15-04-2017 12:33 - Mauritanie : Bourses suspendues, étudiants livrés à eux-mêmes

Mauritanie : Bourses suspendues, étudiants livrés à eux-mêmes

Le Quotidien de Nouakchott - Mercredi dernier, la police mauritanienne a une nouvelle fois dispersé une manifestation d’étudiants, à Nouakchott.

Comme à l’accoutumée, un usage massif de matraques et de gaz lacrymogènes a été constaté. Les étudiants déploraient ce qu’ils appellent « la crise des bourses ». Crise qui a pris plus d’ampleur avec la « suspension » des bourses d’étudiants mauritaniens en Algérie et Tunisie, dernièrement.

Depuis quelques semaines, les étudiants mauritaniens en Algérie et Tunisie ont tiré la sonnette de l’alarme. Ils soutiennent n’avoir reçu aucun rond des autorités mauritaniennes, depuis le début de l’année académique.

Selon un syndicaliste étudiant, « plus de cent étudiants sont privés de bourse en Algérie et Tunisie». Ils accusent l’ambassade mauritanienne en Algérie et le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESRS) de leur « couper les vivres ».

Le ministre se défend


Dans un communiqué transmis à saharasmédias, le MESRS a balayé les accusations des étudiants, arguant qu’il s’agit « d’étudiants non inscrits », ce qui a conduit à la « suspension de leur bourse ». Le ministère souligne par ailleurs que des « dossiers parvenus récemment, sont entrain d’être traités par les services compétents ». Le ministère dirigé par Dr Sidi Ould Salem a appelé les étudiants « à faire distinction entre politique et questions estudiantines ».

Le Président avait dit…

Par ailleurs, l’on se souvient que le Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz avait déclaré qu’il n’était pas « au courant de la suspension des bourses d’étudiants » mauritaniens. Il répondait à une question posée au cours de la conférence de presse organisée au palais présidentiel le 22 mars dernier. « L’Etat, poursuit le Président, a mis fin aux pratiques illégales dans l’attribution des bourses et par la même, offert d’avantage d’occasions de formation à l’intérieur du pays, à travers la multiplication des instituts et universités ». Cette déclaration du chef de l’exécutif avait suscité l’indignation de la communauté estudiantine et laissait présager que la « crise » allait se poursuivre.

Zone de turbulence


«On a tout tenté ». Cette affirmation est d’un étudiant basé en Constantine qui préfère garder l’anonymat. Selon lui, c’est après « avoir campé devant les locaux de l’ambassade mauritanienne en Algérie et écrit plusieurs communiqués qu’ils ont menacé d’aller en grève de faim ». C’est désormais chose faite. Dans une de ses dépêches, l’agence d’informations saharamedias rapportait que « onze étudiants mauritaniens en Algérie observent une grève de la faim ». A travers cette mesure radicale, les étudiants tentent de forcer la main à un ministère souvent accusé de « faire la sourde oreille ».

Nouvelles règles

Notons en outre que cette crise dite des bourses, touche également les étudiants de l’Université de Nouakchott. D’après un syndicaliste étudiant, « depuis que Sidi Ould Salem est ministre, la bourse des étudiants en troisième année a été coupée ». De nouvelles conditions telles que la limitation d’âge ont été mises en application et suppriment le droit « automatique » à l’obtention d’une bourse pour tout étudiant en 3e année, en Mauritanie. Là également, des sit-in, marches organisés et des communiqués avaient fusés de partout sans que la situation n’évolue.

Indignations

« Scandaleux, irresponsable, cruel, indigne…», tels sont les termes que l’on retrouve dans la pléthore de communiqués, condamnant la gestion des autorités mauritaniennes de « la crise des bourses ». En effet depuis le début, partis politiques et syndicats étudiants ont pris fait et cause pour le versement des bourses aux ayants droit.

Les syndicats mobilisés

Joint au téléphone, Habib Kane Secrétaire Général du SNEM a décris « une situation inacceptable » et rappelé que le rôle des syndicats « qui est de défendre les intérêts moraux et matériels des étudiants, est plus que jamais d’actualité ». Toujours au chapitre des réactions, le Front estudiantin pour la défense des droits et acquis qui estime que « les conditions de vie étaient déjà difficiles » affirme que « l’avenir des étudiants est désormais hypothéquée ».

Il était une fois…

En Mauritanie, chaque année académique vient avec son lot de problèmes. Il y a quatre ans, les étudiants revendiquaient le paiement d’un système de gestion intégré pour éviter les erreurs dans les bulletins, puis ce fut autour de la question du transport de paralyser l’université en 2015. Aujourd’hui, c’est la bourse qui cristallise l’attention et demain ce sera autre chose. Cette crise en milieu estudiantin n’est pas spécifique en Mauritanie. Les universités maliennes, tchadiennes ou encore nigériennes ont connu un début d’année mouvementée. Là encore, la gestion des autorités est décriée et vire souvent à « la répression ».

Amadou SY




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