation, par amateurisme, par opportunisme ou sous la pression sociale, politique et économique.

C’est cette pression, exercée souvent par voie directe et indirecte, qui empêche généralement le quatrième pouvoir de s’acquitter convenablement de la mission qui est la sienne et détourne l’élite intellectuelle de son vrai rôle vis-à-vis du reste de la société ; l’enjeu des intérêts des acteurs et le caractère souvent conflictuel des rapports entre les concernés, étant toujours mis en cause à ce sujet.

Une illustration des faits relatés ici, en ont fait déjà les travaux du présent "Dialogue National Inclusif" ouvert le 09 du mois courant sous le haut patronage du Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz. De tels faits seront aussi certainement davantage illustrés par les campagnes médiatiques qui suivront l’annonce des résultats attendus de cette manifestation hautement politique.

Déjà plusieurs participants ont laissé découvrir leur talent en politique et sont allés dans leurs interventions jusqu’à évoquer des thèmes que les initiateurs du dialogue auraient contournés par pudeur ou de peur d’irriter, outre mesure, les citoyens.

Nos politiques, nos médias et notre élite intellectuelle, ne manqueront pas sûrement de s’étaler sur le fait que des intervenants avaient rappelé que la constitution est une création du peuple et que celui-ci a droit et pouvoir de la modifier à tout moment. Tous montreront leur génie à ce sujet et en ce qui concerne les propositions relatives à la mise en cause du système présidentiel actuel (monarchie constitutionnelle), la durée et le nombre des mandats successifs, la nature et le nombre des institutions parlementaires (suppression), le niveau de décentralisation dont a besoin le pays à ce stade de démocratisation (Conseils municipaux), aux symboles de l’Etat, etc.

Serait-ce aussi certainement le lieu pour certains de reposer la question du choix exclusif d’un Premier Ministre de la Wilaya du Hodh Charghi et de suggérer le retour de ce poste au Brakna, l’expérimentation d’autres régions du pays, l’adoption d’un nouveau critère autre que le poids démographique (électoral) des régions administratives et enfin, la remise en cause du découpage administratif actuel.

Dans ce cadre, et à d’autres fins multiples et plus ou moins évidents, tout sera mis en œuvre et tous seront embarqués dans la création d’une opinion publique nationale donnée selon qu’on est au RFD, au FNDU, à la Convention, à la Majorité présidentielle, dans les organisations de la société civile ou tout simplement homme de presse et intellectuel.

Dans ce jeu, on verra agir tous les acteurs responsables de la création et la manipulation de l’opinion publique dans notre pays ; ils le feront aussi bien en tant que source de l’information qu’instruments de sa propagation et de sa manipulation pour des objectifs prémédités.

Certains amplifieront le soi-disant conflit entre des ailes politiques de l’Est et l’ambition de cet Est quant à récupérer, par voie pacifique, la Présidence du pays. D’autres travailleront pour d’abord, imaginer les scénarii possibles relatifs à l’alternance politique et ensuite, décrédibiliser ou discréditer les personnalités civiles et militaires présidentiables issus de cet espace géographique.

L’une des principales raisons de la mise en marche probable d’une telle machine, est la solidarité Est-Nord, celle qui continue de choquer plusieurs leaders et bloquer leurs ambitions.

S’agissant des Mauritaniens visés par de telles campagnes médiatiques, ils craignent déjà qu’on oublie le fait que la politique est, dans la pratique, la manière de développer une économie assez forte pour assurer la paix et la stabilité d’un pays ainsi que la prospérité et le bonheur des citoyens. C’est-à-dire, un état économique caractérisé, entre autres, par un taux de croissance satisfaisant, une classe moyenne largement représentative et un niveau de pauvreté conforme aux nomes convenues dans ce domaine.

Pour ces Mauritaniens, oui aux politiciens, mais les problèmes actuels du pays sont surtout d’ordre économique. En conséquence, les résultats escomptés du dialogue politique en cours et les objectifs visés au-delà même de la mise en œuvre de tels résultats, restent tributaires d’une amélioration sensible des conditions de vie et de travail des populations durant ce deuxième mandat du Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz.
D’où le besoins d’œuvrer davantage pour individualiser et valoriser une vraie classe de technocrates bâtie au détriment des hommes politiques et des techniciens politisés. Il s’agit de faire émerger et promouvoir, au sein d’un Etat d’institutions, une classe de cadres techniques purs et durs, capables de concevoir des politiques publiques pertinentes et de contribuer efficacement à leur assurer les meilleures conditions de mise en œuvre. C’est là mon espoir et celui de plusieurs autres mauritaniens ayant choisi volontiers de rester combattre sur place, déjà installés à l’étranger ou contraints de rester au pays contre leur gré.

Chers citoyens, raccrochons nous tous à cet espoir et à tout autre espoir réel !

Dr Sidi El Moctar Ahmed Taleb


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