14-11-2017 09:12 - Libération de Ould M’Khaïttir : La colère intempestive de la rue

L'Authentique - La libération, jeudi, du blogueur Mohamed Ould M’kheitir a provoqué au terme de la prière de vendredi, une forte secousse sismique à Nouakchott et dans plusieurs régions du pays où des dizaines de milliers de manifestants ont bravé les forces de l’ordre pour exprimer leur mécontentement face au verdict et exiger l’exécution immédiate de l’accusé.
La décision de libérer le blogueur Ould M’Khaïttir a fortement secoué les villes du pays où vendredi dernier, les manifestants se comptaient dans les rues, par dizaines de milliers. A Nouakchott, c’était comme l’apocalypse !
En effet la capitale a remporté de loin la palme de la plus intense protestation populaire ! Fortement mobilisés, les manifestants, regroupés aux environs de la mosquée saoudienne et encadrés par les troupes de la Nosra du Prophète (PSL) ont d’emblée investi les rues du centre-ville, après la prière du jour.
En face, la présence des forces de l’ordre était impressionnante : compagnies de police, brigades de la gendarmerie et de la garde nationale, groupement chargé de la sécurité routière…
Armés de grenades lacrymogènes et de matraques, et prenant position dans plus leurs véhicules, les éléments des forces de l’ordre étaient prêts à agir. A 15H 10 mn exactement, le ton fut donné.
Comme une troupe de fantassins en position d’attaque, les manifestants sortaient de partout et de nulle part, et commencèrent leur marche vers le Présidence de la République, brandissant pancartes et banderoles : « Exécution » « Justice à l’islam » « Au secours de notre prophète », « Condamnez le criminel à mort », "La potence, tout de suite » « Non à cette liberté"…
Mais la réaction des forces de l’ordre ne se fit pas attendre, avec des charges des plus vives et des plus violentes soutenues par des jets de grenades lacrymogènes et des coups de matraque, à tout bout de champ.
Toute l’après-midi durant sera marquée par de violents affrontements et des escarmouches aux abords de la mosquée saoudienne. Finalement débordées face à l’engagement des manifestants qui tenaient visiblement à crier leur colère devant les grilles de la Présidence, les forces de l’ordre vont replier, en attendant l’arrivée de renfort.
Manifestement, elles n’avaient pas mesuré l’ampleur de la réaction des manifestants.
Des fronts de résistance étaient simultanément ouverts dans d’autres sites névralgiques tel le Carrefour Madrid couvert d’une épaisse fumée dégagée de pneus brûlés, l’enceinte de l’ancien aéroport de Nouakchott envahi de jeunes, Toujounine surtout qui a enregistré de violentes prises entre la police et les activistes du mouvement Nosra.
Au kasr, ils étaient plusieurs centaines qui ont bravé l’interdit de regroupement, fonçant en direction du centre-ville pour apporter leur soutien. Ils en furent privés par des colonnes de la gendarmerie dressées sur leur chemin.
Alors que la colère était à son paroxysme et les accrochages de plus en plus violents dans différents quartiers de Nouakchott, des informations faisaient état de manifestations organisées dans nombre de ville du pays : Nouadhibou, Atar, Rosso, Boutilimitt, Kiffa, Aïoun…
Partout, le spectacle était le même, consacré par une forte fumée dégagée de pneus brûlés, des mouvements de foules, des interpellations mais surtout l’usage excessive de la force pour venir à bout des manifestants. Vers 19 Heures, les forces de l’ordre avaient réussi à canaliser toutes les rues obligeant les manifestants à quitter les rues.
Des leaders de la Nosra qui n’en démordaient pas, se replièrent dans les mosquées pour y organiser des prêches. Pendant tout le début de soirée, la ville de Nouakchott fut enveloppée dans une épaisse fumée que les services des sapeurs pompiers vont circonscrire.
Samedi, Nouakchott s’est réveillée dans le calme. Nombre de ses rues étaient noires, jonchées de pneus brûlés et d’arbustes en cendres. Très tôt, les forces de l’ordre avaient pris position, mettant un terme à tout embryon de regroupement. Des unités de la garde nationale étaient déployées au sud, la gendarmerie à l’est et la police au centre, tandis que les éléments du GGSR étaient postés en sentinelle devant tous les grands carrefours.
La journée durant, aucune manifestation n’a été signalée. En fait, les leaders de la Nosra avaient décidé de se rendre dans les mosquées et les lieux de prêche pour véhiculer la bonne parole. Manifestement, leur ardeur n’avait pas été ébranlée par la présence renforcée des forces de l’ordre. Le mot d’ordre de manifestation serait maintenu, pour vendredi prochain.
JOB