23-10-2016 23:15 - Le dialogue national inclusif : la rectification de la dernière chance

Le dialogue national inclusif : la rectification de la dernière chance

Le Rénovateur Quotidien - Enfin, les rideaux sont tombés sur le dernier acte du dialogue national inclusif. L’occasion pour le président sous le haut patronage duquel (SIC) le dialogue s’est ouvert et a été clos de prononcer un discours dans lequel de justifier les tenants et aboutissants d’un dialogue qu’il a initié par à-coups depuis longtemps déjà. J’en évoque ici les points essentiels appelant certaines remarques de ma part.

L’annonce du but du dialogue, l’enracinement de la démocratie, de l’unité nationale, le renforcement des intérêts du peuple et de l’Etat mauritaniens. Ecartant toute volonté de poser des questions personnelles sans lien avec les affaires publiques et de susciter les querelles. La critique de ceux qui voudraient surfer sur les révolutions par le moyen de mensonges, d’allégations infondées n’existant que dans leur imaginaire pour créer des problèmes.

La promesse d’appliquer les conclusions du dialogue, qualifiées de claires et de limpides, le renforcement de l’unité nationale du peuple qui a souffert de problèmes causés par certains anciens responsables aujourd’hui comptant parmi les rangs des boycotteurs du dialogue. Qui se sont mus en adeptes de la propagation du mensonge quand ils ont vu que la porte leur était fermée.

30000 mauritaniens sont âgés de plus de 75 ans, selon le président. Tandis qu’un seul a cumulé deux mandats successifs après l’adoption d’une Constitution qu’il a suspendue à la suite d’un coup d’état avant de la réactiver après avoir reconstitué son assise civile. Au lieu d’en faire le test pour une alternance du pouvoir, seul gage d’une démocratie réelle, l’opposition n’ayant jamais gouverné en Mauritanie, et l’armée concentrant tous les pouvoirs depuis 1978, il est clair que le dialogue ne vise qu’à perpétuer un état de fait qui dure depuis 38 ans.

Le souci du président de renouveler la classe politique, quasi obsessionnel, participe de sa volonté de rectifier tout ce qui lui fait obstacle. Comme le coup d’état militaire n’est plus de mise, que ce soit par le dialogue. Avec ou sans l’opposition. On dialoguera avec ceux qui seront présents. Les absents ont tort. Rien de plus simple.

La modification de la constitution pour l’intérêt d’un individu ou d’un groupe ne saurait se faire en raison de l’impératif démocratique. L’article 28 ne sert qu’une seule personne, ne l’occurrence lui-même. En dépit des nombreux participants ayant demandé son amendement, il avoue ne pas le leur avoir demandé et n’avoir jamais manifesté son désir d’ouvrir les mandats présidentiels.

Le président qui a fait l’aveu de ne pas concevoir de gêne à modifier la Constitution si l’envie lui en prend, comme il l’a fait par le passé, nous révèle que cela était dans l’intérêt général, pour lequel il a toujours agi, contrairement à ses ennemis, mus par l’intérêt général. Lui est un saint, ses détracteurs le diable personnalisé. Raison de plus de les rectifier.

Les articles qui vont dans l’intérêt de certaines personnes précises doivent être changés, puisque telle est sa conviction, déclare ould Abdel Aziz. C’est dans l’intérêt de la démocratie, souligne-t-il, pour éviter de déstabiliser le pays et porter atteinte à sa sécurité. Ainsi dit, ainsi fait. Quiconque se servira de cet alibi s’expose d’ailleurs à la réaction de tout un Etat et des mesures appropriées seront prises à son encontre, martèle-t-il.

La suppression du Sénat se fera suivant la recommandation des dialoguistes. Pour lui donner une portée populaire, elle sera proposée à un référendum. Que personne ne pourra empêcher, seul le peuple étant l’arbitre. Car la constitution demeure la seule référence pour le référendum et qu’il existe des voies juridiques pour tout recours. Il reconnait que des conseils régionaux élus sont proposés comme alternative au Sénat par nul autre que lui-même, pour un tas de raisons louables : démocratie, développement local et rapprochement de l’administration des citoyens. Enfin, le changement des symboles de l’Etat pour améliorer la visibilité du drapeau, et dans la foulée changer certaines choses.

Les multiples recadrages, la défense des propositions faites par l’Union pour la République, la référence au discours de Néma, annonçant la volonté de supprimer le Sénat, son leitmotiv de renouveler la classe politique, ses critiques acerbes adressées à ses détracteurs qualifiés de tous les maux, à l’exception de ses opposants qui se ont retirés du dialogue, le ton ferme et les menaces à peine voilées, tout cela indique que le dialogue est à l’image de son initiateur. La méthode bulldozer et le style « rectification ». Le président retrouve ses vieilles habitudes de général multi-putschiste en mal d’un pouvoir qu’il n’est pas près de lâcher.

A 30 mois de la fin de la fin de son mandat, Mohamed ould Abdel Aziz, s’est voulu prévenant. Il prépare le terrain. Tous les scénarios sont possibles, y compris à la russe ou à la turque ou à la mauritanienne. En élargissant les prérogatives – déjà suffisamment exorbitantes – les dialoguistes lui en donnent les moyens. Il a du temps pour y songer.





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Commentaires (2)

  • bleil (H) 24/10/2016 11:39 X

    Le president fondateur n'a pas compris que meme les "Safaguas" du "dialogue" se sont tous lèves en applaudissant pour lui dire de partir, et bon débarras! ses turpitudes pour forcerr un troisième mandant n'ont pas réussi, donc on changer le tir et s'orienter vers un 3ème putsch ! Mais pour quitter dignement il doit comprendre et expliquer à ses "fréres d'armes" que l'autorité est plus forte et plus solide quand elle se fonde sur la raison, le consensus et l'affection réelle de nos paisibles populations.

  • président fondateur (H) 24/10/2016 00:20 X

    Si moi président fondateur je n'ai pas droit à un troisième mandat je ne laisserai pas Messaoud et Daddah modifier la limite d'age(75ans) pour se présenter. Je ne me présente pas ils ne se présentent pas point final.