18-11-2017 22:30 - Les quatre péchés du Président Aziz
Adrar-Info - Le Président Aziz, un Président décidément « tout-terrain », a quatre défis à lever pour garantir une bonne fin de son deuxième mandat :
Le cas Biram.
Ce militant antiesclavagiste, devenu une célébrité nationale et surtout un grand support publicitaire pour toutes les « bonnes consciences » du monde ex-esclavagiste, a fait beaucoup de dégâts dans les structures sociales et étatiques de la Mauritanie.
Son premier grand pas, de géant aux pieds d’argile, a été de secouer la conscience de tous les Malékites de Mauritanie et ils sont nombreux, en brulant au grand jour ce qu’ils ont de plus sacré.
Il fallait le faire ! Ses actes d’éclat, ici et ailleurs, ont battu tous le records de dénigrement de l’une des plus importantes ethnies qui composent le tissu social du pays : les Bidhanes.
C’est d’ailleurs l’un des leitmotivs de son combat, et ça se comprend, dans la mesure où il considère que c’est cette ethnie qui pratique et nourrit l’esclavage en Mauritanie.
Ce faisant, il apporte un gros soutien, conscient ou pas, aux efforts de ceux qui se sont fixé comme but de détruire le reste de l’unité nationale du pays, qu’ils soient « chauvins » ou « étroits ».
Consciemment ou pas, il a également affaibli l’opposition démocratique, dont il se réclame (quand il s’en souvient) en lui « disputant » le rôle de leader dans la défense des liberté et des droits de l’homme, avec peu de chance de pouvoir le conquérir et le conserver.
De ce fait il renforce le pouvoir du Président Aziz, en lui servant de soupape de secours, dans les moments difficiles, en se présentant, entre autre, aux élections présidentielles, avec l’appui de l’UPR, ce qui donne plus de crédit aux résultats que le pouvoir déclare avoir obtenus, en l’absence de l’opposition démocratique, la vraie.
Quoi qu’il en soit, les électeurs fidèles de Aziz, n’oublient pas le mal que Biram leur fait en piétinant leurs socles culturels et idéologiques et attendent du pouvoir qu’il leur rende justice. Mais jusqu’à quand ?
Le cas Ould M’Kheïtir. Comme dans le cas de Biram, beaucoup de Mauritaniens, en majorité Bidhanes, ont été choqués par les écrits de ce jeune, à propos de la notion de justice sociale chez le prophète Mohamed (PSL) et la façon dont les Zawayas l’interprètent au détriment de certaines couches de notre société.
Ayant laissé à l’Etat, arbitre naturel, le devoir de rendre au prophète Mohamed (PSL) ce qui lui appartient,(respect et considération),suivant la justice d’Allah, la Chariaa, ces populations se retrouvent aujourd’hui entre une « Nosra » instrumentalisée, une justice qui fait ce que le pouvoir (pas le devoir) lui dicte de faire, une forte pression occidentale ayant son poids d’or, se retournent vers l’Etat et lui réclament des résultats.
Pour le moment ça s’est limité à des pressions de rue, mais, là encore, jusqu’à quand ?
Le cas du « G5Sahel ». Il n’est un secret pour personne que le Président Aziz a entrepris une politique de « flirt » avec les Jihadistes de la sous région, depuis que son ancien Chef, Maaouiya, lui a confié la mission de les neutraliser, au lendemain de Limghétty.
Aziz, en bon soldat, a commencé par se mettre, lui-même, à l’abri de ce danger. Il s’y est pris en deux étapes : écarter Maaouiya et trouver un terrain d’entente avec les fameux jihadistes qu’il considérait supérieurs à son armée, en termes de puissance de feu.
Plusieurs facteurs « naturels »,de proximité géographique et ethnique, notamment, ont favorisé cette approche très Mauritanienne qui veut que « Leyd l’ma tguid tegtaa houbha » (la main que tu ne peux couper, il faut l’embrasser).
Cette approche, tactique au départ, s’est avérée efficace et moins couteuse, pour les Jihadiste et pour la Mauritanie, sur le plan humain et matériel, s’est finalement incrustée dans la stratégie Azizienne de « lutte » contre le terrorisme.
L’une des dimensions de cet accort Aziz-Jihadistes, faisait que la Mauritanie devait rester neutre, face à l’intervention française au Mali et éviter toute action pouvant restreindre les actions Jihadistes chez son voisin Malien.
Le pouvoir Mauritanien ne pouvant « défendre et poursuivre une telle position politique sans l’approbation, si non l’appui, de ses populations, s’est trouvé « embarqué » dans un autre accord (tacite) entre lui et les fils des résistants Mauritaniens à la colonisation française, qui ne pouvaient pas permettre que leur pays se « remette » du côté de l’ancien colonisateur, pour « casser » leurs cousins de « Bilad El Bidhanes ».
C’est cette situation, qui aurait semble-t-il dicté à Aziz de prendre l’initiative de création du G5 Sahel, en prenant la précaution d’en exclure le Sénégal, berceau classique des tirailleurs, tout en devenant une locomotive de la lutte contre le terrorisme dans le Sahel et même ailleurs.
Lui demander de faire plus, surtout envoyer des Mauritaniens mourir pour la France, c’est lui demander de rompre une alliance qui constitue un des principaux soutiens de son régime. Là encore on peut se demander jusqu’à quand, les Présidents Keita, Macron et d’autres, fermeront les yeux ?
Le cas du Sénat. Se réveiller un bon matin, à Néma, et décider que le Sénat est de trop, seul le Président Aziz pouvait le faire.
Et il l’a fait ! Un Sénat élu, composé de fils (et de pères) de ce pays, symbolisant la « chambre des sages », apprend par la TVM qu’il venait d’être rayé des institutions du pays.
Seul Aziz pouvait prendre (illégalement) une telle décision ! Et il l’a fait. Prendre, de surcroit la décision de traiter tous les Sénateurs de Mauritanie, de droite (surtout) et de gauche, pour des corrompus et les soumettre aux affres des juges pour crimes économiques, en envoyant certains en prison, avant instruction, seul Aziz pouvait le faire.
Et il l’a fait. Les trois Sénateurs qui auront signé les plus belles pages de la résistance de notre Chambre haute, se sont découverts des méthodes originales et courageuses pour s’exprimer, à leur façon.
Ould Ghadda, qui fait de la prison son domicile, tant que la vérité n’est pas dite. Maalouma, qui met son Art et sa popularité politique au service du droit et de la justice. Ould Henenna, qui refuse de baisser les armes (une tradition familiale, parait-il), appelle le peuple à la résistance et maintient une structure du refus.
Seuls des Sénateurs patriotes pouvaient consentir de tels sacrifices. Et ils l’ont fait !
Le Président Aziz a, jusqu’à présent considéré la lutte des Sénateurs, comme perdue d’avance. Mais jusqu’à quand pourra-t-il défendre une telle position ?
Ahmed OULD MOHAMED